Interrogatoires dans le déni des droits de l’homme : l’ombre des meurtriers de Kaya Kistnen

Un dénonciateur, intervenant sur la plateforme LPM, cite des noms d’agents politiques et fait état de la complicité de la police dans la sinistre disparition entre le 18 et le 20 septembre 2020 de l’agent du MSM du No 8

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Après une première salve dans la nuit de vendredi à samedi, de nouvelles révélations encore plus dramatiques dans la Telfair Gate annoncées pour le début de la semaine

La mobilisation gagne en intensité sur le terrain en vue de faire la lumière sur les dessous des actes de brutalité et de torture, avec une cinquantaine de cas répertoriés

Une semaine après le premier enregistrement vidéo de suspects subissant la torture entre les mains de policiers en civil, lors des séances d’interrogatoires musclés, la série de dénonciations, avec des images inédites et effroyables, se multiplient sur la toile. Le dernier épisode en date aura pour ambition de relancer les dessous du meurtre politique de l’agent du MSM de Quartier-Militaire/Moka (No 8), Soopramanien Kistnen, alias Kaya, entre le vendredi 18 et le dimanche 20 septembre 2020. La dépouille en partie calcinée de cet agent poltique, proche des candidats du MSM au No 8, en l’occurrence Pravind Jugnauth, Leela Devi Dookun-Luchoomun et Yogida Sawmynaden, avait été découverte dans un champ de cannes du côté de Telfair, Moka.

Bientôt 21 mois après cette sinistre découverte et une enquête instruite par le Directeur des Poursuites Publiques (DPP), Me Satyajit Boolell, Senior Cousnel, et confiée à la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath, siégeant au tribunal de Moka, le suspense est toujours de mise au sujet des auteurs de ce meurtre.

Dans les rangs de Linion Pep Morisien, ce nouveau développement par rapport au meurtre de Kaya Kistnen, notamment les dernières révélations d’un témoin, sont Handled With Utmost Care, tant qu’elles comportent des caratécristiques d’une bombe à retardement. En parallèle, la cellule instituée au sein du secrétariait de Linion Pep Morision poursuit le travail de compilation des cas d’actes de torture et de brutalié de la police, soit presque une cinquantaine en vue avec pour objectif de faire la démonstration que ces pratiques abusives des Droits humains s’étaient transformés en Working Mode pour des interrogatoires.

Dans la nuit de vendredi à samedi, les représentants de Linion Pep Morisien (LPM) ont posté sur la page Facebook un enregistrement d’une minute et 18 secondes. Pour cette première séquence, la décision avait été prise pour que l’identité de l’intervenant ne soit pas révélée publiquement, vu que « des informations encore plus cruciales » à ce sujet attendent de tomber dans le domaine public.

D’ailleurs, même si ce témoin, avec le visage dissimulé, cite des noms des meurtriers présumés de Kaya Kistnen, notamment ceux dans le giron du pouvoir politique, des mesures de précaution sont prises pour que ces détails soit redacted dans l’enregistrement partagé sur Facebook. Toutefois, durant le week-end, les dirigeants et techniciens du LPM devaient se mettre au travail pour un autre volet de ces dénonciations davantage plus élaborées sur les dessous de la dispaition de Kaya Kistnen peu après 14h, ce vendredi 18 septembre 2020, aux alentours de La-Louise, et la découverte de son cadavre le dimanche subséquent à Telfair, Moka.

À ce stade, Linion Pep Morisien est en présence de la version d’un témoin, qui est venu de l’avant volontairement et affirmant détenir des informations sur les assassins présumés de l’agent du MSM, Kaya Kistnen. À cet effet, il fait état des échanges avec ceux concernés dans cette affaire sur Facebook, notamment un internaute, dont il connaît l’identité très bien.

« Li (sa dimounn) abitie poste ban zafer rasis lor Facebook », fait comprendre le témoin en citant nommément deux noms d’individus et en faisant état de complicité policière, notamment « ban polisie ki in touy Kistnen ». Il ajoute que son interlocuteur lui a fait clairement comprendre que les présumés meurtriers gèrent une page sur Facebook « kot zot koz ban zafer rasis ».

