De la messagerie à la photographie, en passant par les réseaux sociaux, nos smartphones, devenus des outils omniprésents, dominent nos vies. Et pas que pour les facilités qu’ils offrent… L’ère numérique a révolutionné nos vies, et avec elle est née une nouvelle forme de divertissement : celle aux jeux sur smartphones. Avec plus de 2,7 milliards de joueurs à travers le monde, les jeux vidéo mobiles représentent aujourd’hui un phénomène culturel majeur. Les options des jeux sur smartphone se sont particulièrement popularisés, offrant une échappatoire séduisante pour ceux qui cherchent à s’occuper. Selon une étude réalisée par l’institut de recherche Newzoo, 63% des adultes s’adonnent régulièrement aux jeux vidéo. Derrière cette apparente légèreté, se cache une problématique de plus en plus préoccupante : le risque d’addiction.
De Candy Crush à Among Us, ces plateformes ludiques sont à portée de main et deviennent le premier réflexe lorsque l’on a quelques minutes à perdre. Mais ce passe-temps apparemment inoffensif peut devenir une dépendance sévère.
Et oui, comme toute addiction, celle aux jeux sur smartphones n’est pas anodine. À l’instar des jeux d’argent ou des réseaux sociaux, les jeux mobiles exploitent des mécanismes psychologiques profonds, conduisant des millions de personnes à une consommation excessive. Elle s’explique par des mécanismes psychologiques et neurologiques bien identifiés. Le jeu active le système de récompense du cerveau, libérant de la dopamine, une hormone liée au plaisir. Cette libération répétée de dopamine incite les joueurs à chercher encore et encore cette sensation gratifiante, créant ainsi un cercle vicieux.
Si bien que l’industrie des jeux sur mobile est devenue une part colossale du marché mondial des jeux vidéo. Rien qu’en 2023, les jeux sur smartphones ont généré près de 100 milliards de dollars de revenus, soit près de 50 % des recettes globales du secteur. Ce succès est alimenté par des jeux dits « free-to-play », gratuits au téléchargement mais comportant des achats intégrés. Ce modèle économique incite à des microtransactions répétées, créant même une dépendance financière et comportementale chez certains joueurs.
L’attrait des jeux
L’attrait principal de ces jeux réside dans leur accessibilité. En effet, ils ne nécessitent ni installation complexe ni compétences particulières. En quelques clics, l’utilisateur peut plonger dans un univers coloré, se mesurer à ses amis, et s’évader de la monotonie quotidienne. Ce phénomène est particulièrement visible avec Candy Crush, qui compte plus de 270 millions d’utilisateurs dans le monde. Les concepteurs de jeux utilisent des algorithmes puissants pour capter et maintenir l’attention des joueurs. Ces jeux, souvent simples d’accès, utilisent des éléments de gamification – récompenses immédiates, gratification instantanée, objectifs toujours à portée de main – pour provoquer un sentiment d’accomplissement chez l’utilisateur. L’enjeu est d’encourager une interaction continue avec le jeu, faisant en sorte que le joueur y revienne quotidiennement, voire plusieurs fois par jour.
Mécanismes psychologiques et neurologiques
De plus, les jeux sur smartphone exploitent la « boucle d’intermittence », un concept emprunté à la psychologie comportementale. Ce mécanisme repose sur la distribution aléatoire de récompenses : parfois, le joueur est récompensé pour ses efforts, parfois non. Cette incertitude maintient l’excitation et pousse à répéter le comportement, dans l’espoir de recevoir une récompense la prochaine fois. Un procédé similaire est utilisé dans les jeux de hasard.
Le mécanisme de l’addiction repose sur un équilibre fragile : l’attrait du jeu est souvent lié à la recherche de plaisir et à l’évasion. Les chercheurs soulignent que les joueurs qui s’adonnent à ces jeux par ennui se retrouvent plus immergés dans le jeu, ce qui les mène à des sessions de jeu de plus en plus longues. Michael Dixon, chercher canadien, alerte sur le fait que même si le jeu peut permettre d’améliorer l’humeur temporairement, il crée également un besoin pressant de continuer à jouer. À long terme, cela peut conduire à une diminution du temps consacré à des activités jugées plus saines et enrichissantes.
