L’opposition a elle accusé M. Modi de tenir des propos stigmatisant les musulmans et alimentant, en plein processus électoral, les tensions sectaires.
Varanasi (ou Bénarès), la circonscription du Premier ministre de 73 ans dans le nord du pays, est la capitale spirituelle de l’hindouisme, et le lieu où des fidèles de toute l’Inde viennent incinérer leurs proches décédés au bord du Gange.
C’est l’une des dernières villes où l’on vote, à l’issue d’un processus électoral par étapes, souvent dans une chaleur éprouvante.
Selon les prévisions, les températures à Varanasi devraient atteindre 44 degrés samedi, tandis qu’elles ont dépassé les 45°C dans de nombreuses villes ces derniers jours.
Au point qu’un tribunal indien du Rajasthan, dans le nord-ouest, a exhorté le gouvernement à décréter l’urgence nationale face à cette vague de chaleur qui a, selon lui, fait des « centaines » de morts.
– « Sentiment de fierté » –
Varanasi est la ville où le soutien de l’opinion publique à la politique de resserement des liens entre l’hindouisme et le pouvoir, mené par M. Modi est le plus fort.
« Modi est manifestement en train de gagner », dit à l’AFP Vijayendra Kumar Singh, qui travaille dans l’un des nombreux hôtels de ce lieu de pèlerinage très prisé.
« Il y a un sentiment de fierté pour tout ce qu’il fait, et c’est pour cela que les gens votent pour lui ».
Narendra Modi a déjà offert à son parti, le Bharatiya Janata Party (BJP), deux victoires écrasantes en 2014 et 2019, en grande partie grâce à son appel à l’électorat hindou.
Cette année, il a inauguré avec faste un grand temple dédié à la divinité Rama, à Ayodhya sur le site occupé précédemment par une mosquée vieille de plusieurs siècles qui a été rasée par des fanatiques hindous en 1992.
La construction du temple, longtemps réclamé par les promoteurs de l’hindouisme, a été célébrée dans tout le pays, avec des retransmissions en direct et des fêtes de rue.
Cette inauguration, ainsi que de nombreux autres signaux en faveur de la religion majoritaire de l’Inde cette dernière décennie, ont attisé les inquiétudes de la minorité musulmane, forte de plus de 200 millions de personnes, pour son avenir.
Narendra Modi lui-même a tenu des propos controversés envers les musulmans au cours de sa campagne, les qualifiant d' »infiltrés ». Il a également accusé la coalition de l’opposition, formée par deux dizaines de partis de divers bords de vouloir redistribuer les richesses de l’Inde aux musulmans.
Les analystes tablent depuis longtemps sur une victoire de M. Modi face à une alliance d’opposition, qui n’a pas désigné de candidat au poste de premier ministre.
Plusieurs enquêtes de justice ouvertes contre ses opposants et une enquête fiscale qui a gelé cette année les comptes bancaires du Congrès, le plus grand parti d’opposition de l’Inde, ont encore renforcé son ascendant.
Les démocraties occidentales ont largement fermé les yeux sur les menaces contre les droits et les libertés dans le pays, afin de préserver un allié précieux face à l’affirmation croissante de la Chine.
L’image de Narendra Modi a été confortée dans son pays par l’influence diplomatique et économique croissante de l’Inde, qui a dépassé la Grande-Bretagne en tant que cinquième économie mondiale en 2022.
« En tant qu’Indienne, j’ai le sentiment qu’il a apporté beaucoup de respect et de prestige à l’Inde pendant son mandat », a déclaré à l’AFP Shikha Aggarwal, 40 ans, à la sortie d’un bureau de vote samedi.
Les électeurs indiens ont voté en sept phases sur six semaines pour faciliter l’immense opération logistique que représente l’organisation d’une élection dans le pays le plus peuplé du monde.
Le dépouillement et les résultats sont attendus mardi, mais les sondages de sortie des urnes publiés après la fermeture des bureaux de vote samedi devraient donner quelques indications sur le vainqueur.
© Agence France-Presse