Le Sri Lanka, confronté à une crise économique sans précédent, a annoncé mardi qu’il allait vendre des visas de résidence et de travail, pour renflouer ses réserves de devises étrangères dont le pays manque pour financer ses importations.
Les ressortissants étrangers qui déposeront localement un minimum de 100.000 dollars seront autorisés à vivre et à travailler au Sri Lanka dans le cadre d’un programme de visas « Golden Paradise » (paradis doré), a précisé le gouvernement.
L’argent devra être bloqué sur un compte bancaire local pour la durée du séjour, a ajouté le gouvernement dans un communiqué.
« Ce programme aidera le Sri Lanka à un moment où nous sommes confrontés à la pire crise financière depuis notre indépendance » en 1948, a déclaré le ministre des Médias Nalaka Godahewa à Colombo.
Le gouvernement a également approuvé l’octroi de visas de cinq ans à tout étranger dépensant un minimum de 75.000 dollars pour acheter un logement dans l’île.
Cette crise, imputée à la pandémie de Covid-19 qui a privé l’île d’Asie du Sud des devises du secteur touristique, a été aggravée par une série de mauvaises décisions politiques, selon des économistes.
La population, qui manque de produits de première nécessité, de carburant et de médicaments, faute d’importations, manifeste chaque jour sa colère dans toute l’île depuis plusieurs semaines et appelle le clan des Rajapaksa au pouvoir à démissionner.
Le Premier ministre Mahinda Rajapaksa, frère aîné du président, qui a exclu leur démission, a évoqué sa volonté d’envisager des réformes constitutionnelles devant les députés au parlement.
Selon un communiqué du cabinet mardi, le Premier ministre mettra en place un panel parlementaire pour un projet de réformes tandis qu’un comité de ministres planchera en parallèle aussi sur cette question.
Peu après avoir remporté les élections de novembre 2019, le président Gotabaya Rajapaksa avait modifié la Constitution, s’octroyant des pouvoirs étendus pour nommer et limoger les ministres, les juges et les fonctionnaires.
Il était aussi revenu sur les réformes démocratiques introduites en 2015 en faveur de la création d’institutions indépendantes pour gérer la police, la fonction publique, le département des élections et le système judiciaire.
Le Sri-Lanka a annoncé le 12 avril faire défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars.
Des responsables sri-lankais se sont rendus à Washington la semaine dernière pour des pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue d’un renflouement mais, selon des sources officielles, il n’y a aucun financement d’urgence en perspective.
Le ministre des Finances Ali Sabry, également du voyage, a averti vendredi que le pays allait encore souffrir de cette situation économique quelques années.