De la fatigue à l’asthénie : quelques repères

10 à 25% des personnes qui consultent un médecin généraliste se plaignent d’être toujours fatiguées, les femmes étant davantage concernées. Ressentir de la fatigue suite à un effort, physique ou intellectuel, ou après un épisode stressant, rien de plus normal. Passagère, celle-ci disparaît avec du repos. Mais il arrive que la sensation de fatigue persiste ou/et s’intensifie, sans causes apparentes et malgré le sommeil et le repos. On parle alors de lassitude ; de faiblesse ; de perte de force ; d’inefficacité intellectuelle ; d’épuisement ; de manque d’énergie ; d’impression d’être toujours fatigué, « lessivé », épuisé, « vidé », etc. Si bien qu’à la longue cette fatigue provoque la sensation désagréable et pénible d’être incapable de mener à bien ses activités quotidiennes.  Si cet état se prolonge durant plus de six mois, on parle d’asthénie.

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Symptôme commun à de très nombreuses maladies, l’asthénie, aussi connue comme la fatigue chronique, est considérée comme un signal d’alarme à ne pas négliger. Il est nécessaire d’en trouver la cause pour pouvoir en être soulagé et revenir à une vie normale.

Des causes variées

L’asthénie peut avoir des causes très variées. À commencer par une  mauvaise hygiène de vie. À titre d’exemple, une alimentation déséquilibrée, un manque d’activité physique, le tabac, la prise de poids, le manque de sommeil (couchers tardifs par exemple) avec épisodes de somnolence dans la journée, ou d’un sommeil irrégulier en raison de décalages horaires répétés ou de réveils nocturnes d’un enfant… favorisent l’asthénie.

De même, la fatigue d’abord mentale peut avoir des répercussions sur votre niveau d’énergie. Cet état d’asthénie (psychique) peut trouver sa cause dans le stress professionnel dû à une inadaptation du travail ou l’inactivité professionnelle marquée par l’ennui et la démotivation ou au contraire surmenage, l’épuisement professionnel, ainsi que toute difficulté familiale (rupture affective, solitude, etc.), une anxiété généralisée ou une dépression.
Liée au Covid long

L’asthénie peut aussi trouver sa cause dans un Covid long. En effet la fatigue post-Covid est un symptôme fréquemment rencontré par les personnes ayant guéri de la maladie. Dans beaucoup de cas, la fatigue persiste, parfois elle revient de façon intermittente, pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois. C’est le symptôme le plus fréquent du Covid long. Elle peut également nuire à la qualité du sommeil et avoir de lourdes conséquences sur le quotidien.

La piste des maladies organiques

Le catalogue des maladies chroniques du corps pouvant entraîner une fatigue durable n’est pas mince. Parmi celles-ci :

Les anémies. Première d’entre elles, celle due à un déficit en fer. Elle touche surtout les jeunes femmes, en raison des menstruations. L’anémie peut aussi être la conséquence d’une carence d’apport en nutriments, en général, et en particulier en vitamines, sels minéraux (calcium, potassium, sodium, iode…) ou oligo-éléments. La fatigue est d’autant plus intense que l’anémie est sévère et apparaît rapidement.

Les maladies auto-immunes ou inflammatoires, comme le lupus ou la maladie de Crohn,  polyarthrite rhumatoïde etc. qui induisent des réactions inflammatoires produisant les fameuses cytokines. Celles-ci permettent de se défendre, y compris contre soi-même, entraînant un état d’épuisement, non pas forcément permanent, mais chronique, notamment quand la maladie progresse par poussées, comme dans le cas du lupus.

Les infections virales chroniques (VIH, hépatites B et C) qui s’accompagnent elles aussi d’une réaction inflammatoire. Une catégorie dans laquelle on peut ranger, en attendant d’en savoir plus, les formes persistantes du Covid.

Le cancer est une autre maladie inflammatoire consommatrice d’énergie. Outre une grande fatigue, le cancer peut se manifester par une perte de poids, la présence d’une masse ou la survenue d’une douleur persistante.

Certaines maladies endocriniennes, type diabète 2, hypothyroïdie ou insuffisance surrénalienne, qui perturbent l’équilibre général du métabolisme (homéostasie) sont sources de fatigue lorsque le traitement n’est pas suffisamment bien adapté.

Les affections neurologiques, telles que la sclérose en plaques (SEP), la maladie de Parkinson et les maladies musculaires s’accompagnent d’asthénie. La fatigue, physique et/ou cognitive, peut même se manifester avant tout autre symptôme de la maladie, comme des douleurs, des difficultés motrices, un odorat défaillant, etc.

Les insuffisances d’organes vitaux (cœur, reins, poumons, foie, pancréas…), comme la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), une maladie rénale ou hépatique chronique, sont responsables de fatigue lorsqu’elles s’aggravent.

Selon l’organe touché, les autres manifestations seront variables (essoufflement, jaunisse, hypertension…).

Les maladies liées au sommeil

Les troubles du sommeil qui, par définition, altèrent la capacité à récupérer : apnée obstructive du sommeil, insomnie, narcolepsie. Somnolence, ronflements, hypertension, surpoids, etc., figurent parmi les autres signes évocateurs, qui pourront conduire à effectuer une polysomnographie.

