Mélanie Pérès est une artiste qui mêle rêve, fantaisie et réalité. Son défi, transposer sur scène son premier roman, Tigann — Traverse enn fam dan divan kontrer. Elle y était presque… Larivier Tanier, plus qu’une berceuse mauricienne, est un patrimoine. Pour Tigann, une jeune femme violentée, les notes de cette chanson de l’enfance ne sonnent pas comme un apaisement, une invitation au pays des rêves. La vie de Tigann est comme le mouvement des vagues… On n’en dit pas plus. Mélanie Pérès, enseignante de kreol mauricien au secondaire et artiste, a créé le personnage de Tigann lorsqu’elle a écrit le roman éponyme dans le cadre d’un concours. À 25 ans, Mélanie Pérès, entourée d’artistes et de collaborateurs, signe là un projet rare en son genre puisqu’il est 100% mauricien. Tigann devait être présenté en version comédie musicale au public ce 19. Mais la situation sanitaire dans l’île a changé la donne. Le défi de Mélanie Pérès attendra encore un peu…
D’abord, il y a eu le roman Tigann — Traverse enn fam dan divan kontrer et une récente réédition. Quand les restrictions liées à la crise sanitaire de Covid-19 seront levées, il y aura Tigann, la comédie musicale sur les planches du Caudan Arts Centre. Tigann, l’on est tenté de dire, c’est non seulement un personnage fictif, mais c’est aussi l’histoire de deux femmes. Celle qui n’existe pas dans la vraie vie, mais qui transpose les questionnements, les fantaisies, les peurs et frustrations, les rêves, les désirs ou encore la fragilité de toute femme. Et celle de Mélanie Pérès, dans le sens où ce petit bout de femme au grand talent offrira au public son histoire : une fiction qu’elle a imaginée, conçue et à laquelle elle a donné forme après un long travail.
À seulement 25 ans, Mélanie Pérès prend le pari osé de présenter une comédie musicale 100% mauricienne. Elle n’est certes pas seule dans ce projet qui engage aussi une palette d’artistes et de personnes en lesquels elle croit et qui en retour lui ont fait confiance, car Mélanie Pérès prouve depuis quelques années déjà de quoi elle est capable. Du coffre, elle en a. Son nom figure en bonne place dans la liste des meilleures voix féminines. De la prestance, il n’y a rien à redire. Du cran, elle en a aussi. Maintenant, on ne demande qu’une chose : voir Tigann. Le stress, l’adrénaline, l’excitation… bref, tout ce cocktail d’émotions qui donnent des papillons au ventre s’accentue pour la jeune femme quand elle pense à Tigann sur scène. Elle a quand même hâte d’être sur les planches, d’autant que Tigann, nous dit-elle, réunit tout ce qu’elle aime faire : chanter, danser et jouer.
Mélanie Pérès a cultivé sa passion pour le théâtre au sein de la troupe Favory. Et d’ailleurs, c’est là-bas, dans une pièce, qu’elle a fait la rencontre d’une “ti-fi” sans nom qui deviendra une inspiration.
Tourmente
Tigann, c’est également une thématique sombre qu’est l’inceste. Ceux qui ont lu le roman, deuxième prix au concours littéraire de la Creole Speaking Unit il y a cinq ans, le savent déjà. D’autres qui ne connaissent pas la blessure de Tigann, incarnée sur scène par Quincy Ramsamy, se rendront compte que le sujet qui tourmente cette femme n’est pas une constance qui va alourdir la pièce. De l’humour, de la musique et tout ce qui compose un quotidien normal font de la pièce, dit Mélanie Pérès, une comédie qui interpelle sans pour autant plomber les esprits des spectateurs.
Si Mélanie Pérès souhaite que Tigann libère la parole des victimes d’abus sexuels, attise la conscience sur un mal destructeur, elle rappelle que la pièce n’a pas été pensée dans cette optique. Elle concède aussi qu’avec Tigann, elle prend le plaisir de s’exprimer dans une langue, le kreol morisien, qu’elle a l’habitude de privilégier dans ses textes. Tigann, fait comprendre son auteure, n’a pas pour objectif d’être un instrument de promotion linguistique. « Ce n’est pas parce que je chante et que j’écris en kreol mauricien que je dois être une militante de la langue ! » observe-t-elle. D’ailleurs, la version française de Tigann est en cours.
Les acteurs de la comédie sont La Nikita, Bernard Moonsamy, Mason Tossé, Esther None, Brendon Jacquette, Stacy Balthazar et Aurélie Antoinette. Les musiciens sont Yann Payet, Lionel Cupidon, Loïc Cupidon, Olivier Carver et Laëticia Paul. Quant à la mise en scène, elle est d’Ashish Beesoondial, assisté de Mason Tossé.