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DEMISSION: Fin de règne sous les huées et les insultes pour Silvio Berlusconi

Silvio Berlusconi a quitté le pouvoir samedi sous les huées et les insultes à Rome, tournant une page de près de 20 ans ponctuée par les scandales sexuels et les procès pour corruption en Italie, désormais au bord de l’asphyxie financière.
Accusé d’avoir miné la crédibilité de son pays, le magnat des medias, 75 ans, a remis sa démission après l’adoption par le Parlement de mesures économiques destinées à rassurer les marchés et ses partenaires internationaux.
Elle a été acceptée par le président de la République Giorgio Napolitano qui devrait, sauf énorme surprise, nommer à sa place l’ex-commissaire européen Mario Monti, 68 ans.
Comble de l’humiliation, le Cavaliere a dû quitter le palais présidentiel du Quirinal par une porte dérobée alors que devant l’entrée principale des manifestants applaudissaient et hurlaient de joie en criant « bouffon, bouffon! ».
Il avait été accueilli moins d’une heure plus tôt aux cris de « va te faire f… », « mafieux! », « honte! », « prison! » « c’est fini! »… ou encore « primavera, primavera » (printemps! printemps), dans une allusion probable aux révolutions arabes qui ont renversé des dictateurs.
A des proches, il a confié sa « profonde amertume », selon l’agence italienne Ansa.
Dès l’après-midi, une foule avait envahi divers symboles du pouvoir à Rome aux cris de « Démission, démission ». Certains brandissaient des drapeaux italiens tricolores -vert, blanc, rouge- , d’autres arboraient des pancartes « Bye-bye Silvio! », « Disparais! » et « Enfin! ».
Sur la place du Quirinal, un orchestre improvisé, dont les musiciens et choeurs s’étaient retrouvés sur internet, avait plus pacifiquement entonné un bel Alleluia de Haendel.
« Aujourd’hui, nous sommes ici parce que nous sommes très, très heureux que Berlusconi, finalement, rentre chez lui! Qu’il retourne à la maison! », déclarait une manifestante au milieu d’un concert de sifflets. « Ciao, et surtout, ne reviens pas ! », lançait un autre.
Quelques manifestants ont toutefois applaudi le président du Conseil. Il « est unique, inoubliable. Il n’y a personne à la hauteur », déclarait Massimo della Seta, un ouvrier de 25 ans. « On se sent orphelins », déplorait Maria Teresa Borghelli, 54 ans.
« Aujourd’hui le rideau tombe sur une page longue et douloureuse de notre histoire », a déclaré de son côté Dario Franceschini, du Parti démocrate, le principal parti d’opposition.
De son côté, Fabrizio Cicchitto, du Peuple de la Liberté (PDL), le parti de M. Berlusconi, a affirmé que ce dernier a accepté de démissionner « alors qu’il n’était pas obligé de le faire ».
« Il a démontré une conscience nationale, nous l’en remercions et lui exprimons notre solidarité pour les attaques dont il a fait l’objet », a-t-il ajouté sous les huées de nombreux députés.
Porté en triomphe lors de son entrée en politique il y a 17 ans, lors de la création de son parti « Forza Italia » (Allez l’Italie!), M. Berlusconi était affaibli depuis des mois par trois procès -pour corruption, fraude fiscale et prostitution de mineure-, les scandales sexuels et l’étiolement progressif de sa majorité.
Mais il part sous la pression des marchés et une envolée des taux qui menace l’Italie d’asphyxie financière. Devant la crainte d’une contagion qui fait frémir l’Europe et la planète, le pays a été placé sous le contrôle du FMI, de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne.
Avec une cote de popularité qui s’était écroulée à 22%, le Cavaliere a perdu la majorité absolue mardi à la Chambre des députés.
Tout se joue pour quelques heures encore au Quirinal, où M. Napolitano a appelé les forces politiques à « agir avec responsabilité ». « La grave crise financière et économique, interne et internationale représente un défi pour la cohésion sociale de notre pays », a-t-il déclaré dans la matinée.
Car il doit faire face à une partie de l’actuelle majorité qui renâcle à soutenir un gouvernement de transition ouvert à l’opposition et réclame des élections anticipées.
« Pour tout l’or du monde, je ne ferai jamais partie d’un exécutif avec des représentants de gauche », s’est énervé le ministre de la Défense, Ignazio La Russa, ex-néo-fasciste.
Et Silvio Berlusconi, qui a pourtant apporté son soutien à M. Monti et l’a reçu pendant deux heures à déjeuner samedi, n’a pas perdu la volonté de se battre: « Nous sommes en mesure de débrancher la prise quand nous voulons », a-t-il dit à ses proches.

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