« L’Homme existe-t-il sans culture? » : l’art et ses défis abordés lors des Talk Series by Attitude

L'évènement tenu au House of Digital Art a réuni des acteurs majeurs du secteur de l'art et de la culture, qui ont évoqué les difficultés auxquelles ils sont confrontés à Maurice. Notamment s'agissant du financement de leurs projets et de l'obtention de permis.

Le secteur de l’art et de la culture comporte un poids économique et social conséquent qu’il convient d’entretenir. Une multitude de métiers gravitent autour de ce domaine, dont les impacts sur l’être demeurent non négligeables. Poussant à des questionnements comme : « L’Homme existe-t-il sans culture? »

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Malgré la dimension de cette industrie, par manque de soutien, les acteurs qui la font vivre s’exercent sur des cordes raides : qu’importe le projet imaginé, le financement de celui-ci demeure périlleux.

Ce sont en somme les conclusions de la 5e édition des Talk Series organisée par le groupe Attitude hier au House of Digital Art (HoDA), à Edith, Port-Louis, qui a mis en avant artistes et porteurs de projets conséquents.

Une soirée pour évoquer les défis qu’affrontent les acteurs de l’art et de la culture de l’île, sous la férule du groupe hôtelier qui affirme axer un pan de sa stratégie sur le « tourisme culturel », ont relevé Juliette Deloustal et Esther Amsallem, des groupes Attitude, en ouverture des deux tables rondes.

« La culture permet de nous rendre compte de la richesse et de la diversité de l’humain », a expliqué l’anthropologue Daniella Bastien, participant au premier atelier. A ses côtés sur la scène dressée au sein de l’espace immersif – l’aménagement ayant requis le retrait d’un des murs pour y accomoder le public – Astrid Dalais (Move for Art), Ashish Beesoondial (Caudan Arts Centre) et Jon Rabaud (Film Director).

Le challenge de l’inclusion.

Modérée par Marie-Noëlle Elissac-Foy (The Talent Factory), cette discussion a levé le voile sur les difficultés auxquelles font face les emplacements où prennent vie des projets. Astrid Dalais a indiqué que HoDA, depuis son ouverture il y a deux mois, a accueilli « 20 000 visiteurs » de différents horizons.

Les intervenants devaient toutefois être interpellés par une membre du public, questionnant le fait que ce soit toujours les mêmes visages qui se retrouvent lors de tels évènements. Une interrogation qui a occasionné un moment de silence parmi la salle.

De gauche à droite : Astrid Dalais, Daniella Bastien, Ashish Beesoondial, Jon Rabaud.

Astrid Dalais a concédé que c’était un « vrai challenge de faire le public se déplacer », soulignant cependant que « TikTok marche très bien », des vidéos des oeuvres bluffantes de HoDA y ayant largement circulé.

De son côté, Daniella Bastien a expliqué qu’il y aurait un « complexe » chez certains à « pénétrer des lieux » jugés trop prestigieux pour leur personne, notamment pour des raisons financières. Il s’agirait de « freins mentaux » qui démotiveraient certains publics.

Questionné à cet effet, Ashish Beesoondial a abordé la problématique d’obtention de financement auprès de Corporate. « Nous avons beaucoup cherché la réponse pendant cinq ans », a souligné le Theatre Manager du centre d’arts de la capitale.

Le développement de « plusieurs modèles de sponsoring » au fil des années mène à penser que les compagnies, désormais, ne se contentent plus que de l’affichage de leur logo lors d’évènements. Dorénavant, a-t-il ajouté, « les Corporates veulent offrir des évènements à leurs clients ». Aspect qui constitue un moyen de rendement monétaire conséquent.

Est-ce permis ou non?

Le deuxième tableau a accueilli les organisateurs de festivals nommément Victor Genestar (La Isla Social Club), Gavin Poonoosamy (Mama Jaz), Jimmy Veerapin (Underground Rock Festival et One Live Music Festival). Ainsi que le Réunionnais Thomas Bordese (Electropicales).

Face aux restrictions et annulations récentes imposées aux organisateurs d’évènements, Victor Genestar a fait part du flou qui pend autour de la tenue de la prochaine édition de La Isla 2068. En mai, à quelques heures de l’ouverture de l’évènement, il s’était vu refuser – pour la première fois – le permis de vente d’alcool pour des raisons inconnues. Ce qui constitue un manque à gagner important dans les recettes de ce festival annuel.

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Plusieurs questions ont été mises de l’avant par Victor Genestar : Se retrouvera-t-il de nouveau sans permis l’année prochaine? Fera-t-il face, cette fois, à une annulation pure et simple?

Soit le même sort qu’a connu Jimmy Veerapin en mai, avec le Maytal, annulé à quelques minutes de l’ouverture suite à une intervention policière, pour des raisons encore floues. Alors que deux groupes réunionnais – Lomor et Warfield – se trouvaient déjà au Café du Vieux Conseil, lieu où se serait tenu le concert.

De gauche à droite : Victor Genestar, Gavin Poonoosamy, Thomas Bordese et Jimmy Veerapin

Pour l’organisation de l’Underground Rock Festival cette année – qui adoptait une dimension régionale avec une résonance internationale – Culture Events & Production « n’a pas eu de soutien », a précisé Jimmy Veerapin. Il a toutefois remercié « le public » qui a répondu présent pour assister aux performances des groupes d’Israël, de France, de la Réunion à ce week-end de rock dans la capitale.

Réseaux de l’océan Indien.

Gavin Poonoosamy a détaillé le rayonnement dont bénéficie Mama Jaz dans l’océan Indien et à travers le monde. Notamment sur les plateformes numériques vers lesquelles l’organisation s’est davantage tournée en période de Covid-19, pour un rendu mesuré par centaine de milliers de vues à travers le globe.

Pour 2023, des artistes de la Pologne, de La Réunion, du Mexique, de la Corée du Sud, entre autres, s’étaient présentés dans le cadre de cette huitième édition, qui a également mis en valeur de prometteurs talents de l’île Maurice.

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Cultiver la rareté. En présentant cet état d’âme, Thomas Bordese a mis en perspective l’esprit des Electropicales, festival d’électro tenu annuellement à La Réunion. Bien que ce soit un « festival de niche », a soutenu le Réunionnais, celui-ci célèbre cette année ses 15 ans d’existence.

Thomas Bordese a également défendu l’idée d’un réseau de festivals dans le bassin indocéanique, en vue d’amortir et de faciliter le déplacement des artistes venant de l’extérieur. Dont la venue dans les évènements des états insulaires comporte un coût important.

Pour cette Talk Series by Attitude qui affichait complet, plusieurs autres figures importantes de l’industrie de l’art et de la culture étaient présentes parmi le public, dont des représentants de l’Institut français de Maurice, des éléments de Babani, des ingénieurs sons et lumières, des gens du théâtre, des musiciens et chanteurs, des auteurs, romanciers et journalistes spécialisés.

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