Depuis le début de la pandémie, de nombreuses personnes ont été confrontées à un symptôme persistant après la guérison du Covid-19 : la toux. Ce symptôme, bien qu’apparemment bénin dans certains cas, peut se prolonger et devenir un véritable fardeau dans la vie quotidienne. Si la majorité des malades se débarrassent de la toux quelques semaines après l’infection, une proportion non négligeable continue à souffrir de ce symptôme longtemps après. Alors pourquoi cette toux persiste-t-elle ? Est-ce un signe inquiétant ou un phénomène courant ?
La toux persistante après une infection par le SARS-CoV-2, causant le Covid-19, est l’un des symptômes les plus fréquemment rapportés dans les consultations médicales post-infection. Elle est souvent une source de frustration pour les patients, surtout lorsque l’infection initiale semble avoir disparu. Bien que ce symptôme soit couramment associé au Covid long, où plusieurs manifestations persistantes surviennent après l’infection, la toux elle-même n’est pas nécessairement synonyme de gravité.
Une toux virale qui ne passe pas : un phénomène fréquent mais rarement grave
En effet, les recherches montrent que la toux chronique, qui dure au-delà de 8 à 12 semaines, touche environ 20 % des patients dans les mois qui suivent l’infection. Toutefois, selon une étude menée un an après la maladie, cette proportion chute à seulement 2,5 %, indiquant que la majorité des patients guérissent spontanément. Cette persistance, bien que gênante, ne doit pas être vue comme un mauvais pronostic, mais comme un effet secondaire possible de l’infection virale.
La toux : un réflexe complexe
La toux post-Covid-19 est bien plus complexe qu’une simple réaction aux lésions pulmonaires. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, une toux persistante n’est pas nécessairement liée à des lésions graves des poumons, même dans le cas d’une pneumonie sévère. Plusieurs études ont révélé qu’aucune différence significative n’existait entre les patients ayant survécu à la maladie et ceux ayant succombé, en ce qui concerne la fréquence et la gravité de la toux. Ces observations ont conduit les chercheurs à conclure qu’il n’existait pas de lien direct entre la toux post-Covid et les lésions pulmonaires.
Selon le Pr Laurent Guilleminault, pneumologue au CHU de Toulouse, la toux dans le cadre du Covid-19 serait davantage liée à une dysfonction du système nerveux central qu’à une atteinte directe des poumons. Il explique : « Le virus du SARS-CoV-2 agit sur le système nerveux en perturbant les mécanismes de contrôle de la toux, qui normalement empêchent ce réflexe d’être déclenché de manière excessive. » En effet, lorsque le virus affecte certaines zones du système nerveux, il altère l’équilibre entre l’activation et l’inhibition du réflexe de toux, entraînant une hypersensibilité de ce dernier. Ce mécanisme, bien que complexe, est aussi un avantage pour le virus, car il favorise la propagation du pathogène en incitant l’hôte à tousser et à propager des particules virales.
La durée de la toux : ce qu’en disent les experts…
La plupart des toux liées à une infection virale, comme le Covid-19, tendent à disparaître d’elles-mêmes après un certain temps. Selon les études cliniques, une toux aiguë peut durer entre 2 et 3 semaines. Dans la majorité des cas, elle cesse spontanément sans traitement spécifique. Cependant, lorsqu’elle persiste plus de huit semaines, elle devient « chronique ». Ce seuil est crucial, car passé ce délai, la probabilité que la toux disparaisse sans intervention médicale est faible.
Pour les patients souffrant de toux chronique post-Covid, la consultation devient nécessaire pour évaluer les causes sous-jacentes et déterminer si une autre pathologie, comme l’asthme, la rhinosinusite, ou le reflux gastro-œsophagien (RGO), est impliquée. La persistance de la toux peut aussi être liée à des anomalies affectant des organes comme le larynx, dont l’innervation est également perturbée par le virus.
Pourquoi cette toux ne part-elle pas ?
La question de la persistance de la toux après la guérison de l’infection reste un mystère en grande partie. Des recherches récentes suggèrent que l’infection par le Covid-19 peut augmenter la sensibilité des récepteurs de la toux, des structures situées dans les voies respiratoires. Ces récepteurs, lorsqu’ils sont stimulés, envoient un signal au cerveau qui active le réflexe de toux. Après l’infection, ces récepteurs restent hypersensibles, même en l’absence du virus, et peuvent continuer à déclencher ce réflexe de manière excessive. Pour certains, ce phénomène dure plusieurs mois, le temps que l’organisme rétablisse son fonctionnement normal.
Quand consulter un médecin ?
La toux persistante, bien qu’elle soit généralement bénigne après une infection par le Covid-19, peut parfois être le symptôme d’une autre affection sous-jacente. Selon les recommandations des pneumologues, il est conseillé de consulter un médecin si la toux dure plus de 8 à 12 semaines après l’infection, surtout si elle s’accompagne de symptômes nouveaux ou préoccupants.
Le médecin peut alors évaluer l’intensité de la toux à l’aide d’une échelle de douleur visuelle (de 0 à 10), et effectuer un examen clinique approfondi. Plusieurs causes possibles peuvent être envisagées : rhinosinusite, asthme, reflux gastro-œsophagien, voire des pathologies plus graves comme un cancer bronchique, notamment chez les fumeurs. Un scanner thoracique pourra être prescrit dans ce cas pour exclure toute pathologie grave.
De plus, il ne faut pas négliger le rôle du tabagisme, qui est un facteur aggravant de la toux, et un motif évident pour inciter à arrêter de fumer. Certains médicaments, comme les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), couramment utilisés en cardiologie, sont également connus pour provoquer une toux, et il peut être nécessaire de les ajuster.
Les traitements : une approche neuromodulatrice
Lorsque les causes classiques de la toux sont exclues, et que celle-ci persiste sans raison apparente, elle est qualifiée de « TROCRI » (toux chronique réfractaire et inexpliquée). Dans ce cas, la toux pourrait être liée à une dysfonction du système nerveux central, aggravée par l’infection virale. Le traitement de la TROCRI repose alors sur l’utilisation de neuromodulateurs, des médicaments qui agissent sur le système nerveux pour diminuer la sensibilité et l’hyperréactivité des récepteurs de la toux.
Frustrante mais rarement dangereuse
La toux persistante après une infection par le SARS-CoV-2, bien qu’elle soit un phénomène courant et souvent bénin, reste une source de préoccupation pour de nombreux patients. Si elle peut sembler sans fin, les dernières recherches confirment qu’elle est généralement liée à une altération des mécanismes nerveux qui régissent ce réflexe, plutôt qu’à une lésion pulmonaire grave.
Malgré son caractère gênant, la toux post-Covid devrait finir par disparaître d’elle-même dans la plupart des cas. Toutefois, lorsqu’elle perdure, une consultation médicale s’avère nécessaire pour éliminer d’autres causes sous-jacentes et adapter un traitement. En attendant, les patients doivent se rappeler que la patience et le suivi médical restent les meilleures armes pour faire face à ce symptôme tenace, et que des solutions existent pour soulager leur gêne.