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Espagne: 77 morts dans le déraillement d’un train, la vitesse mise en cause

Au moins 77 personnes sont mortes et plus de 140 ont été blessées quand un train de voyageurs a déraillé mercredi à Saint-Jacques de Compostelle, dans le nord-ouest de l’Espagne, une tragédie dans laquelle la presse mettait en cause une vitesse excessive.
Plusieurs témoins ont raconté avoir entendu le bruit sourd d’une explosion. « J’ai entendu comme un coup de tonnerre. C’était comme s’il y avait eu un tremblement de terre », a dit à l’AFP un témoin âgé de 39 ans, Francisco Otero, qui se trouvait au moment de l’accident dans la maison de ses parents, le long de la voie.
L’accident, l’une des plus graves tragédies ferroviaires de l’histoire de l’Espagne, s’est produit à 20h42 (18h42 GMT) sur un tronçon de voie à grande vitesse, dans un virage très prononcé de la localité d’Angrois, à environ quatre kilomètres de la gare de Saint-Jacques de Compostelle, la ville de pèlerinage mondialement célèbre.
Plusieurs wagons sont sortis de la voie, s’empilant les uns sur les autres.
Sur les 222 personnes à bord du train, 69 ont été tuées, a annoncé dans la nuit le tribunal régional de Galice, précisant que certaines zones du train, « d’accès difficile », n’avaient pas encore été inspectées. 143 personnes ont été blessées, selon le tribunal.
« Je suis arrivé une minute plus tard. La première chose que j’ai vue a été le cadavre d’une femme. Cela m’a beaucoup impressionné. Je n’avais jamais vu un cadavre de ma vie », a raconté Francisco Otero, joint par téléphone. « Mais surtout, ce qui m’a le plus impressionné, c’était un grand silence. Il y avait aussi un peu de fumée et un petit incendie ».
« Tout cela était irréel. Il y avait des voisins qui s’approchaient, ils tentaient d’extraire les gens prisonniers des wagons, avec des pics, des masses, et finalement ils ont réussi avec une scie à main ».
« Il y a un wagon déchiqueté », « les cadavres sont sur les voies », a raconté aussi le président de Galice, Alberto Nuñez Feijoo, décrivant une scène « dantesque ».
Quatre wagons étaient renversés sur la voie, dont l’un au moins complètement déchiqueté, empilé sur un autre, de la fumée et des flammes se dégageant du convoi. Un autre a été projeté en l’air, jusque sur un terre-plein au-dessus de la voie.
« Il semble que dans un virage le train ait commencé à se retourner, nous avons fait beaucoup de tonneaux et plusieurs wagons se sont empilés les uns sur les autres », a raconté un passager, cité par la radio Cadena Ser.
Alors que les causes de l’accident n’étaient pas officiellement connues, la presse montrait du doigt une vitesse excessive sur un tronçon, empruntant un virage situé en zone urbaine, limité à 80 kilomètres/heure.
« Grande vitesse mortelle », titrait le journal El Mundo, selon lequel le convoi était engagé à 220 kilomètres/heure dans cette courbe délicate, le virage de A Gandeira. « L’excès de vitesse est une des hypothèses qui prédomine », écrivait le journal.
Selon El Pais, le train circulait à 180 km/h en abordant le virage.
Le train venant de Madrid se dirigeait vers El Ferrol, sur la côte atlantique, et circulait à cet endroit sur un tronçon de la voie à grande vitesse galicienne, mise en service en décembre 2011, reliant la ville d’Ourense à Saint-Jacques puis La Corogne. Il transportait 218 passagers et 4 employés de la compagnie de chemin de fer, la Renfe.
« Une enquête est en cours et nous devons attendre » pour connaître les causes de l’accident, a déclaré un porte-parole de la Renfe. « Nous connaîtrons sous peu la vitesse quand nous analyserons les boîtes noires du train ».
L’accident s’est produit à la veille de la Saint-Jacques, le saint patron des Galiciens, une fête traditionnelle dans cette région. Toutes les cérémonies prévues à Saint-Jacques ont été annulées.
Très vite, de longs convois d’ambulances, gyrophares allumés, se sont formés, dans une course contre la montre pour évacuer les blessés. La nuit venue, toutes les routes environnantes étaient envahies par un ballet d’ambulances, sirènes hurlantes, tandis que sur les voies, les secouristes casqués poursuivaient leur travail.
Plusieurs cadavres gisaient sur les voies, recouverts de couvertures. Des secouristes vêtus de gilets jaunes, armés de pics, tentaient de se frayer un chemin dans les tôles froissées.
« Les dernières évacuations de blessés sont en cours et l’identification des morts se poursuit », a indiqué en début de nuit le vice-président de la région, Alfonso Rueda.
Un bâtiment municipal a été mis à disposition des familles, qui pouvaient y recevoir les conseils de psychologues et des informations. Les autorités locales ont lancé un appel aux dons du sang.
Le centre d’aide aux familles « s’est rempli dès le premier instant, et les gens continuent à arriver », a raconté dans la nuit un porte-parole.
Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, natif de Saint-Jacques de Compostelle, est attendu jeudi matin sur place. « Je souhaite exprimer mon affection et ma solidarité avec les victimes du terrible accident de train de Saint-Jacques », a-t-il lancé dans un message sur Twitter.
Depuis Rio de Janeiro, le pape François a invité à prier pour les victimes et leurs familles.
Cette catastrophe ferroviaire est l’une des plus graves jamais survenues en Espagne. En 1944, une collision entre un train qui se rendait lui aussi de Madrid en Galice et une locomotive avait fait des centaines de morts. En 1972, 77 personnes avaient été tuées dans le déraillement d’un train reliant Cadix à Séville, en Andalousie.

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