La petite Kathalea était l’aînée des enfants de sa mère. Cette dernière, qui a donné naissance à sa troisième fille il y a quelque temps, n’a pas eu une enfance facile. Elle a grandi dans des conditions précaires, dans un petit quartier défavorisé de Chebel. Âgée d’une vingtaine d’années, la jeune femme a été soutenue par une organisation non gouvernementale depuis son enfance. Cependant, lorsqu’elle a perdu sa mère dans des circonstances difficiles, elle est allée vivre chez une de ses tantes, avant de quitter son foyer alors qu’elle n’avait pas encore atteint la majorité. À l’arrivée de Kathalea, elle était sans emploi et s’était installée avec le père de la fillette. Le foyer a accueilli une deuxième fille avant que le couple ne se sépare. Cette mère de famille, qui élève seule ses enfants, subvient à leurs besoins grâce aux allocations sociales.
Nous étions à Bain-des-Dames, hier, soit à la rue où la petite Kathalea Gaspard a été enlevée, vendredi soir. Les voisins au visage consterné se parlent à peine. Choqués par le drame qui s’est produit ici même, ils ont du mal à parler, à expliquer ce qui s’est passé. Devant la maison de Nathalie Lagrandeur, grand-mère paternelle de Kathalea, où celle-ci a été enlevée la veille, l’on entend quelques plaintes. « Kouma li’nn kapav fer li sa ? »
À l’intérieur, quelques membres de la famille, et surtout beaucoup d’enfants en bas âge, sont assis, se consolant l’un et l’autre. Nathalie Lagrandeur est tétanisée. Les yeux bouffis, elle arrive à peine à parler. C’est sa fille, Anaëlle, qui nous racontera toute l’histoire.
Kathalea adorait jouer avec les plus petits
« Kathalea adorait jouer, elle adorait les enfants, surtout les plus petits. On n’arrive pas comprendre ce qui s’est passé. Ma maman est stressée depuis hier, elle. On est en train de vivre un cauchemar, on ne comprend pas ce qui se passe », nous confie Anaëlle. Le regard vide, la voix tremblante, Anaëlle est la tante de la petite Kathalea Gaspard. Visiblement traumatisée, c’est de manière mécanique qu’elle nous explique que « Kathalea était venue ici à Bain-des-Dames pour les vacances. Elle était là depuis déjà deux semaines, et était juste repartie chez sa mère pour fêter son anniversaire. »
Vendredi soir, Kathalea jouait avec ses cousins, comme d’habitude, devant l’entrée de la maison. « Son papa l’a même emmené faire un tour en motocyclette et ma maman la surveillait. Sauf qu’à un moment donné, son papa l’a laissée devant la porte de la maison pour lui dire de l’attendre un moment. Ma mère était alors entrée pour préparer le lait pour le bébé et moi je prenais ma douche. À un moment donné, Kathalea a dit qu’elle voulait aller aux toilettes », se souvient Anaëlle. Sauf qu’après cela, on n’a plus rien entendu. « On s’est dit qu’elle prenait beaucoup trop temps, et on a commencé à l’appeler, mais en vain… »
Si au départ ils pensaient qu’elle jouait à cache-cache, ne la voyant pas donner signe de vie après plusieurs appels, les proches de Kathalea commencent alors à s’inquiéter et décident d’aller au poste de police de la localité. « Sur les caméras de CCTV, les policiers ont vu Alan Ramborough demandant à la petite de descendre avec lui sous le pont », dit-elle. « Nou’nn rod partou dan pon, dan simitier, lor montagn, pena nanie. »
Les proches de Kathalea décident alors d’aller chez les parents d’Alan Ramborough, à La Butte, qui lui disent qu’il n’est pas là. Ne baissant pas les bras, la famille de Kathalea décide de solliciter de nouveau la police, qui a alors sorti les chiens renifleurs, mais à ce stade toujours rien.
« Alan Ramborough inn touy enn zanfan, inn zet laba »
« On a décidé une fois de plus de repartir chez Alan Ramborough, et cette fois-ci on n’a pas frappé à la porte. Dans la cour, il faisait noir, mais on l’a vu allongé sous la table et on a de suite recontacté la police qui est venue l’arrêter », conte-t-elle. À cet instant, la petite Kathaléa n’avait toujours pas été retrouvée.
Toujours de manière très machinale, le regard vide, Anaëlle essaie de nous conter le fil des événements. Elle et ses proches ont cherché la petite Kathalea toute la nuit, de 20h à 4h du matin. « Se enn kouzin ki’nn dir nou ki Alan Ramborough inn touy enn zanfan, inn zet laba », confie Anaëlle. Ils décident alors d’aller voir. Et là, c’est l’horreur. La gorge nouée, elle nous raconte la scène d’horreur. Un récit difficile à entendre et sans nul doute encore plus difficile à vivre… Le corps sans vie de la petite Kathalea a été mutilé et balancé dans un caniveau à côté d’un terrain en friche. Nous y étions plus tôt. Le terrain se trouvant à l’arrière du cimetière de Bain-des-Dames est pourtant entouré d’habitations. Difficile d’imaginer qu’une personne ait pu commettre une telle horreur, sans alerter les voisins. Et pourtant…
« On ne comprend pas comment cela a pu se produire. Alan Ramborough est mon ex-mari et on s’est séparés il y a sept ans. Il connaît Kathalea depuis qu’elle est bébé. Il l’a vu grandir et elle le connaissait », dit Anaëlle. .
Alan Ramborough évoque un acte de sorcellerie
Dans une première déclaration consignée à la police hier après-midi, le suspect Allan Ramborough dit avoir tué la victime dans un rite de sorcellerie. « Mo ti bizin enn zanfan pou fer enn travay dan simitier », allègue-t-il. Le suspect affirme qu’il n’a pu avoir accès à l’intérieur du cimetière de l’Ouest (Les Salines), qui est fermé le soir. La mairie de Port-Louis avait pris ces dispositions à cause des cas de vol dans des caveaux. Le meurtrier avance qu’il s’est dirigé sur un terrain à l’arrière du cimetière où il aurait fait des incantations. Il ajoute qu’il aurait été possédé par un esprit et par la suite, la petite avait été violée et tuée. Il a raconté une histoire surnaturelle aux enquêteurs. Ces derniers doivent établir si le suspect tente de se tirer d’affaire en prétendant être mentalement instable. Il sera examiné par un médecin de la police et un psychologue sous peu.