Outrage à la cour – Vente illégale de terre : Marie Liliane Tonta derrière les barreaux à 86 ans !

« Fragilisée par les troubles du vieillissement, elle a été victime d’abus de faiblesse de la part de son propre fils », disent des proches Face à sa santé qui se dégrade de manière alarmante, ils implorent la grâce présidentielle L’ombre d’un notaire, impliqué dans des transactions immobilières très peu conventionnelles, plane sur cette sombre affaire

Le 10 juin 2024 est une date à marquer d’une pierre noire pour les proches de Marie Liliane Tonta, 86 ans. Cette habitante de Curepipe a été condamnée ce jour-là à trois mois de prison pour n’avoir pas respecté un ordre du juge en référé en date du 26 juillet 2019, lui interdisant de vendre un terrain de cinq arpents, sis à La Cambuse, à son fils aîné pour la somme de Rs 25 millions, payée hors de la vue notaire.

- Publicité -

Cette affaire a pour toile de fond l’action logée en Cour suprême par la compagnie Omnicane Ltd, qui revendique la propriété du terrain. À en croire l’un de ses quatre fils, Marie Liliane Tonta serait une personne vulnérable qui ne connaît absolument rien à ces types de transactions : « Elle s’est fait berner et manipuler par mon frère qui lui a fait signer des documents de vente à son insu. C’est la pire des trahisons de la part d’un fils. » Le traumatisme qui assaille l’octogénaire derrière les barreaux de la prison de Beau-Bassin commence sérieusement à inquiéter ses proches, qui implorent la grâce présidentielle.

Les traits sont fatigués, les mines sont défaites. Le verdict de la Cour est tombé comme un coup de massue pour les membres de la famille Tonta, qui n’entendent pas pour autant baisser les bras. Ils jouent leur va-tout dans une tentative désespérée de la faire libérer… avant qu’il ne soit trop tard. Le terme n’est pas assez fort pour décrire la situation, si on se réfère au témoignage de l’un des quatre fils de Marie Liliane Tonta : « Notre objectif est clair et limpide. Sauver ma mère d’une mort lente en la faisant libérer bien avant la fin de sa sentence. Il ne s’agit pas de se montrer défaitiste ou de remettre en cause l’ordre du juge, mais l’État a le devoir de protéger ses citoyens, surtout si ça concerne une personne a été trahie par son propre fils et dont la santé est en péril ». La rage au ventre, il nous décrit les effets de la détention sur la santé de sa mère : angoisse, perte de sommeil, vertige, perte de poids, maux de tête, problèmes de tension et de cœur. « C’est un crève-cœur de la voir dans cet état. C’est une bonne femme sans histoire », dit-il.

Comment a-t-on pu en arriver là ? Pour comprendre la genèse de cette sombre affaire, il faut remonter à l’année 2020, lorsqu’un haut cadre d’Omnicane porte plainte au CCID après avoir vu des annonces alléchantes pour la vente d’un terrain de cinq arpents — pieds dans l’eau — à La Cambuse. Il est persuadé que ledit terrain appartient au groupe Omnicane et qu’une agence immobilière a mis en vente ce lopin sans l’accord du groupe. C’est un notaire — impliqué dans des transactions immobilières lui ayant valu une condamnation pour faute professionnelle, en 2005 — qui aurait signé l’acte de vente, en 2019. Sur la base d’une enquête, on découvre qu’une certaine Marie Lilianne Tonta a revendiqué, par le biais de documents signés, être la propriétaire des cinq arpents de terre qu’elle a vendu plus tard… à l’un de ses huit enfants, dont deux ne sont plus de ce monde. Le paiement, suivant cette transaction, a lieu hors de la vue d’un notaire ! Or, il s’avère qu’un mois avant cette vente, la Cour suprême avait émis un ordre intérimaire ordonnant à Marie Lilianne Tonta de ne pas disposer du terrain en question, appartenant en réalité au groupe Omnicane.

Techniques de manipulation bien rodées
Des questions essentielles reviennent en boucle dans cette affaire. Marie Liliane Tonta n’était-elle pas au courant que les choses tournaient au vinaigre au moment de recevoir l’ordre de la Cour, au point de ne pas se présenter à l’audience pour la demande d’injonction ? Ce type d’ordre de la Cour suprême ou injonction concernant des propriétés, n’est-il pas circulé parmi tous les notaires ? Pourquoi s’entêter à revendiquer des terres qui ne lui appartiennent pas ? C’est justement là où le tableau se noircit, si on fie aux graves accusations lancées par la famille qui décrit une affaire relevant d’abus de faiblesse orchestré par un des fils de Marie Lilianne Tonta. Il lui aurait fait signer des documents en usant de prétextes fallacieux. Le fameux notaire ne serait pas exempt de tout reproche, quand bien même il aurait confié ne pas avoir été informé de l’existence de cette injonction.

Les enfants et petits-enfants de l’octogénaire disent être « tombées des nues en découvrant le pot aux roses, en 2018, au détour d’une conversation anodine avec elle. » Comment ont-ils fait pour passer à côté des manigances alléguées de l’aîné de la fratrie Tonta ? La famille dépeint le portrait d’un homme aux techniques de manipulation bien rodées, dépourvu d’empathie et prêt à tout pour arriver à ses fins, au point d’avoir réussi à convaincre sa mère qu’elle était propriétaire d’un terrain de cinq arpents, sis à La Cambuse ! « On s’en veut de ne pas avoir flairé le piège tendu par mon frère et son épouse. Quand bien même elle a encore toutes ses facultés, ma mère est fragilisée par les troubles du vieillissement. Mon frère, qui avait disparu des radars au milieu des années 2010, était réapparu par enchantement en se rapprochant de maman, qui en était très ravie. Elle a vite déchanté, la pauvre. C’est une honte », souligne un des fils.

La balle dans le camp du président
La colère des proches atteint le point d’ébullition face au je-m’en-foutisme dont ferait preuve le concerné face au calvaire que doit endurer Marie Lilianne Tonta entre quatre murs. « On s’est dit qu’il allait peut-être faire amende honorable après l’arrestation de celle qui l’a porté pendant neuf mois et offert tout l’amour du monde, mais on s’est mis le doigt dans l’œil. Non seulement il ne fait pas grand cas du malheur de maman, mais il use de menaces verbales lorsqu’on essaie de lui faire entendre raison », confie un proche.
Marie Lilianne Tonta avait pourtant obtenu un sursis le 21 juillet 2023. Condamnée dans la matinée à trois mois de prison pour outrage à la cour, elle a été libérée sous caution dans l’après-midi, suivant un appel interjeté par son avoué, Me Kaviraj Bokhoree. Elle n’a pu échapper au couperet un an plus tard, au grand dam de sa famille, qui remue ciel et terre pour la sortir de la nasse. « Ma mère fait peine à voir. Elle tremblote constamment et ressent un sentiment de danger imminent accompagné de palpitations cardiaques, de tremblements et de vertiges », confie un proche, les sanglots dans la voix. La balle est désormais dans le camp du président de la République, Pradeep Roopun, qui est en possession d’une demande formelle de grâce présidentielle.
Affaire à suivre

- Publicité -
EN CONTINU ↻

l'édition du jour

- Publicité -