Karla Michelle, personne transgenre : le combat pour l’identité

« Kan zot leve gramatin kontan zot avan tou ». Être transgenre à Maurice, c’est un combat de longue haleine, explique Karla Michelle, personne transgenre. Pour elle, une étape a été franchie avec la reconnaissance par l’Etat d’une partie de sa nouvelle identité.

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En effet, elle a pu obtenir un changement de nom sur ses documents officiels. Sa demande a été approuvée par l’Attorney General et l’Etat civil.

La trentenaire en a toutefois conscience : pour la reconnaissance de son identité dans son ensemble, la route est encore longue, parsemée de multitudes d’obstacles. Mais elle vaut vraiment la peine d’être choisie, estime-t-elle.

« Depuis mon enfance, je me suis toujours sentie différente », confie-t-elle. Car être une personne transgenre, c’est aussi vivre avec un décalage entre le corps et l’identité, souligne-t-elle.

Réassignation sexuelle.

Au début des années 2010, elle a ainsi commencé sa transition par l’injection d’hormones, suivie des interventions en Thaïlande ainsi qu’au Brésil, menant à sa réassignation sexuelle.

En 2018, elle décide de faire une demande officielle de changement de nom auprès des autorités. Dans un premier temps, la réponse est négative suite une objection à son changement d’identité. « J’étais découragée. Me mo’nn dir mo bizin kapav. J’ai une tête dure », lance-t-elle.

Karla Michelle refait une demande pour le changement. Plusieurs policiers défileront chez elle et l’interrogeront sur sa prise d’hormones, de même que sur son intervention de réassignation sexuelle.

En août 2020, elle reçoit un courrier du bureau de l’Attorney General qui l’informe que sa demande a été acceptée et que l’Etat civil apportera les changements nécessaires sur ses documents officiels.

« Ce n’est vraiment pas facile, surtout au niveau de la famille et de l’entourage, même avec ma maman. Mais aujourd’hui, je vis pleinement ma vie. Je demande aussi aux parents d’accepter leurs enfants dans le respect », encourage-t-elle.

Karla Michelle est consciente que, pour beaucoup, cette transition semble impossible. Membre du conseil d’administration de l’association VISA G qui milite pour les personnes trans, et à la Young Queer Alliance, Karla déplore le fait que l’administration mauricienne continue à nier à ses citoyens transgenres le droit à un changement de marqueur du genre (sex/gender marker).

Nombreux se retrouvent ainsi obliger à rechercher un droit de séjour à l’étranger avec tous les risques que cela comporte, tel que celui de ne pas obtenir de renouvellement de leur titre de séjour et d’être renvoyé dans leur pays d’origine.

« Certaines cliniques sont Trans Gender. Dans nos hôpitaux, nous disposons des traitements d’hormones. Alors qu’est-ce que les autorités attendent pour changer nos lois ? », questionne-t-elle.

De nature fonceuse, Karla Michelle a fait honneur au pays à plusieurs reprises. Elle a au compteur pas moins de 11 concours de beauté pour personnes transgenres à Maurice comme à l’international.

Sa dernière participation à un concours international remonte à 2021, où elle a été parmi le Top 5 des Miss Trans Global et a également été élue Miss Web Monde 2022. « A Maurice, notre combat prend du temps, mais il avance », constate-t-elle.

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