Exposition à l’Institut Français de Maurice – Shakti Callikan : l’art du « lien à la terre »

Apprendre à connaître notre terre, ses possibilités et ses contraintes : Shakti Callikan, entrepreneure culturelle, livre les premières conclusions de ses recherches et expérimentations avec nos terres locales. « J’explore la terre de mon île pour découvrir sa richesse, son caractère unique… » dit-elle. Terres marronnes est une exposition riche en informations et objets sur ce travail expérimental et la possibilité de développer un artisanat céramique à partir de cette terre chargée d’histoire. L’expo, sponsorisée, par le National Art Fund est visible gratuitement jusqu’au 9 décembre à l’Institut Français de Maurice (IFM), Rose Hill.

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De la terre vitale et vivante a été extraite à Midlands, Chamarel, Sainte-Croix, Choisy. Shakti Callikan a mené l’expérience pour rendre compte de l’état de nos sols et un potentiel jusqu’ici inexploré pour imaginer des objets en terre. Elle nous dévoile ses intentions, les techniques employées et le déroulement de ses explorations. « Avec l’aide de géologues, j’essaie de mieux comprendre la variété de notre sol, ses couleurs et ses textures… une petite pelle à la main, je fouille et je collecte des échantillons de terre lors de balades dépaysantes. De retour à mon atelier, j’expérimente, je teste le caractère de nos terres pour comprendre les formes qu’elles peuvent prendre, les couleurs qu’elles recèlent. J’ai envie de fabriquer des objets avec notre terre. De donner corps à un lieu. De donner une forme à cette mémoire du sol. Car ces objets nous racontent des histoires, notre histoire… », écrit la chercheuse.

Pour en savoir plus sur notre « lien à la terre », elle se consacre dans son atelier à des expérimentations, teste le caractère de nos terres pour comprendre les formes qu’elles peuvent prendre et la variété de couleurs qu’elles peuvent offrir. « Nous savons que le sol de notre île est couvert aux trois-quarts par des terres composées d’une forte part d’oxyde de fer et d’aluminium, ce qui lui donne une belle couleur rouge orangé. Quelle gamme de couleurs naîtrait des terres de nos volcans ? Utiliser des matériaux locaux, au lieu de tout devoir importer comme c’est le cas actuellement, est-ce une option envisageable ? Pourrait-on imaginer et développer une collection de poteries ancrées dans notre territoire et notre histoire ? »

Autant de questions que posent la chercheuse sur un art de la céramique à Maurice. Elle crée avec un grand soin et selon une méthode rigoureuse des objets de poterie et des échantillons de pigments. Le sol est travaillé de manière régénérative. Le développement durable traverse tout ce travail. La céramique serait-elle un marqueur de mobilité et d’identité culturelle ? Shakti Callikan questionne aujourd’hui la possibilité d’un art lié à la terre (moment où les anciennes poteries basculent vers l’art) avec une collection de poteries ancrées dans notre territoire et notre histoire. Nos ancêtres étaient sans doute des potiers fabriquant des ustensiles en terre cuite, des lampes ou utilisant l’argile comme remède médicinal. Pour beaucoup de gens, la terre est une question de dignité, de culture et d’identité.

La démarche de Shakti Callikan révèle un désir d’innovation mais aussi une orientation culturelle dans la création de poteries. « …ces objets nous racontent des histoires, notre histoire. En les façonnant, c’est un dialogue qui commence. Ils m’encouragent à m’interroger sur ce qui m’entoure, sur mon rapport à notre environnement. Sur notre appartenance à cette terre que nous avons en partage… »
L’exposition Terres Marronnes se tient à l’Institut Français de Maurice (IFM) jusqu’au 9 décembre à 18h. L’exposition est gratuite et ouverte tous les jours durant la semaine d’exposition de 9h30 à 18h (sauf le dimanche).

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