Regrettant ses « opportunités professionnelles » perdues, Dominique Strauss-Kahn a contre-attaqué contre la femme de chambre guinéenne qui l’avait accusé il y a un an d’agression sexuelle au Sofitel de New York, et lui réclame « au moins un million de dollars ».
Dans un document judiciaire daté de lundi et publié mardi, au moment même où le nouveau président français François Hollande prenait ses fonctions, M. Strauss-Kahn accuse Nafissatou Diallo d’avoir « en toute connaissance de cause et intentionnellement faussement affirmé qu'(il) l’avait agressée sexuellement » le 14 mai 2011.
Il l’accuse de « poursuites calomnieuses », « abus de procédure », et « diffamation ». Il lui reproche d’avoir provoqué son emprisonnement et de lui avoir « volontairement infligé une souffrance émotionnelle ».
Pour cela, DSK réclame « au moins un million de dollars » de dommages et intérêts, plus des dommages « punitifs » au montant non précisé.
Le document (« counterclaim ») signé de son avocat William Taylor et d’un avocat du Bronx récemment recruté, Hugh Campbell, est une réponse à la décision du juge du Bronx qui a refusé le 1er mai de classer la plainte au civil de Mme Diallo contre DSK.
Elle est adressée au juge Douglas McKeon, et s’inscrit dans la procédure civile en cours.
La démarche de M. Strauss-Kahn « ne devrait pas être une surprise », a expliqué son avocat William Taylor. C’est Mme Diallo, par ses « fausses accusations », qui est « directement responsable de son arrestation, de son emprisonnement, et du fait qu’il a été soumis à une souffrance et à des dépenses extraordinaires », a-t-il expliqué dans un communiqué.
Ce nouveau développement a été à l’inverse qualifié de « stratagème désespéré » par Douglas Wigdor, avocat de Mme Diallo.
« C’est un coup de publicité, un nouvel effort de ses avocats pour éloigner l’attention de ce qui s’est vraiment passé, dans l’espoir de reconstruire son image publique », a-t-il déclaré en dénonçant la « misogynie » de DSK.
Le juge McKeon avait refusé le 1er mai de classer la plainte au civil de Mme Diallo pour agression sexuelle, rejetant les arguments des avocats de DSK selon lesquels il était protégé l’an dernier par une immunité absolue, en tant que directeur général du FMI.
Le document publié mardi rappelle que Dominique Strauss-Kahn était au moment des faits « considéré par certains comme le prochain président français ».
Il affirme que la relation sexuelle entre DSK et Nafissatou Diallo au Sofitel était « mutuellement consentie », sans « violence ni contrainte », et précise que la femme de chambre — qui affirme avoir été contrainte à une fellation — n’a pas été blessée.
Il rappelle que sur la base des accusations de Mme Diallo, « alors qu’elle savait que c’était faux », DSK a été arrêté, « soumis à une fouille dégradante et humiliante; photographié nu; et forcé de fournir des échantillons pour l’enquête » avant d’être « paradé, menotté, devant la presse internationale ».
Et que ces accusations ont eu pour conséquence la « perte de son emploi de directeur général du FMI et d’autres opportunités professionnelles » et des « dommages substantiels à sa réputation professionnelle et personnelle aux Etats-Unis et dans le monde ».
Il rappelle que la procédure pénale a été abandonnée le 23 août 2011, le procureur ayant des doutes sur la crédibilité de Mme Diallo, en raison de mensonges répétés sur certains aspects de sa vie.
La conduite de la femme de chambre « était d’un caractère si incroyable et d’un degré si extrême, qu’elle dépasse toutes les limites de la décence et doit être considérée comme atroce et intolérable dans une société civilisée », peut-on également lire.
VIOL ALLEGUE: DSK réclame un million de dollars à Nafissatou Diallo
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