Une survivante de l’immeuble effondré au Bangladesh a été extraite vendredi des ruines après avoir passé 17 jours dans les gravats d’un sous-sol, un sauvetage miraculeux par des secouristes qui ont entendu ses appels alors qu’ils ne découvraient plus que des cadavres.
Quelques heures après l’annonce du tragique bilan dépassant les 1.000 morts, l’opération de secours a été suivie en direct par la télévision locale et une foule compacte massée sur les lieux, tandis que des membres du clergé islamique appelaient la population à prier pour cette femme.
Après avoir été extraite des décombres, cette femme identifiée comme Reshna, a été rapidement transportée jusqu’à une ambulance proche, réussissant toutefois à adresser un faible sourire à la foule intensément émue. Le Rana Plaza, qui abritait cinq ateliers de confection, s’est écroulé le 24 avril à Savar, dans la banlieue de Dacca.
« J’ai appelé, mais personne ne m’a entendue », a-t-elle dit plus tard à la télévision Somoy.
Dans un lointain village du nord du pays, sa famille exultait. « C’est un miracle. Nous avions perdu tout espoir de la retrouver vivante », a dit à l’AFP son frère Zahidul Islam qui avait visité tous les hôpitaux et les morgues de la ville.
« J’ai vu son visage quand on l’a sortie. C’était elle, ma soeur », a-t-il ajouté en précisant qu’elle avait 18 ans et travaillait comme couturière dans un atelier.
Selon le chef des pompiers, elle a été localisée dans un trou entre une poutre et un pilier et a peut-être pu avoir accès à de l’eau.
« Elle avait peut-être des réserves d’eau ou a peut-être bu un peu de l’eau que nous avons injectée dans le bâtiment », a déclaré à l’AFP Ahmed Ali.
« Nous lui avons donné de la nourriture et lui avons assuré qu’elle serait sauvée. Nous avons mis 45 minutes à la secourir. Nous l’avons sortie en utilisant de légers marteaux, des scies et des foreuses », a raconté un officier de l’armée.
L’un des secouristes a indiqué que cette femme avait crié à l’aide alors que les équipes de secours inspectaient les ruines du Rana Plaza.
« Alors qu’on était en train de déblayer les gravats, on a appelé pour voir si quelqu’un était vivant. On l’a alors entendu dire: +S’il vous plaît, sauvez-moi, s’il vous plaît, sauvez-moi+ », a déclaré ce secouriste à la chaîne Somoy.
Un autre secouriste a dit que cette miraculée avait eu accès à de la nourriture pendant quinze jours mais que les réserves s’étaient épuisées voici deux jours.
« Elle a dit qu’elle n’avait pas mangé depuis les deux derniers jours. Elle a dit qu’elle avait mangé des biscuits », a ajouté ce secouriste. « Elle a dit qu’elle avait trouvé un lieu sûr et trouvé un peu d’air et de lumière ».
Un conseiller du Premier ministre, Mme Sheikh Hasina, a confirmé que cette femme serait soignée dans un hôpital militaire proche. « Le Premier ministre a indiqué qu’il s’agissait d’un événement sans précédent. Elle suit la situation et a félicité les secouristes », a indiqué à l’AFP Mahbubul Hoque Shakil.
Son sauvetage est l’un des plus incroyables de ces dernières années, même s’il ne s’agit pas de la plus longue période de survie après un accident.
Le 12 décembre 2005, une femme de 40 ans avait été retrouvée dans les ruines de sa maison au Cachemire pakistanais, deux mois après un séisme.
A Savar, l’armée s’apprêtait vendredi à mettre un point final à ses opérations de secours après la découverte de dizaines de nouveaux corps dans les décombres de la cage d’escalier, portant le bilan à 1.045 morts.
De nombreux cadavres étaient réduits à l’état de squelettes. Plus de 3.000 ouvriers parfois payés moins de 30 euros par mois confectionnaient de l’habillement, notamment pour les marques britannique Primark (Associated British Foods) et espagnole Mango, lorsque l’immeuble s’est écroulé.
Certains corps méconnaissables ont pu être identifiés grâce au téléphone portable retrouvé dans leur poche ou leur badge de travail porté autour du cou.
Selon les survivants, le montant des dommages et intérêts n’est pas à la hauteur de leur immense préjudice et ne couvrira même pas les frais médicaux.
Une enquête préliminaire a conclu que des vibrations dues notamment à de gros générateurs mis en marche lors d’une coupure d’électricité, étaient à l’origine de l’effondrement de l’immeuble, déjà très fragilisé.
La police a arrêté douze personnes, dont le propriétaire de l’immeuble et quatre propriétaires des ateliers, pour avoir obligé les ouvriers à revenir travailler en dépit des fissures constatées la veille sur les murs.
Le Bangladesh est le deuxième exportateur au monde de vêtements en raison de la modicité des salaires et d’une main-d’oeuvre abondante. Ce secteur-clé de l’économie, qui génère 29 milliards de dollars par an, représentait l’an dernier 80% des exportations du pays.
Mais les conditions de travail et les normes de sécurité dans cette industrie sont dénoncées depuis des années par les ONG.
Les incendies sont fréquents dans les 4.500 ateliers de confection du pays.
En novembre 2012, un incendie avait fait 111 morts. Et jeudi, huit personnes sont mortes dans l’incendie nocturne d’un immeuble abritant des ateliers de confection.
Bangladesh: une survivante retrouvée au 17e jour des opérations de secours pour l’immeuble effondré
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