« Cela nous a permis de tirer des enseignements importants qui ont débouché sur de nouveaux instruments qui sont mis en œuvre en ce moment même » face au mpox, a indiqué cette ancienne sénatrice et ministre pakistanaise, médecin de formation, qui a également travaillé pour diverses organisations internationales, dont l’Organisation mondiale de la santé.
Il y a quatre ans, la pandémie de Covid-19 avait montré le degré inadéquat de préparation de la communauté internationale face à une telle crise sanitaire.
Depuis, les pays membres de l’OMS peinent à conclure un traité sur les pandémies. Mais l’Alliance du vaccin – dont la mission est d’accroître l’accès aux vaccins dans les pays pauvres – a adopté en juin plusieurs mesures importantes pour mieux répondre aux urgences, a relevé Mme Nishtar, à la tête de Gavi depuis le 18 mars dernier.
L’organisation a finalisé en juin la création d’un fonds de 500 millions de dollars, un mécanisme qui permet de disposer immédiatement des ressources nécessaires pour la riposte vaccinale à une urgence de santé publique, a-t-elle indiqué.
Les leçons tirées du Covid « ont montré que lorsqu’une situation d’urgence se présentait, il n’y avait pas d’argent disponible sur lequel on pouvait s’appuyer », a expliqué cette ancienne cardiologue.
Ce fonds vient pour la première fois d’être utilisé, dans le cadre de la réponse au mpox, pour financer l’accord conclu avec le laboratoire Bavarian Nordic, garantissant la fourniture en 2024 de 500.000 doses du vaccin MVA-BN à destination des pays africains frappés par l’épidémie.
« Nous allons donc puiser jusqu’à 50 millions du fonds » et « cet argent sera en partie utilisé pour le coût du vaccin et en partie pour les frais liés à la distribution, à la logistique et à une série d’interventions auprès des systèmes de santé », a détaillé la directrice de Gavi.
– « Aussi vite que possible » –
Une épidémie de mpox frappe actuellement 14 pays africains. La RDC est l’épicentre de cette nouvelle vague avec près de 22.000 cas et plus de 700 décès enregistrés depuis le mois de janvier.
L’apparition d’un nouveau variant (le clade 1b) a poussé l’OMS à déclarer le 14 août son plus haut degré d’alerte sanitaire mondiale.
« Nous sommes très heureux d’avoir agi très rapidement. Il s’est écoulé 35 jours entre la déclaration et la signature » de l’accord, a souligné la Dre Nishar : « c’est aussi vite que possible ».
Gavi a également approuvé en juin la création, à compter de 2026, d’un stock mondial de vaccins contre le mpox, à l’instar de ceux dont elle dispose contre le choléra, la maladie à virus Ebola, la méningite et la fièvre jaune.
Ce stock – dont le nombre de doses doit encore être déterminé – pourra ainsi servir en cas de futures épidémies, et éviter ainsi que certains pays se retrouvent sans vaccins.
En juin également, Gavi a également lancé, lors d’un sommet à Paris, l' »Accélérateur de la production des vaccins en Afrique », un mécanisme de financement pour mettre à disposition jusqu’à 1,2 milliard de dollars sur dix ans à compter du lancement afin d’accélérer l’expansion de la fabrication de vaccins en Afrique.
« Car un autre enseignement » de la crise du Covid « est qu’il est nécessaire de diversifier la production régionale », a relevé la Dre Nishar.
Au total, quelque 3,6 millions de vaccins destinés à des pays africains ont été sécurisés, selon l’Africa CDC, le Centre africain de contrôle des maladies, et commencent à arriver dans les pays concernés.
Dans l’ensemble, a résumé la directrice de Gavi, « nous nous trouvons dans un scénario bien meilleur que pour le Covid » car grâce aux leçons de la pandémie », « nous avons les instruments en place, nous avons réagi très rapidement ».
© Agence France-Presse