La principale force d’opposition en Inde, le parti du Congrès, a annoncé vendredi que ses comptes bancaires avaient été gelés par le fisc, à quelques semaines de la convocation attendue d’élections nationales.
Le porte-parole du parti, Ajay Maken, a estimé que cette action visait à mettre le mouvement de Rahul Gandhi en difficulté avant les élections, lors desquelles le Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi briguera selon toute vraisemblance un troisième mandat.
« Quand les comptes du principal parti d’opposition sont gelés à peine deux semaines avant l’annonce des élections nationales, pensez-vous que la démocratie soit vivante dans notre pays ? », s’est-il interrogé devant des journalistes. « Vous ne pensez pas que cela va vers un système de parti unique? », a-t-il ajouté.
Selon M. Maken, le fisc indien réclame le paiement de 2,1 milliards de roupies (25,3 millions de dollars) dans le cadre d’une enquête sur les déclarations de revenus du parti pour l’exercice 2018-2019.
M. Maken a reconnu que le parti du Congrès avait déposé ses déclarations de revenus avec jusqu’à 45 jours de retard. Mais il a insisté sur le fait qu’il n’avait rien fait qui justifie une telle pénalité.
« Aujourd’hui est un triste jour pour la démocratie indienne », a-t-il déclaré, ajoutant que le parti faisait appel de la décision devant les tribunaux et organiserait des manifestations.
– Enquêtes contre l’opposition –
L’opposition et les groupes de défense des droits accusent régulièrement le gouvernement de Narendra Modi d’utiliser les institutions pour cibler ses ennemis politiques.
L’annonce de vendredi fait suite à de nombreuses sanctions et enquêtes en cours contre les principaux opposants au Bharatiya Janata Party (BJP), la formation de M. Modi.
Le chef du parti du Congrès, Rahul Gandhi, descendant de la dynastie qui a dominé la politique indienne pendant des décennies, a été reconnu coupable de diffamation l’année dernière après une plainte déposée par un membre du BJP.
Sa peine de deux ans de prison l’a disqualifié du Parlement, jusqu’à ce que le verdict soit suspendu en appel. Cet épisode a soulevé des inquiétudes quant au respect des normes démocratiques dans le pays le plus peuplé du monde.
Autrefois force politique dominante de l’Inde, le parti du Congrès a perdu les deux dernières élections nationales, en 2014 et 2019, face au BJP. Il concourt aux prochaines élections au sein d’une alliance disparate.
Arvind Kejriwal, chef du parti Aam Aadmi, autre membre de cette alliance d’opposition, et également ministre en chef de la région de Delhi, a été convoqué à plusieurs reprises par les enquêteurs pour des allégations de corruption dans l’attribution de permis de ventes d’alcool.
Début février, la police a arrêté Hemant Soren, le ministre en chef de l’Etat du Jharkhand oriental et autre figure importante de l’opposition, l’accusant d’avoir contribué à une vente présumée illégale de terres.
La principale agence d’investigation financière indienne mène des enquêtes contre au moins quatre autres ministres en chef qui dirigent des Etats indiens ou leurs familles, tous issus de partis d’opposition.
D’autres enquêtes ont été abandonnées contre d’anciens rivaux du BJP qui ont ensuite changé d’allégeance en faveur du parti au pouvoir.
Le président du BJP de Delhi, Virendra Sachdeva, a déploré de son côté les manquements présumés du parti du Congrès à ses obligations fiscales.
« Il est regrettable qu’un grand parti comme le Congrès ne respecte pas les règles du gouvernement. S’il ne respecte pas les règles, il doit alors en assumer les conséquences », a-t-il déclaré.
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