Résidences, ateliers, conférences : l’association pARTage a, le mardi 21 novembre, accueilli à l’Hôtel Hilton International, Flic-En-Flac, artistes, universitaires, étudiants et autres amoureux de l’art pour une conférence sur le thème Artivism ou l’art comme outil de résistance. Cet événement s’inscrit dans le cadre des 20 ans du regroupement artistique pARTage et sa volonté d’organiser une série d’activités pour penser les changements climatiques et réfléchir sur les modes d’action. Les manifestations culmineront en une exposition éphémère à ciel ouvert, les 2 et 3 décembre.
La conférence autour du Global Warming a vu des intervenants sur l’artivisme, issus de divers horizons (artistes et professionnels dans le domaine de l’écologie), qui ont discuté « de la façon de s’engager à travers la création artistique » et de créer des ponts entre l’univers artistique et l’univers entrepreneurial pour soutenir le développement de projets culturels et repenser les méthodes de travail. Tous semblent dire que l’art est un moyen formidable pour mobiliser les gens et leur permettre de s’exprimer en matière de transition écologique.
Krishna Luchoomun, fondateur de pARTage et plasticien, a voulu créer un débat citoyen sur le réchauffement climatique et l’engagement des artistes sur cette question. « Artivisme, c’est utiliser l’art de manière activiste, construire des récits, des projets pour initier au changement. Dans le passé, beaucoup d’artistes ont pensé l’art comme un outil d’engagement, une voie pour amener des changements positifs dans la société. Différents intervenants ont privilégié l’angle écologique, d’autres ont évoqué l’aspect social lors de la conférence. C’est un engagement important pour disséminer les messages et briser les tabous. pARTage a toujours pratiqué un art qui n’est pas un art de salon, ni décoratif, mais un art qui fait réfléchir, pose des questions et trouve des réponses. La réflexion tient une place importante dans l’association. Celle-ci a grandi en 20 ans et a apporté des changements dans la pratique de l’art à Maurice. Malheureusement, il n’y a pas une grande écoute de la part des institutions, mais on garde l’espoir. 15 participants internationaux vont travailler avec les artistes mauriciens au Centre de Jeunesse de Flic-en-Flac mêlant discussions et création… »
Il a aussi été question de recherches et de groupes de travail, afin d’aboutir à des réflexions et décisions utilisables par les collectivités. Noreen Lallmamode, responsable du département Design et Communication de l’Institut Mahatma Gandhi (MGI), nous dit que « L’artivisme a pris un autre format avec la vidéo. Lors du Festival Nu Le Morne, nous avons réalisé les problèmes survenus à cause du literacy barrier. Nous avons montré des posters, mais il n’y avait pas de véritable connexion. On s’est dit que la vidéo permet de mettre les gens à l’aise, de visionner dans les maisons, d’incorporer les matériaux durables dans le sujet. La vidéo est un bon medium. Le projet Nu le Morne a pu être réalisé grâce à une allocation que Mahendra Gooroochurn de l’Université de Maurice a reçue du British Council. Ce qui a permis de réunir différents artistes du tertiaire (MGI, UOM, MIE), d’organiser des workshops, des ateliers d’initiation au crochet, à la gravure, par exemple, pour sensibiliser davantage à l’écologie et aux changements… »
Plusieurs initiatives
Depuis plusieurs années, les artivistes multiplient les initiatives, soignent leur démarche, développent leurs réseaux. Artistes, vidéastes, photographes ou musiciens veulent sensibiliser le citoyen et le mettre dans la boucle décisionnelle par le biais artistique et culturel. Veemanda Curpen, responsable du Département de gravure du MGI, déclare : « Nous avons une responsabilité en tant qu’artistes et enseignants. C’est le moment de sensibiliser au pouvoir de l’art sur le public qui consommera cet art. Dans la gravure, on utilise des solvants et autres matériaux qui ne sont pas écologiques. C’est le moment de trouver des alternatives dans le contexte du développement durable. Nous avons commencé à recycler du papier et même à fabriquer du papier destiné à l’impression. Chaque institution tertiaire pense à utiliser des matériaux de récupération dans ses divers projets…» Arvin Ombika parle de la nécessité d’instruire des dossiers et projets de recherches qui s’ancrent dans l’écologie. Il évoque des recherches menées autour de la gravure à Maurice (période pré-Indépendance et post-Indépendance). Un livre de référence, destiné aux artistes et étudiants en particulier, paraîtra dans un an pour promouvoir la technique de la gravure.