Victime de son succès, la nouvelle plateforme de vidéo à la demande de Disney a connu des ratés techniques pour son lancement mardi qui ont empêché de nombreux clients d’accéder à son gigantesque catalogue, des premiers dessins animés de Mickey jusqu’à la nouvelle série « Star Wars ».
« Disney+ » est la riposte du numéro un mondial du divertissement aux géants du streaming comme Netflix ou Amazon qui sont venus chambouler ces dernières années la routine des studios d’Hollywood.
Le service a été mis en ligne dans la nuit de lundi à mardi sur les télévisions, tablettes, smartphones et autres écrans aux Etats-Unis et au Canada, avec à la clef des milliers de films et de séries produites par Disney, Pixar, Marvel, Lucasfilm (« Star Wars ») et National Geographic.
Le PDG de Disney, Bob Iger, a pris pour l’occasion des accents de Napoléon au pied des pyramides d’Egypte, célébrant « un moment historique pour notre entreprise, qui marque une nouvelle ère d’innovation et de créativité ».
Un élan vite refroidi par une série de messages publiés sur les réseaux sociaux par des abonnés incapables de se connecter à ce service tant convoité.
« La demande des consommateurs pour Disney+ a dépassé nos grandes attentes », a expliqué à l’AFP un porte-parole de Disney. « Nous sommes heureux de cette réaction incroyable et travaillons pour résoudre rapidement le problème en cours. Merci de votre patience », s’est excusée la firme aux grandes oreilles.
Des captures d’écran publiées sur Twitter et d’autres réseaux sociaux montrent le message « Impossible de se connecter à Disney+« , accompagné d’une image du film d’animation « Les Mondes de Ralph » et d’une invitation à réessayer la connexion.
D’autres se plaignaient du long délai d’attente pour pouvoir joindre les services techniques de Disney+.
Des fans impatients avaient pourtant veillé jusqu’aux premières heures du 12 novembre pour être parmi les premiers à voir « The Mandalorian », la nouvelle série télévisée se déroulant dans l’univers de « Star Wars », certainement la plus emblématique des rares créations originales proposées par Disney+ pour son lancement.
Le premier épisode, d’une durée de 35 minutes seulement, a été jugé honnête par le Los Angeles Times, « divertissant mais sans prise de risque », « riche en effets spéciaux spectaculaires et en fusillades d’extra-terrestres, un peu court sur le plan de l’intrigue ».
Les nouveaux épisodes seront diffusés tous les vendredis, et la première saison de « The Mandalorian » en compte huit au total.
« Nous les admirons »
Le lancement de ce nouveau service est un pari pour Disney, qui veut regrouper tous ses contenus cinématographiques et télévisuels sur cette plateforme exclusive.
Jusqu’à présent, les grands studios se contentaient d’empocher des milliards de dollars en vendant leurs droits de diffusion à Netflix, Amazon ou autres acteurs d’internet et du câble.
Disney va renoncer à quelque 5 milliards de dollars de recettes sur de tels droits pour faire payer maintenant directement les abonnés, en mettant en avant une offre très compétitive: 6,99 dollars par mois, ou 12,99 dollars avec l’accès à la plateforme Hulu et les chaînes sportives ESPN+.
Dès la semaine prochaine, Disney+ sera déployé en Australie et en Nouvelle-Zélande, puis l’Europe occidentale en mars 2020. La firme table sur 60 à 90 millions d’abonnés dans le monde d’ici 2024.
Le groupe Disney a réalisé cette année un chiffre d’affaires de plus de 69,5 milliards de dollars, en hausse de 17%.
Le patron de Netflix, Reed Hastings, a accueilli son nouvel adversaire des plus gracieusement. « Ils ne nous inquiètent pas, nous les admirons », a-t-il lancé lors d’une conférence à New York la semaine dernière. « Je vais m’abonner, ils ont des émissions super », a-t-il assuré.
Le duel ne devrait pas être moins sanglant pour autant, Netflix et les autres plateformes étant voués à perdre une partie de leurs programmes. Netflix détient encore pour l’instant les droits pour « Le Retour du Jedi » aux Etats-Unis mais Disney+ sera bien « le lieu exclusif de streaming pour les films sortis par les studios Walt Disney à partir de 2019 ».
Warner Bros, filiale de AT&T, va adopter une stratégie similaire en lançant en mai 2020 son service « HBO Max », tout comme Universal avec « Peacock » l’an prochain.
« Il va y avoir pas mal de joueurs sur le terrain », a relevé Clark Spencer, président des studios d’animation de Disney.
« Mais je pense qu’avec l’étendue de notre catalogue et les auteurs talentueux que nous avons, nous allons vraiment nous démarquer du lot », a-t-il dit à l’AFP lors de la première mondiale de « La Reine des Neiges 2 » à Los Angeles.
© AFP