L’asthénie peut aussi être le résultat d’une prépondérance des troubles comportementaux et des maladies psychiatriques liées notamment à une ou plusieurs addictions. (alcool, drogues, tabac, Internet, jeux en ligne, etc. avec pour conséquence un impact considérable sur L’hygiène de vie);  une dépression  qui peut aussi se traduire par des difficultés à se lever, des crises de larmes soudaines, un manque d’entrain, une diminution de l’appétit et des troubles du sommeil, voire de l’insomnie; les troubles anxieux, comme les TOC ou la phobie sociale; une psychose, comme les troubles bipolaires et la schizophrénie; ou encore les troubles du stress post-traumatique (TSPT) , avec une altération de la qualité du sommeil, mise à mal par le souvenir douloureux, et récurrent, du traumatisme.

L’asthénie liée à la prise de substances toxiques ou de médicaments

Certains médicaments, prescrits pour soigner ces pathologies, peuvent entraîner une fatigue importante. Ainsi des psychotropes, tels que les antidépresseurs, les antipsychotiques, les sédatifs ou encore les anxiolytiques.

Mais d’autres familles de médicaments peuvent également avoir des effets soporifiques, comme les antihistaminiques, les antalgiques, les corticoïdes, les neuroleptiques ou les interférons (contre les infections virales).

Quels remèdes?

Pour soigner l’asthénie, peu importe sa cause, vous pouvez changer et améliorer vos habitudes de vie :

ralentissez votre rythme quotidien (travail, vie sociale) ;

donnez-vous plus de temps pour faire des activités de détente et du sport ;

faites des pauses régulières au travail et marchez pour ne pas rester devant votre poste ;

mangez plus équilibré (évitez les plats préparés) et à heure fixe ;

évitez le grignotage ;

respectez un horaire fixe pour vous coucher et surtout pour vous lever ;

privilégiez les activités de détente le soir, évitez d’être trop actif à ce moment de la journée ;

évitez l’alcool et les excitants (café, vitamine C, le tabac) ;

évitez de regarder des écrans le soir et surtout au lit ;

instaurez une routine d’endormissement (prendre une douche chaude, lire…).

Vous pouvez également associer ces bonnes habitudes à l’utilisation de plantes apportent de l’énergie et ayant des vertus redynamisantes. C’est le cas du ginseng, du thym ou des fruits contenant de la vitamine C (agrumes, kiwis…).

Vous pouvez également :

faire des cures de magnésium ou de vitamine D (sur prescription médicale) ;

prendre de la mélatonine pour vous endormir plus facilement si vous avez des problèmes de sommeil ;

essayer la luminothérapie qui aide à retrouver un rythme naturel plus régulier et plus d’énergie dans la journée.

Asthénie psychique : quel traitement ?

 

Le traitement de l’asthénie peut également reposer sur ce qui en est la cause. En cas de surmenage, il faudra également trouver une solution pour mieux gérer le stress, par exemple. L’asthénie, dont la cause est psychique, est souvent le signe un problème d’ordre psychologique comme la dépression ou l’anxiété. Elle s’accompagne souvent d’autres symptômes. Il est donc nécessaire de les traiter en commençant par en parler à un professionnel de santé, notamment votre médecin traitant. Le médecin pourra au besoin vous orienter la spécialité la plus adaptée (psychologue ou psychiatre) afin de commencer une psychothérapie et/ou un traitement médicamenteux, si nécessaire. Les thérapies comportementales et cognitives sont maintenant reconnues pour leur efficacité dans le traitement de ces troubles et peuvent apporter des résultats en quelques semaines/mois, selon les cas.

Quand consulter ?

Une fatigue anormale, et a fortiori si elle dure depuis plusieurs semaines, est toujours un signal d’alarme. Si cette sensation de fatigue doit évidemment interpeller,il est aussi important dans un premier temps de réfléchir à son hygiène de vie : quid de son sommeil (7h30 par nuit, idéalement, et en moyenne), de son alimentation (variée et équilibrée – au moins 5 fruits et légumes par jour) et de l’exercice physique (30 minutes d’activité modérée par jour, fractionnées ou non).

Si cet inventaire ne suffit pas, il faut consulter son médecin traitant. Un examen clinique permettra d’investiguer plus avant et d’établir un diagnostic. Si nécessaire, des examens complémentaires (biologie, imagerie…) seront prescrits pour le confirmer.

Il ne faut pas laisser une fatigue sous-jacente s’installer, surtout si elle est couplée à d’autres symptômes (fièvre, perte d’appétit, variation du poids, douleurs articulaires, essoufflement, etc.). L’association de certains symptômes spécifiques, comme une fatigue durable et une perte de poids, peut orienter vers le cancer. Dans ce cas, un scanner ou une échographie abdominale s’imposera.

En l’absence d’orientation précise, un bilan dit de « débrouillage » est indiqué pour repérer une éventuelle anomalie. En premier lieu des examens biologiques sanguins pour rechercher des marqueurs d’une anémie, d’une inflammation, d’un trouble de la fonction thyroïdienne ou rénale, d’anomalies métaboliques, d’une atteinte hépatique, d’une maladie auto-immune, etc.

En fonction des résultats, une prise en charge adéquate pourra être proposée.

Encadré 1  

Les symptômes de l’asthénie sont :

• une sensation de faiblesse, d’épuisement général ;

• une diminution de la force physique ;

• des difficultés à se concentrer, à être efficace intellectuellement ;

• un manque d’énergie ;

• une fatigue perçue comme permanente même après le repos. Dans certains cas, les personnes fatiguées se disent “lessivées”, “vidées”, “épuisées”… Lorsque la fatigue persiste plus de 6 mois, on parle « d’asthénie chronique ».

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