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« Il reste encore demain », le film féministe phénomène qui a battu « Barbie » en Italie

Plus qu’un film, un phénomène de société. « Il reste encore demain » a connu un succès immense en Italie, dépassant même « Barbie », où il a relancé le débat sur les violences conjugales.Montré dans de nombreuses écoles, qui ont organisé des débats, le film a eu les honneurs d’une projection lundi à la Chambre des députés italienne, avant la Journée internationale des droits des femmes, ce vendredi 8 mars.Le film a rencontré un écho tout particulier dans ce pays en grande majorité catholique, où les stéréotypes de genre sont très ancrés et la violence contre les femmes très présente. Selon un rapport gouvernemental de juillet 2021, « dans certaines régions, jusqu’à 50% des hommes estiment que la violence est acceptable dans le cadre de relations ».
D’une durée de deux heures, tourné en noir et blanc, ce drame historique, qui sort mercredi en France, a démenti toutes les prédictions en réunissant près de 4,4 millions de spectateurs en Italie en 2023, devenant le film le plus vu de l’année.
Sa réalisatrice, Paola Cortellesi, un visage familier de la télévision et du cinéma dans la péninsule, y tient le premier rôle, celui de Delia, une femme au foyer romaine soumise à un mari brutal et autoritaire, Ivano (Valerio Mastandrea), qui n’hésite pas à la battre.

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La famille peine à joindre les deux bouts, dans l’Italie de l’immédiat après-guerre, alors que le pays fait partie du camp des vaincus et tente de tourner les pages sombres du fascisme qui l’a laissé en ruines.

– Ode à l’émancipation –

 

Tandis que les femmes italiennes rêvent d’obtenir enfin le droit de vote, Delia reste recluse entre les quatre murs de son foyer, où elle jongle entre les exigences de son beau-père, qui ne quitte plus son lit mais tyrannise la maisonnée, et ses trois enfants, deux petits garçons qui jouent déjà les fort-à-bras et sa fille Marcella.

Quand le fils d’un bourgeois du quartier demande la main de Marcella, Delia devrait être comblée : elle a consacré sa vie à l’espoir que sa fille fasse un « bon mariage ». Osera-t-elle briser le sort qui, de génération en génération, asservit les femmes à leur mari violent ?

Chez les hommes, la violence est « un type d’éducation qui se transmet de génération en génération. On peut se dire que chaque sujet a son libre arbitre mais, à l’époque, l’éducation était très prégnante », souligne Paola Cortellesi dans une interview à l’AFP.

« Et ça se transmettait aussi du côté des femmes, qui étaient éduquées avec l’idée qu’elles ne valaient rien », déplore-t-elle.

Et, souligne-t-elle, « c’est une culture qui est encore transmise, qui reste vivante, malheureusement », « il y a encore des féminicides, des violences, y compris chez des jeunes ».

Entre néo-réalisme et comédie à l’italienne, cette ode à l’émancipation entretient le suspense jusqu’à un dénouement surprenant, tout en évitant l’écueil de la leçon de morale.

« Je voulais raconter l’histoire d’une femme qui n’est pas mue par des désirs » d’émancipation, rembobine la réalisatrice. « Sa prise de conscience, ce n’est pas un voyage politique mais c’est quelque chose d’instinctif. Elle se rend compte que le schéma patriarcal va se répéter, que sa fille va tomber dans le même piège qu’elle ».

Pourquoi un tel succès ? « C’est inattendu. Clairement, les producteurs ce sont dit que ça allait être difficile mais ils y ont cru », raconte Paola Cortellesi, dont c’est le tout premier film de réalisatrice et scénariste.

« Je voulais faire un film populaire, donc je suis contente, mais je crois qu’il n’y a pas vraiment de règle pour le succès ». Au fond, « Il reste encore demain » est une histoire d’amour « mais pas classique: l’histoire de l’amour d’une mère pour sa fille », analyse la réalisatrice.

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© Agence France-Presse

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