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Au Café du Vieux Conseil : Northern Groove au rythme des îles

Des têtes d’affiche de l’Angleterre et de La Réunion, ainsi que des remix des tropiques à de l’électro. L’événement de Northern Groove, qui a eu lieu dans la capitale, a répondu à son objectif de présenter des créations qui galvanisent. Nombre d’entre elles prennent racine dans les rythmes ternaires de l’océan Indien.

La lune approche de son paroxysme, éclairant fébrilement la capitale en cette saison hivernale. Au sein du Café du Vieux Conseil, les corps ne s’essoufflent guère des heures de musique auxquelles ils ont été soumis en ce samedi. Une demi-journée à groover sur des salves d’électro remixées selon des incantations babanisantes, qui comprennent entre autres le 6/8 du séga de Maurice et du maloya de La Réunion. Les chamans d’Electrocaïne, organisateur de cette soirée, ont cela de magnétisant : ils domptent les esprits invoqués par des rythmes anciens en y incorporant des formules nouvelles.

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Cela fait six années que des événements de Northern Groove distillent une magie qui charme les âmes les plus prudes. Pour la première fois ce samedi, l’événement se tient au Café du Vieux Conseil, qui s’élève peu à peu comme un lieu de prédilection pour les actions musicales en la capitale. Le rendez-vous était donné à compter de 14h. La musique des îles et d’au-delà ne cesserait de résonner dans les artères alentours jusqu’à deux heures dimanche matin.

Deux mastodontes ont présenté leurs sets éclectiques, puisant dans leurs expériences des scènes internationales et leurs riches recherches dans les arcanes des musiques du monde. D’abord, l’Anglais Joe Cotch. Devant les platines, il a ouvert notamment à un univers Caliente, identifiant dans l’énergie dégagée par la foule des envies de poursuivre la danse entamée plus tôt. Fraîchement débarqué d’une escale en Afrique du Sud, Joe Cotch s’est renseigné sur la musique mauricienne.

En premier lieu, auprès de sa moitié qui partage des racines de l’île. Puis, auprès de son ami Greg, le DJ mauricien qui charme la France et l’Europe. L’étude de la musique locale a culminé sur une sortie dans une boîte de nuit de l’ouest, pour s’imprégner des sonorités en vogue. Ainsi, la surprise attendait au coin d’une transition vers MUAH de Donovan Bts, jeune chanteur de Baie-du-Tombeau. « Mo soke », laisse échapper un DJ mauricien parmi le public. Comment l’Anglais connaissait-il ce tube particulièrement populaire à l’île Maurice et La Réunion ? « J’ai fait mes recherches », confie-t-il, souriant, au terme de son set audacieux.

Auparavant, une autre tête d’affiche, de La Réunion cette fois, a vulgarisé les rythmes des îles Mascareignes. Jako Maron vivait à Saint-Paul, dans l’ouest de l’île sœur, avant de désormais élire domicile à Moufia, Saint-Denis, plus précisément à la lisière des quartiers animés du Chaudron. Créateur d’univers sonore, grand fan de Dépêche Mode et de Prince, entre autres, il puisait à ses débuts notamment dans le hip-hop et le funk. Peu à peu, la techno s’est immiscée dans ses créations.

Samedi, il a dévoilé un monde créole florissant sur des vagues électroniques. « Jako Maron, il est magique », commente une spectatrice, toujours sous le coup du maloya et du sega déployés par celui qui défend la créolité, jusque dans son nom de scène. « Tout ce que j’aime dans le funk et dans le reggae, je l’entends dans le roulèr, dans le maloya », explique le Réunionnais, installé sous une varangue.

En début de cette journée, l’occasion a été donnée à la photographe Karen Pang de procéder à son baptême aux platines devant le public. Aussi adopte-t-elle le nom de scène « vãgue » pour cette nouvelle expérience. Puis se sont enchaînées les performances de Brainlove, Snave, Andréa. Et également d’Ayef, Woréka et Avneesh. C’est d’ailleurs ce trio, de même qu’Andréa, qui clôture la soirée. Ce, en puisant des tubes ultra-populaires du moment, dont High Copy de Joker Kartel.

Remixé en version hip-hop par Ayef, le titre des « superstars » de l’océan Indien – leurs créations étant largement écoutées à Rodrigues, La Réunion, Madagascar et aux Seychelles – permet aujourd’hui au collectif de Babani de mettre un pied dans un autre univers : celui où les vues se comptent par millions, voire dizaines de millions, sur les plateformes numériques. « Je ne savais pas que cela allait prendre une telle ampleur », relate Ayef, en contant les détails de leur collaboration avec Joker Kartel.

Le rideau tombe après ce remix. Au terme des applaudissements, des remerciements. Northern Groove a une nouvelle fois répondu à sa mission de faire « groover », et ce, quels que soient les styles présentés. Dans les îles Mascareignes cependant, il est indéniable que le rythme ternaire trouve une résonance particulière – même sous une forme électronique.

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