Selon lui, le « travail » du chef islamiste, Abou Mohammed al-Jolani, pour « construire des institutions et centraliser une grande partie de la rébellion sous son propre contrôle », est aussi pour beaucoup dans la chute du pouvoir d’Assad.
La guerre civile syrienne, qui a fait plus de 500.000 morts, a commencé en 2011 avec la répression sanglante de manifestations anti-gouvernementales. Les lignes de front étaient relativement figées depuis quatre ans, jusqu’à l’offensive massive et fulgurante lancée le 27 novembre par les rebelles à partir des zones qu’ils contrôlent dans le nord-ouest de la Syrie.
– Armée fantôme –
Face à eux, l’armée fidèle au président Assad n’était plus qu’une coquille vide, dans un pays à l’économie, les infrastructures et l’industrie ravagées par le conflit.
Selon les experts, dans les premières années de la guerre, les pertes humaines, les désertions et les refus de conscription avaient réduit d’environ de moitié les troupes, au départ fortes de quelque 300.000 soldats.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les insurgés n’ont pas « rencontré de résistance significative » dans leur avancée, et des militaires ont évacué à plusieurs reprises leurs positions à travers le pays.
« Depuis 2011, on assiste à un délitement en termes d’effectifs, d’équipements et de motivation de l’armée », explique David Rigoulet-Roze de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
Sous-payés, les soldats pillent les ressources et beaucoup de jeunes refusent d’être mobilisés, dit-il à l’AFP.
Mercredi, le président syrien avait annoncé augmenter de 50% la solde des militaires de carrière, mais les salaires des soldats n’ont presque aucune valeur.
L’armée n’a pas fait de commentaire officiel depuis la chute de Damas aux mains des rebelles.
– Abandonné par ses alliés –
Circonstance aggravante, les deux alliés majeurs du pouvoir syrien, la Russie et l’Iran, ne l’ont cette fois pas aidé.
C’est grâce à leur soutien, que Bachar al-Assad avait réussi à reconquérir des territoires perdus après 2011. En 2015, l’intervention de la Russie via un appui aérien, avait inversé en sa faveur le cours de la guerre.
L’offensive rebelle a été lancée alors que l’armée russe est concentrée sur la guerre en Ukraine. Les frappes aériennes russes contre les positions des rebelles ont été limitées.
L’Iran, a de son côté longtemps fourni des « conseillers militaires » aux troupes syriennes, et soutenu sur le terrain des groupes armés pro-gouvernementaux.
Mais la République islamique et ses affidés, en tête desquels le Hezbollah libanais, sortent affaiblis de mois de confrontation avec Israël.
Avant la prise de Damas par les rebelles, Nick Heras, du New Lines Institute for Strategy and Policy, faisait dépendre la survie du pouvoir syrien de « la mesure dans laquelle l’Iran et la Russie considèrent Assad comme utile à leurs stratégies dans la région ».
« Si l’un ou l’autre de ces alliés, ou les deux, décident qu’ils peuvent faire avancer leurs intérêts sans Assad, alors ses jours au pouvoir sont comptés », avait-il affirmé à l’AFP.
– Hezbollah affaibli –
Le Hezbollah avait annoncé en 2013 être intervenu aux côtés du régime syrien, en envoyant des milliers de combattants le renforcer. Depuis, le mouvement libanais a été affaibli par deux mois de guerre ouverte avec Israël, qui a bombardé ses bastions et décimé sa direction, avant un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre.
La formation chiite a déplacé de nombreux combattants de Syrie vers le sud du Liban, et des centaines de ses membres sont morts dans les combats avec Israël, a indiqué à l’AFP une source proche du mouvement, sans fournir de chiffre exact.
Dimanche, une autre source proche du Hezbollah a indiqué que le groupe retirait ses forces des environs de la capitale et de la région de Homs, près de la frontière.
La chute d’Assad est « une conséquence directe » des coups portés à l’Iran et au Hezbollah, a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
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