Investiture solennelle, discours sur le rassemblement de la nation et bains de foule: François Hollande a officiellement pris ses fonctions mardi de président français, puis a nommé son Premier ministre, avant de se rendre à Berlin en pleine crise grecque.
Après une journée forte en symboles, François Hollande a chargé le chef des députés socialistes Jean-Marc Ayrault, 62 ans, de former son premier gouvernement.
Ce socialiste réformiste peu connu du grand public, germanophile et germanophone, devrait rassurer l’Allemagne, où le nouveau chef de l’Etat est arrivé en début de soirée – après un retard dû à un problème avec son avion – pour son premier entretien avec la chancelière Angela Merkel.
« A compter de ce jour, vous incarnez la France ». C’est par ces mots prononcés par le président du Conseil constitutionnel que François Hollande, élu le 6 mai, est devenu mardi matin, à 57 ans, le septième président de la Ve République.
Premier socialiste à s’installer à l’Elysée depuis 17 ans, François Hollande a immédiatement adressé un « message de confiance » aux Français.
« Le pays a besoin de réconciliation, de rassemblement, c’est le rôle du président de la République d’y contribuer, faire vivre ensemble tous les Français sans distinctions (…) autour des mêmes valeurs, celles de la République, tel est mon impérieux devoir », a-t-il dit, promettant « simplicité et dignité » à la tête de l’Etat.
Cette sobriété a été voulue par le nouveau président, en contraste avec son prédécesseur, le conservateur Nicolas Sarkozy, accusé d’avoir exercé de façon ostentatoire le pouvoir et tenu un discours de division des Français.
En vertu d’un protocole minutieux, c’est le président sortant qui avait accueilli François Hollande au palais de l’Elysée à 10H00 (08H00 GMT). Après une poignée de mains, les deux hommes se sont isolés pour la passation des pouvoirs au cours de laquelle le sortant a remis à l’élu les codes pour les armes nucléaires.
Parallèlement, la journaliste Valérie Trierweiler, compagne du nouveau président, s’entretenait avec Carla Bruni-Sarkozy.
Puis, sous les applaudissements du personnel de l’Elysée et cinq ans après y être entré triomphalement, Nicolas Sarkozy a foulé le tapis rouge en sens inverse, main dans la main avec son épouse, avant de quitter l’Elysée en voiture.
Marseillaise, honneurs militaires et coups de canon. Une fois investi, le nouveau chef de l’Etat a remonté en voiture découverte l’avenue des Champs-Elysées jusqu’à l’Arc de Triomphe pour raviver, le costume trempé par une pluie battante, la flamme du tombeau du soldat inconnu.
Pour ce déplacement sous escorte, il a choisi une voiture hybride diesel et électrique, une Citroën DS 5, vue comme un symbole de l’excellence industrielle française.
Pour marquer ses priorités, l’éducation et l’intégration, François Hollande a rendu hommage à deux figures de l’histoire française : Jules Ferry, père de l’école laïque, gratuite et obligatoire à la fin du XIXe siècle, et Marie Curie, née en Pologne et devenue double prix Nobel français de physique et de chimie.
Le choix de Jules Ferry a fait grincer des dents, en Afrique notamment, en raison de sa défense de la politique coloniale française. Mais M. Hollande s’est démarqué de cette « faute morale et politique ».
Enfin, pour fêter l’événement avec ses amis et la foule de Parisiens conviés par leur maire socialiste Bertrand Delanoë, c’est à l’Hôtel de Ville de la capitale, devant lequel l’attendaient des milliers de personnes, qu’il a achevé les cérémonies d’entrée dans ses fonctions.
Le dernier bain de foule de la journée pour le président socialiste qui, à chacune des étapes de cette journée, a pris le temps d’aller serrer des mains et saluer les Français.
Après la désignation de ses proches collaborateurs à l’Elysée, puis celle de Jean-Marc Ayrault, François Hollande est entré dans le vif des difficultés dans la soirée à Berlin.
Son arrivée a été retardée par les intempéries. L’avion présidentiel « a pris la foudre » et a dû faire demi-tour peu après son décollage, obligeant le chef de l’Etat à monter dans un autre appareil, a indiqué le ministère de la Défense.
Le rendez-vous avec Angela Merkel est délicat. Le chaos politique en Grèce, qui se dirige vers de nouvelles élections, le rend d’autant plus crucial qu’une sortie de ce pays de la zone euro est désormais ouvertement évoquée.
La chancelière allemande s’oppose au président français sur les moyens de relancer la croissance en Europe. François Hollande veut une renégociation du traité de discipline budgétaire européen, tandis que le chef du gouvernement allemand refuse toute relance par l’emprunt.
Dans son discours d’investiture, M. Hollande a souhaité « ouvrir une voie nouvelle en Europe », indiquant qu’il proposerait aux dirigeants européens un « nouveau pacte » alliant la réduction des dettes publiques à une « indispensable stimulation de l’économie ».
FRANCE: Hollande nomme son Premier ministre, rencontre Merkel en pleine crise
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