Le nageur français quadri-amputé Théo Curin, âgé de 21 ans, a commencé mercredi, à 3.800 mètres d’altitude, sa traversée du lac Titicaca depuis la Bolivie avec l’objectif de rejoindre d’ici dix jours le Pérou, à 122 km de là.
« C’est beaucoup d’émotions. Il y a beaucoup de monde sur la plage, je ne m’attendais pas forcément à ça », a déclaré peu avant le départ le jeune sportif, amputé des quatre membres quand il avait six ans à la suite d’une méningite foudroyante.
« Et dire qu’il y a un an, on était seulement en train d’écrire l’histoire. Maintenant, c’est à nous de jouer », a ajouté le nageur handisport, qui est accompagné pour ce défi de deux coéquipiers français, l’ex-nageuse Malia Metella, 39 ans, et Matthieu Witvoet, 27 ans, qui se présente comme un « éco-aventurier ».
« Ça fait peur, quand même, on ne va pas se cacher. Mais (…) on a été préparé pour ça toute l’année, donc on est prêt à faire face à la météo, quoi qu’il arrive », a ajouté Théo Curin.
Avant de plonger dans l’eau, les trois nageurs ont été salués par les autorités locales et ont reçu la bénédiction d’une « amauta » — une « sage » de la communauté aymara — qui a jeté des pétales blancs dans le lac comme offrande rituelle à Cota Mama (Mère Eau) pour demander sa protection.
Le trio s’est élancé à 08H15 locales depuis la plage du village bolivien de Copacabana et espère effectuer la traversée en dix jours jusqu’aux îles Uros, dans la baie de Puno, au Pérou.
Une douzaine de nageurs de la Fédération bolivienne de natation les ont accompagnés sur les premiers kilomètres.
Théo Curin, originaire de Lunéville, dans l’est de la France, avait terminé quatrième du 200 m nage libre aux Jeux paralympiques de Rio-2016. Il est double vice-champion du monde.
Le nageur dit être inspiré depuis ses jeunes années par Philippe Croizon, quadri-amputé auteur d’une traversée historique de la Manche à la nage en 2010.
Outre l’altitude, le trio, qui s’est entraîné pendant plus d’un an dans le lac de Matemale dans les Pyrénées, va devoir affronter le froid dans cette étendue d’eau de 8.562 km2.
Les athlètes nageront à tour de rôle en tirant un bateau fabriqué à partir de déchets, dans le but de faire passer un message sur le respect de l’environnement. Ils mangeront et dormiront à bord.