Un quotidien du mardi 3 janvier dernier faisait état d’une déclaration d’un leader politique Rodriguais à l’effet que c’est par hasard que Rodrigues fait partie de l’Etat mauricien. Cette déclaration mérite un rappel sur le passé colonial de l’île Rodrigues, ne serait-ce que pour rétablir les faits.
Pour rappel, malgré leurs situations géographiques dans le Sud-Ouest de l’océan Indien, selon le professeur Claude Vanquet, historien de l’université Aix-Marseille, Maurice, la Réunion et Rodrigues sont les îles les plus tardivement peuplées au monde. En effet, il faut attendre la découverte du Nouveau Monde et le passage de la route du Cap par Vasco de Gama et Bartolomeo Diaz en 1497 pour que ces îles soient mises sur la mappemonde. Le Navigateur portugais Albert Cantino fait état en 1502 d’une carte arabe où les îles en question apparaissent au nom de Dina Moraze, Dina Mograbine et Dina Arobi. D’abord, si Arabe et Portugais ont visité Rodrigues, ils n’ont laissé aucune trace de leur présence dans l’île. Au mieux, on pourrait dire que les Portugais ont laissé grandir des animaux, tels que des singes et des porcs, pour leur alimentation lors de futures escales. Seule l’île de la Réunion porte le nom de Santa Appollina, ce qui laisse présager, selon le calendrier liturgique, que cette île fut découverte un certain 9 février, sans mention toutefois de l’année.
En ce début du 16e siècle, les Portugais ont une avance comme navigateurs : grâce à leurs caravelles, ils peuvent dorénavant parcourir les océans. Notre archipel porte d’ailleurs le nom d’un de leurs navigateurs, Pedro Mascarenhas, alors que l’île Rodrigues porte le nom d’un autre navigateur lusitanien, Diego Rodriguez.
Cependant, dans l’histoire connue, ce sont les Hollandais qui, en 1601, auraient foulé en premier le sol rodriguais quand l’équipage du Wachter, commandé par l’amiral hollandais Wolphart Harmansen, accosta l’île par le biais de trois chaloupes. Dès lors, Hollandais, Français et Anglais se succèderont sur l’île, le temps d’une escale pour prendre des « rafraichissements », entendez des tortues. Le plus long séjour dans l’île est attribué aux membres de l’équipage du navire hollandais le Berckhout qui y passa trois mois.
Mais antérieurement, ce sont les Français qui auraient pris l’initiative d’annexer Rodrigues au nom de Louis XIII en 1642 au Royaume de France. Rodrigues restera toutefois un no man’s land pendant quasiment un demi-siècle quand, en 1691, un groupe de huguenots dirigé par François Léguât décide de fonder une colonie dans l’île paradisiaque de Rodrigues loin des persécutions dont subissaient les protestants français après la révocation de l’Edit de Nantes en 18 octobre 1685.
Selon un plan bien établi, la bande à Léguât devait être rejointe par d’autres compagnons, mais il n’en fut rien. Au terme de deux années insupportables, Francois Léguât et six de ses compagnons — un d’être eux étant mort — décident de regagner Maurice à bord d’un rafiot.
HISTOIRE : Maurice et Rodrigues, un même destin forgé par le colonialisme
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