Le géant chinois de la téléphonie Huawei lance jeudi à Munich son dernier smartphone haut de gamme, le premier à être impacté par les sanctions américaines et qui pourrait donc être privé des populaires applications de Google.
A quoi ressemble en 2019 un téléphone dépourvu des composants et services de la Silicon Valley, si hégémonique sur ce marché ? Huawei aura-t-il trouvé une ruse pour contourner les sanctions américaines ?
Le feuilleton techno-diplomatique, volontiers entretenu par la marque chinoise, prendra fin à 12H00 GMT, avec la présentation au public des derniers modèles de la marque chinoise, le Mate 30 et le Mate 30 Pro.
Huawei, prise directement pour cible par les Etats-Unis sur fond de bras de fer commercial avec Pékin, a été inscrite en mai par Washington sur une liste noire. Les sociétés américaines ont désormais interdiction de commercer avec la firme chinoise, accusée par Donald Trump de velléités d’espionnage.
L’interdiction concerne la fourniture de matériels, services et logiciels commercialisés par des firmes américaines, en première ligne Google, qui n’a plus le droit de proposer sa certification à la marque chinoise.
Le nouveau Mate de Huawei devrait ainsi fonctionner sous une version « ouverte » d’Android, le système d’exploitation créé par Google et qui équipe la plupart des téléphones du moment. Jusque là, l’utilisateur ne devrait pas voir une différence significative.
– Guerre des OS –
Mais privé du « Play Store », donc de la possibilité de télécharger des applications très populaires comme Google Map, Whatsapp ou Instagram, le smartphone pourrait s’avérer quasi inutilisable. Les distributeurs, notamment en France, hésiteraient donc à le proposer à leurs clients, de peur de se le voir retourner après quelques heures, rapporte la presse spécialisée.
Le président de Huawei, Richard Yu, a toutefois déclaré lors de la foire internationale de l’électronique de Berlin début septembre que ses ingénieurs avaient trouvé un moyen « très simple » pour accéder à ces applications, en se passant du Play Store.
Selon la presse spécialisé, Huawei pourrait dans un premier temps proposer une version pilote de son propre magasin d’applications, créneau jusqu’ici sous la double domination d’Apple et Google.
A plus long terme, si la guerre commerciale devait s’enliser, Huawei, devenu numéro deux mondial derrière Samsung, compte développer un écosystème technologique lui assurant une totale souveraineté.
La firme de Shenzen a présenté en début de mois HarmonyOS, son propre système d’exploitation susceptible de remplacer Android sur ses appareils mais qui n’équipera pas encore le Mate 30.
En parallèle, le président du directoire tournant de Huawei, Eric Xu, pousse aussi pour une alternative européenne à Android et iOS, pour réduire la dépendance à Apple et Google et renforcer sa position sur le continent aux 500 millions de consommateurs.
« Si l’Europe avait son propre écosystème pour les terminaux intelligents, Huawei l’utiliserait … cela résoudrait le problème de la dépendance numérique européenne », a affirmé le dirigeant dans un entretien au quotidien allemand Handelsblatt, se disant prêt à investir pour de tels projets sino-européens.
© AFP