Le policier demande au CP d’intervenir pour établir l’identité et la nature des conversations de ces VVIP et des « High ranked police officers » pour faire pression sur des policiers en fonction dans la soirée du dimanche 23 mai
Cette affaire rapportée dans l’édition du Mauricien du 25 mai risque de faire grand bruit prochainement. Des députés auraient appelé le poste de police de Montagne-Blanche, dans la soirée du dimanche 23 mai, pour faire pression afin de faire libérer sur parole trois suspects arrêtés pour un cas d’agression avec effusion de sang sur des policiers. Dans une déposition logée mercredi, portant la référence OB 834/21, un caporal de ce poste de police réclame une enquête pour « Interference with witnesses ».
Dans sa version des faits, le policier avance qu’en se basant sur « a confirmed and official source of information from Police officers injured », il a appris qu’il y a eu plusieurs appels des « members of Parliament and Higher ranked police officers » ce jour-là pour tenter d’intimider la police « in reporting the case as it should be ». Et de poursuivre que des policiers en fonction lors du deuxième “shift” n’ont pu « perform their duty diligently ».
Le plaignant s’est basé sur des messages de ses collègues blessés lors de cette agression impliquant les suspects. En se basant sur les informations à sa disposition, le caporal soupçonne qu’une offense a été commise.
Il demande ainsi au commissaire de police de sécuriser les images des caméras CCTV du poste de police de Montagne-Blanche et d’enquêter pour savoir quels sont les numéros de téléphone de ces VVIP qui ont appelé le poste de police et la nature de leur conversation avec les policiers en fonction le 23 mai.
Le plaignant a rappelé dans sa déposition que les suspects ont été « allowed to go » après leur arrestation et que cette situation « has brought a huge frustration to the staff of the station and is very demotivated to perform their duty ». Le caporal a également signifié son intention de porter l’affaire à l’ICAC, estimant que, selon l’Independent Police Complaint Commission Act, la police n’a pas la juridiction pour enquêter sur des policiers.
Pour rappel, cette agression s’est déroulée dimanche après-midi à Sans Souci Road, Montagne-Blanche. Une équipe de quatre policiers s’est rendue sur le lieu appelé « Ti-Pont » après avoir appris que des personnes y consommaient de l’alcool en public. Ils sont tombés sur quatre suspects : un Prison Officer (38 ans), un “Attendant” exerçant dans un centre de santé (36 ans), un agent de sécurité travaillant dans une institution tertiaire (58 ans), et un “General Worker” d’une institution d’État (59 ans).
Dans un premier temps, les policiers les ont approchés pour les verbaliser. Mais ils ont commencé à dire des jurons contre les membres des forces de l’ordre. Ces derniers les ont alors fait comprendre qu’ils seront arrêtés pour « rogue and vagabond ». Les deux quinquagénaires ont ensuite poussé deux policiers, qui sont tombés des escaliers donnant vers un pont. L’un des policiers s’est tordu la jambe gauche et s’est blessé au coude. Il n’arrivait pas à se relever. Comme les suspects avaient un comportement violent, les policiers ont sollicité du renfort. Cinq minutes plus tard, deux officiers sont arrivés pour prêter main-forte à leurs collègues.
Mais le suspect de 58 ans a lancé des pierres sur eux, blessant un constable à la main. Un autre policier a tenté de l’appréhender, mais il a trébuché et il est tombé. Profitant de la situation, le quinquagénaire lui a donné des coups de pied avant de s’enfuir.
C’est avec beaucoup de difficulté que les officiers ont maîtrisé les trois autres suspects, qui se montraient toujours hostiles. Le trio a été arrêté pour des délits de « consuming liquor in public », « Rogue and Vagabond » et « Assaulting police causing effusion of blood ».
Entre-temps, trois constables ont été conduits à l’hôpital Bruno Cheong de Flacq, où ils ont été mis au repos forcé pour une à trois semaines. Sauf qu’il y a eu plusieurs appels au poste de police de Montagne-Blanche alors que les suspects étaient sur place. Des renseignements pris auprès d’une source sur place laissent comprendre qu’outre des membres du Parlement, un avocat et un High Ranking Officer de l’Eastern Division ont aussi appelé durant cette soirée. Un haut gradé de la police souligne qu’en temps normal, les suspects arrêtés dans des cas d’« effusion of blood » et où un des leurs « is still at large », ils doivent être placés en cellule.
Or, les trois suspects ont été libérés sur parole. Ils ont été traduits le lendemain au tribunal de Flacq, où la police n’a pas objecté à leur remise en liberté conditionnelle. Selon nos renseignements, deux des suspects arrêtés sont très proches des politiciens du pouvoir. Ils avaient même donné « un coup de main » durant la dernière campagne électorale de 2019. Du côté des Casernes centrales, aucune décision n’a encore été prise sur la marche à suivre après la déclaration de ce caporal.