• Les auteures Emmanuelle Schaedele-Giroire et la franco-mauricienne Valérie Assirvaden recherchent des bienfaiteurs mauriciens
Le cancer peut frapper à tout âge. Des hommes et des femmes en pleine force de l’âge. Des pères et mères de famille peuvent se voir confrontés au terrible diagnostic. D’un seul coup, la vie de toute la famille bascule, même si, aujourd’hui, de plus en plus de cancers sont traités avec succès. Le fait est que le cancer fait peur. Et le diagnostic de cette maladie chez un parent a aussi des répercussions chez les enfants. Dès lors, parce que le cancer est craint, parce qu’il est tabou, en parler devient difficile. Surtout lorsqu’il s’agit d’aborder le sujet avec les enfants avec lesquels il faut trouver les mots justes, les images rassurantes… Comment leur dire que papa ou maman est malade ?
À l’angoisse liée à la maladie, s’ajoute pour les parents malades celle de protéger au mieux leurs enfants. La crainte de les traumatiser et le désir de les préserver les conduisent, souvent, à se taire et à tenir les enfants à l’écart. Or, il est important d’ouvrir le dialogue. Un réel défi pour les familles concernées. Pour les aider à traverser ce cap, il existe certains bouquins. Dont celui co-édité en juin dernier, Les Mots de maman face au cancer par Valérie Assirvaden, Française d’origine mauricienne avec son amie d’enfance, l’écrivaine Emmanuelle Schaedele-Giroire.
Accompagner les petits et grands dans des moments difficiles de la vie
Passionnée par le monde de l’art depuis toujours, Valérie Assirvaden a suivi sa formation aux Beaux-Arts de Milan en Italie. L’artiste illustratrice franco-mauricienne, qui adore les couleurs et la nature, aime transmettre et donner les clés à ses élèves pour accéder à un bien-être, à une forme d’expression plastique. Illustrer cette collection relève d’une volonté ancrée, celle d’accompagner les petits et grands dans des moments difficiles de la vie, explique l’enseignante. En effet, avec leur livre Les Mots de maman face au cancer, les deux auteures souhaitent venir en aide à des familles, des mamans, des enfants, pour soulager les familles en les aidant à ouvrir le dialogue et à échanger autour de la maladie avec leurs enfants.
Raison pour laquelle Valérie Assirvaden, qui était de passage à Maurice récemment, a engagé quelques pourparlers avec des entreprises locales, en vue de trouver des mécènes qui pourraient soutenir son projet de mettre son bouquin à portée des familles mauriciennes. Une idée qui la taraude depuis les premiers instants de la création de cet œuvre dans laquelle la professeure d’Arts, 40 ans, impliquée dans diverses activités sociales à Reims où elle vit, a peint des images pour illustrer la trame et rendre plus accessibles encore les implications du cancer au sein d’une famille.
Trouver les mots pour que ce soit doux et poétique
Jointe au téléphone, elle explique qu’elle même a été récemment touchée par une proche qui est atteinte du cancer. Parallèlement, avec son amie Emmanuelle Schaedele-Giroire, elles ont aussi appris pour le cancer d’une collègue. L’idée de lancer une collection pour enfants, afin d’aborder des sujets difficiles comme le deuil ou la maladie, était déjà présente chez Emmanuelle Schaedele-Giroire. Avec la maladie de son amie qui devait trouver les mots pour en parler à sa fille de 4 ans, est parti le déclic de mettre en histoire le cancer. Démarre, alors, pour les deux auteures une série de consultations et de rencontres, avec des médecins oncologues, des psychologues, afin de trouver les mots pour que ce qui sera écrit soit doux et poétique. “Le challenge de ce livre était de dire les choses avec douceur”, insiste Valérie Assirvaden, faisant ressortir qu’au fur et à mesure que son amie écrivait, elle élaborait de son côté les illustrations de ce bouquin, qui à la fois convient à un enfant de 6 ans, ainsi que pour les plus petits, grâce aux dessins qui en disent long.
L’histoire d’une petite fille qui n’a pas de nom pour que chaque enfant puisse se reconnaître
“Par un beau dimanche matin ensoleillé, sous la grande treille de glycine, nous nous sommes installés. Papa et maman avaient quelque chose à m’annoncer. « Je voudrais te dire… », a commencé maman.” L’histoire d’une petite fille qui apprendra, au fil de ce bouquin, que sa maman est malade et les risques qui y sont associés. “Au fil des pages, nous partageons le quotidien d’une petite fille et de sa famille, dans le bonheur puis dans l’épreuve. De l’insouciance d’une danse dans le salon à l’annonce de la maladie jusqu’à la rémission, nous suivons les étapes du cancer au fil des saisons. Les mots sont choisis, illustrés avec délicatesse. Ainsi, les parents sont libres d’appuyer sur les termes qu’ils souhaitent évoquer ou non. Notre récit a été validé par une psychologue et un oncologue. Ils nous ont aidées à trouver le ton juste et les bons termes”, poursuit Valérie Assirvaden.
Les Mots de maman face au cancer, c’est ainsi l’histoire – à travers une quarantine de pages agrémentés de grandes et belles images – d’une petite fille qui n’a pas de nom, qui raconte sa vie, précise Valérie Assirvaden, “justement pour que chaque enfant puisse se reconnaître et se dire que lui aussi, il n’est pas seul face à cette situation qui peut toucher toutes les familles”.
Faire profiter les familles et enfants de Maurice de cet ouvrage
Imprimé à 500 exemplaires pour démarrer, ce livre est en vente en ligne ainsi qu’en librairie. Une partie des bénéfices du livre, vendu au prix de 14,90 €, sera reversée à l’association Tout le monde contre le cancer. Aujourd’hui, Valérie Assirvaden et son amie Emmanuelle Schaedele-Giroire souhaitent toucher le plus grand nombre de personnes qui pourraient être accompagné par ce livre. “La maladie nous a tous un jour malheureusement touché de près ou de loin. C’est aujourd’hui notre manière à mon amie écrivaine et moi d’aider, avec nos moyens, les petits et grands qui, dans la souffrance, ne trouvent pas les mots. Et pouvoir faire profiter les familles et enfants de Maurice de cet ouvrage qui nous le pensons, est un soutien efficace, serait un honneur car je sais combien les soins supports et psychologiques ne sont pas encore développés dans le milieu hospitalier ici”, dit-elle.
Dans cette optique, elle recherche des mécènes sur Maurice, des grandes entreprises prêtes à offrir ce livre aux familles malades pour les aider à dialoguer, comprendre la maladie sans en avoir peur. “Engageons-nous pour une cause importante. Un petit pas pour vous, un immense pas pour nous, un pas de géant pour les parents et les enfants !”, demande la franco-mauricienne qui espère que son appel sera très vite entendu et soutenu par les Mauriciens pour permettre aux enfants d’ici d’appréhender cette maladie et d’amorcer le dialogue dans les familles. Pour qu’elles ne soient pas dans le silence.