Les jeunes sont particulièrement vulnérables à cette addiction, notamment parce qu’ils ont grandi dans un environnement numérique où les smartphones sont omniprésents. Selon une étude réalisée en 2022 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), près de 30 % des jeunes de 12 à 18 ans présentent des signes d’addiction aux jeux vidéo, dont une majorité via les smartphones. Ces chiffres alarmants témoignent de l’ampleur du problème. Si les jeunes sont naturellement plus susceptibles de développer une dépendance à ces jeux pour plusieurs raisons, c’est tout d’abord parce que leur cerveau est en plein développement, ce qui les rend plus sensibles aux stimuli de récompense. Ensuite, ils passent de plus en plus de temps connectés, réduisant leur exposition à des activités extérieures et physiques. Une étude de l’Université de Glasgow a montré que les adolescents passent en moyenne 3,5 heures par jour sur leur smartphone, dont près de la moitié à jouer.
Cependant, les adultes ne sont pas en reste. Tuer le temps dans les transports en commun, patienter avant un rendez-vous ou s’occuper pendant une pause : il y a mille et une raisons de jouer à des jeux sur smartphone. En jouant pour rompre l’ennui, le risque est d’y passer de plus en plus de temps jusqu’à développer une addiction.
60 % des adultes admettent jouer quotidiennement à des jeux
En Asie, particulièrement en Chine et en Corée du Sud, l’addiction aux jeux sur smartphones a atteint des proportions épidémiques. En Chine, le gouvernement a instauré en 2021 des réglementations sévères pour limiter le temps de jeu des jeunes à 3 heures par semaine, face aux effets dévastateurs de cette dépendance sur la santé mentale et la performance scolaire des enfants. En Corée du Sud, des cliniques spécialisées dans le traitement de l’addiction au jeu ont vu le jour pour venir en aide aux jeunes pris au piège. En Europe et aux États-Unis, si la législation reste encore laxiste, des études démontrent une hausse significative des cas d’addiction aux jeux vidéo mobiles. Selon une enquête menée en 2022 par l’American Psychological Association, près de 60 % des adultes admettent jouer quotidiennement à des jeux sur leur smartphone, dont 10 % avouent une utilisation excessive.
Les signes avant-coureurs d’une addiction
L’addiction aux jeux sur smartphones ne se manifeste pas toujours de manière évidente. Cependant, certains signes permettent d’identifier une consommation problématique :
1. L’isolement social : Les joueurs passent de plus en plus de temps dans le jeu au détriment de leurs relations familiales, amicales ou professionnelles.
2. La perte de contrôle : L’incapacité de réduire ou de contrôler le temps passé à jouer malgré les tentatives répétées.
3. L’irritabilité et l’anxiété : Ces émotions surviennent lorsque l’accès au jeu est restreint ou coupé.
4. L’impact sur la vie quotidienne : Le jeu devient une priorité, causant un déséquilibre dans les autres domaines de la vie (travail, études, activités physiques, sommeil).
Les répercussions sur la santé mentale et physique
Les jeux sur smartphones ne sont pas sans conséquence. En dehors de l’isolement social, l’addiction à ces jeux peut entraîner de graves répercussions sur la santé mentale et physique des joueurs.
Impact psychologique
L’addiction aux jeux sur smartphone est souvent associée à des troubles tels que l’anxiété, la dépression, et une baisse de l’estime de soi. Les joueurs qui passent plusieurs heures par jour devant leurs écrans peuvent se couper du monde réel, ce qui accentue leurs sentiments de solitude et de détresse émotionnelle.
L’addiction peut également engendrer un sentiment de frustration et d’impuissance. Les joueurs qui échouent à atteindre leurs objectifs dans le jeu peuvent développer des émotions négatives, comme la colère ou le découragement. À long terme, cela peut affecter leur bien-être mental.
