La Cour suprême indienne a ordonné vendredi la libération sous caution du ministre en chef de Delhi, Arvind Kejriwal, l’un des principaux opposants au Premier ministre Narendra Modi, afin qu’il puisse participer aux élections générales en cours.
Près d’un milliard d’Indiens ont été appelés à prendre part au scrutin du 19 avril jusqu’au 1er juin, pour choisir un nouveau gouvernement, constituant le plus grand exercice démocratique au monde.
Nombre d’analystes politiques considèrent acquise la victoire de M. Modi, notamment en raison de la popularité de sa politique nationaliste hindoue, majorité religieuse du pays.
Arvind Kejriwal, ministre en chef de la capitale Delhi et leader clé d’une alliance d’opposition formée pour rivaliser avec M. Modi dans ces élections, a été arrêté et placé en détention en mars le 21 mars par la principale agence indienne de lutte contre la criminalité financière.
Agé de 55 ans, M. Kejriwal est l’un des responsables de la coalition d’opposition indienne INDIA, avec Rahul Gandhi à la tête du parti du Congrès, pour rivaliser avec M. Modi.
– « s’en prendre aux opposants » –
Le gouvernement de M. Kejriwal est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin dans le cadre de l’attribution de licences de vente d’alcool à des sociétés privées.
Mais selon ses partisans, l’arrestation de M. Kejriwal, qui nie les accusations dont il fait l’objet, vise à mettre sur la touche les opposants au Premier ministre Narendra Modi.
L’un d’eux a qualifié cette affaire de « complot politique » orchestré par le parti nationaliste hindou au pouvoir Bharatiya Janata (BJP).
Des rassemblements de soutien à Kejriwal ont eu lieu dans de nombreuses autres grandes villes indiennes après son arrestation.
Ministre en chef depuis près d’une décennie, il a d’abord pris ses fonctions en tant que fervent défenseur de la lutte contre la corruption. Il avait résisté à plusieurs convocations pour être interrogé dans le cadre de l’enquête.
M. Kejriwal fait partie des nombreux dirigeants de l’opposition à faire l’objet d’une enquête criminelle.
A l’instar de Rahul Gandhi, 53 ans — dont le père, la grand-mère et l’arrière-grand-père ont tous été Premier ministre — qui a été brièvement écarté du Parlement l’an dernier après avoir été reconnu coupable de diffamation.
Il accuse le gouvernement d’un certain recul démocratique et fustige son soutien à la foi majoritaire de l’Inde, au détriment d’importantes minorités inquiètes pour leur avenir, dont 210 millions d’Indiens musulmans.
Les défenseurs des droits et l’opposition accusent le gouvernement de M. Modi d’instrumentaliser la justice à des fins politiques et s’inquiètent du rétrécissement de l’espace démocratique en Inde.
Selon le groupe de réflexion américain Freedom House, le BJP « s’est de plus en plus servi des institutions gouvernementales pour s’en prendre aux opposants politiques ».
© Agence France-Presse