L’auteur des révélations des « Football Leaks » sur les dessous du foot-business, dont le premier procès doit se conclure jeudi à Lisbonne, est visé par une deuxième procédure portant sur 377 délits informatiques, ont annoncé lundi ses avocats.
« Cette accusation est la mise en œuvre de la stratégie du ministère public visant à éterniser le parcours judiciaire de Rui Pinto », un Portugais de 34 ans arrêté en Hongrie en 2019, ont déclaré dans un communiqué ses défenseurs, l’avocat portugais Francisco Teixeira da Mota et son collègue français William Bourdon.
Les faits de ce volet de l’enquête auraient été commis entre 2016 et 2019, ont-ils précisé, en affirmant que, dans cette nouvelle accusation, la procureure en charge du dossier « annonce qu’une troisième procédure suivra encore ».
Selon ses avocats, le parquet souhaiterait ainsi plonger Rui Pinto « dans une bataille judiciaire interminable ».
Sollicité par l’AFP, le parquet général de la République n’a pas réagi lundi à ces nouvelles information, révélées dès vendredi par la presse.
Selon le magazine Sabado et l’agence Lusa, Rui Pinto serait désormais poursuivi pour 377 faits de piratage informatique contre le Benfica Lisbonne et d’autres clubs portugais, ainsi que plusieurs entreprises, des juges, des procureurs et même le fisc.
A la fois prévenu et témoin protégé de la justice de son pays, Rui Pinto se décrit comme un lanceur d’alerte mais a reconnu avoir commis des intrusions informatiques illégales pour obtenir des millions de documents qu’il a commencé par publier lui-même sur internet fin 2015.
Transmise à un consortium de médias d’investigation européens, cette manne d’informations a mis en lumière des pratiques douteuses impliquant joueurs vedettes, clubs et agents, qui ont ensuite fait l’objet de redressements fiscaux et enquêtes judiciaires dans plusieurs pays.
De la publication des salaires de Messi ou Neymar à une accusation de viol contre Cristiano Ronaldo, entretemps classée sans suite, en passant par les stratégies de contournement du fair-play financier de Manchester City ou par le fichage ethnique au Paris Saint-Germain, la planète foot a été profondément secouée par cette gigantesque fuite.
Jugé par le tribunal de Lisbonne depuis septembre 2020, Rui Pinto y répond de 89 faits de piratage informatique et de tentative d’extorsion contre le fonds d’investissement Doyen Sports.