Les risques physiques
Sur le plan physique, les effets de l’addiction aux jeux mobiles sont tout aussi préoccupants. Le temps passé assis, souvent dans une mauvaise posture, peut entraîner des douleurs chroniques au niveau du dos, du cou ou des poignets. L’utilisation prolongée des écrans affecte également la vue, provoquant des troubles visuels, des maux de tête et de la fatigue oculaire.
Les jeunes, particulièrement touchés, sont plus susceptibles de développer un mode de vie sédentaire en raison du temps passé sur leur smartphone. Cela peut conduire à une prise de poids, à des problèmes cardiovasculaires, et à un affaiblissement du système immunitaire.
Le jeu empêche de vivre une existence normale
On peut parler d’addiction quand la personne joue en dépit des répercussions néfastes sur elle-même et sur son entourage : elle oublie de manger, ne dort plus, n’a plus de vie sociale, ne sort plus, dépense sans compter pour ses parties de jeux, etc. C’est précisément dans ces cas que la perte de contrôle peut être totale : le jeu empêche de vivre une existence normale.
C’est un phénomène qu’il ne faut pas, comme c’est le cas trop souvent, minimiser en pensant qu’un adulte est apte à s’autoréguler. En effet, c’est souvent machinalement que l’on se retrouve à jouer beaucoup. On commence pour passer le temps en attendant le bus et, peu à peu, cela devient comme un réflexe : à peine arrivé à l’arrêt du bus, on dégaine son téléphone pour une partie. Il suffit parfois de casser cette habitude prise sans que l’on s’en rende compte pour retrouver le plaisir de rêver ou de lire. Ces jeux sont souvent utilisés pour meubler les petits temps morts de la journée, comme les moments passés dans les transports ou dans les toilettes. Or, ces temps d’inactivité, de calme, de silence, voire d’ennui, sont utiles pour notre équilibre à tous : ils permettent au cerveau de “se reposer”, de rêvasser, de repenser aux événements survenus dans la journée afin de mieux les comprendre ou de prendre du recul !
Prévention et solutions
Avec une accessibilité sans précédent, les jeux sur smartphone ont transformé nos moments d’ennui en sessions de divertissement. Cependant, il est crucial de faire preuve de modération. Pour éviter de basculer dans une dépendance, la prise de conscience et l’autodiscipline restent les meilleures armes face à ces tentations numériques. Voici quelques conseils pour éviter de tomber dans l’addiction :
•Fixer des limites de temps : Utiliser des applications de gestion du temps pour limiter la durée passée à jouer.
•Rechercher des alternatives : S’engager dans des activités physiques ou sociales pour diminuer le temps passé devant l’écran.
•Éviter les achats in-app : Résister à la tentation d’acheter des objets virtuels pour progresser plus rapidement dans le jeu.
•Demander de l’aide : Si l’addiction devient un problème majeur, consulter un spécialiste de la santé mentale peut s’avérer nécessaire.
Les manifestations d’une addiction aux jeux chez l’adulte
Symptômes comportementaux
•Perte de contrôle, de repères du temps passé devant l’écran
•Incapacité à s’arrêter
•Sentiment d’euphorie, de bien-être, de soulagement pendant le jeu
•Déni du temps passé à jouer
•Dissimulation afin de pouvoir jouer
•Sentiment de culpabilité et/ou de honte face au jeu
•Pensées obsédantes sur le jeu
•Sentiment de vide, de déprime, quand il ne peut jouer
•Agressivité, violence si l’on empêche de jouer
•Problèmes relationnels et fuite des relations du fait de passer beaucoup de temps seul à jouer
Symptômes physiologiques
•Perte de sommeil
•Perte d’appétit
•Maux de tête
•Sécheresse des yeux
•Fatigue
•Problèmes de concentration
•Troubles de la mémoire
•Anxiété
Conséquences à terme d’une addiction aux écrans chez l’adulte
•L’isolement social et affectif
•Les difficultés familiales ou conjugales
•Les difficultés professionnelles
•La déprime et la dépression