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L’Indonésie choisit son prochain président, un ex-général favori

Près de 205 millions d’Indonésiens ont voté mercredi pour choisir leur prochain président entre trois candidats avec pour favori l’actuel ministre de la Défense Prabowo Subianto, au passé militaire controversé.

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Bien qu’accusé d’atteintes aux droits humains sous la dictature de Suharto, à la fin des années 1990, cet ancien général de 72 ans, pourrait l’emporter dès le premier tour et prendre ainsi à partir d’octobre prochain les commandes de la première économie d’Asie du Sud-Est.

Avec près de 52% d’intentions de vote, selon les derniers sondages avant le scrutin, il devançait largement Anies Baswedan, l’ancien gouverneur de Jakarta, et Ganjar Pranowo, ex-gouverneur de Java centre, au coude-à-coude pour la deuxième place.

Si aucun des candidats n’obtient la majorité, un second tour sera programmé en juin.

Les bureaux ont refermé leurs registres à 13h00 (6H00 GMT). A Jakarta, où une trentaine de bureaux n’ont pu ouvrir à temps en raison de très fortes pluies nocturnes qui ont provoqué des inondations, les électeurs qui faisaient la queue devaient être autorisés à voter après l’horaire prévu, a indiqué à l’AFP Idham Kholik, membre de la commission électorale.

Mon « espoir est de vaincre », a déclaré Prabowo Subianto, avant de voter à Bogor, ville de la grande île de Java, puis de lancer un appel aux électeurs: « Faites votre travail de citoyen, votez selon votre conscience ! ».

Si une partie de la population est sensible à son discours nationaliste, la probabilité croissante de l’accession de M. Prabowo à la présidence ne manque pas de susciter des inquiétudes quant à un éventuel recul des acquis démocratiques.

« Je veux avoir un leader qui perpétuera la démocratie », indique Debbie Sianturi, consultante, avant de voter à Jakarta.

Prabowo Subianto « a été militaire, donc je pense qu’il peut être un vrai leader », a estimé quant à lui Afhary Firnanda, employé de bureau de 28 ans, vivant dans la capitale.

Outre son président, l’Indonésie, vaste archipel de 17.000 îles, devait élire en une seule journée 580 députés et 20.000 représentants régionaux et locaux, soit l’un des plus grands scrutins au monde sur une seule journée.

Des estimations issues du comptage partiel devraient donner une indication fiable du résultat dès mercredi soir. Les décomptes officiels ne sont pas attendus avant mars.

« Jour après jour, je sens que l’esprit du changement se renforce, c’est indéniable », a estimé Anies Baswedan, sur la chaîne Metro TV.

Ganjar Pranowo a souligné de son côté que « chacun espèr(ait) une élection propre » tandis que le président sortant Joko Widodo, après avoir voté, n’a pas voulu anticiper une éventuelle victoire au 1er tour du favori Prabowo: « Nous allons juste attendre ! ».

– L’héritage de Jokowi –

Candidat pour la troisième fois, M. Prabowo a développé une rhétorique nationaliste et populiste et s’est engagé à poursuivre la politique du président sortant, surnommé Jokowi. Les autres candidats et des mouvements étudiants ont accusé ce dernier d’avoir utilisé les ressources de l’Etat pour tenter d’influencer l’élection en faveur de son ministre.

En tant que chef des forces spéciales, M. Prabowo a été accusé par des ONG d’avoir ordonné l’enlèvement de militants pro-démocratie dans les années 1990, vers la fin du régime de Suharto. Il a rejeté ces accusations et n’a jamais été poursuivi.

Pour ces allégations, l’ex-militaire a été longtemps privé de visa par les Etats-Unis et l’Australie.

Mais grâce à une large présence sur les réseaux sociaux, l’homme a adouci son image auprès des jeunes Indonésiens qui ignorent souvent les accusations portées contre lui et apprécient son engagement à poursuivre la politique du très populaire Jokowi.

« Nous avons toujours eu des inquiétudes sur son vrai attachement à la démocratie », analyse Yoes Kenawas, chercheur à l’université catholique Atma Jaya de Jakarta. « S’il est élu, ces questions resteront en suspens ».

M. Prabowo a décollé dans les sondages avec la désignation à ses côtés pour le poste de vice-président de Gibran Rakabuming Raka, 36 ans, fils aîné de Jokowi.

Théoriquement trop jeune, M. Gibran n’a pu se présenter qu’à la suite d’une décision controversée de la Cour constitutionnelle, adoptée grâce au vote décisif du président de la cour, Anwar Usman, beau-frère de Joko Widodo.

Après 10 ans au pouvoir, ce dernier laissera à son successeur un pays qui connaît une croissance constante, de 5,05% en 2023, certes en léger recul par rapport aux 5,3% de 2022.

Longtemps en retard, Anies Baswedan fait désormais figure de finaliste probable en cas de second tour, grâce à une posture d’opposant.

Un temps considéré comme favori, le troisième candidat, Ganjar Pranowo, est aujourd’hui distancé mais selon les analystes, il pourrait encore jouer un rôle de faiseur de roi.

AFP

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