Ce témoin a poursuivi en ajoutant que les présumés assassins auraient fait comprendre qu’ils « mars avek … (le nom d’un politicien de premier plan est cité) ek narnye pa pou kapav fer kont zot. » Dans ce message, accessible sur la page Facebook de Linion Pep Morisien, ce témoin se déclare prêt à venir témoigner à visage découvert devant les autorités et dit qu’il détient encore sur son téléphone cellulaire les messages incriminés.

Les dirigeants de Linion Pep Morisien expliquent vouloir jouer la carte de la prudence par rapport aux protagonistes du meurtre de Kaya Kistnen, notamment en vue de les pousser à venir de l’avant volontairement, le temps des remords. « Sa bann dimounn kan zott pe ekut sa video-là lor Facebook, zott konne ki senela pe visé. Ek zott konn ankor pli ki sa lor lamor Kaya Kistnen », indique-t-on dans les rangs de Linion Pep Morisien, avançant que d’autres détails plus troublants sont à venir dans les prochaines 24 heures au plus tôt.

Mais pour ceux dans les secrets des dieux, les dénommés S… et B…, qui font partie d’une bande organisée, ne sont nullement aussi compliqués à identifier car nullement des illustres inconnus dans le milieu. Pas plus tard que l’année dernière, leurs noms étaient mentionnés dans des affaires criminelles d’agression caractérisée dans le Nord et dans la région de Plaines-Wilhems, dont la maison d’une famille saccagée. Ils avaient même été placés en état d’arrestation pour ces délits.

Toutefois, dès le début de cette semaine, un nouvel enregistrement vidéo, avec d’autres éléments accablants, devra mettre plus d’un d’accord sur au moins le meurtre de Kaya Kistnen, en passe de se transformer en un cold case de premier plan.

D’autre part, le posting de cet enregistrement vocal est venu relancer l’intérêt dans l’enquête sur la Telfair Saga, même si très peu de développements sont intervenus avec la soumission au Directeur des Poursuites Publiques (DPP) des conclusions de l’enquête de la magistrate Mungroo-Jugurnuth. Du côté de la Major Crime Investigation Team (MCIT), à qui a été confiée la mission d’élucider cette affaire, la première tâche est de confirmer l’identité formelle du dénonciateur.

« Nous ne pouvons pas nous baser sur la diffusion d’une vidéo avec l’identité d’une personne inconnue pour prendre des actions et agir dans le cadre d’ue enquête au pénal », soutiennent des sources autorisées au QG du Central CID, avec la MCIT tombant sous sa tutelle. Ainsi, un appel à témoin est déjà lancé pour le démarrage de ce volet.

« Il faut que nous lui demandons des éclaircissements, procédons au décryptage de la mémoire de son cellulaire pour confirmer les messages échangés sur la toile, vérifions l’identité de son interlocuteur. Il y a tout une procédure à suivre et à respecter », fait-on comprendre, en donnant la garanrie que les limiers de la MCIT respecteront scrupuleusement l’anonymat de ce témoin.

Affaire à suivre.

Les enregistrments et la clé USB
Me Rama Valayden confirme : le CP informé dès fin 2020
Des limiers du CID de Terre-Rouge, Mahébourg, et l’Anti Robbery Squad ciblés dans le réseau torture de la force policière
La promotion au cours de la semaine écoulée de l’ancien patron de l’Anti-Robbery Squad en tant que CI alimente la polémique

Une autre confirmation indéniable dans les pratiques de torture et d’actes de brutalité de la police contre des suspects lors des séances d’interrogatoire. Les Police Headquarters des Casernces centrales avaient été bel et bien informées, dès décembre 2020, de la gravité de la situation avec des preuves irréfutables sous forme d’enregistrements vidéo et l’identité des policiers-bourreaux connue. Mais pendant ces 18 derniers mois, la direction générale de la police a préféré placer ces documents compromettants dans des tiroirs, au lieu d’un rappel à l’ordre général et de faire face à ces dérives devenues de plus en plus dangereuses. Me Rama Valayden, qui avait rendez-vous, hier matin, au QG du Central CID, n’est pas passé par quatre chemins pour remettre les pendules à l’heure à ce sujet. Il n’a pu s’empêcher de parler de tentative de Grand Cover-Up de la police à différents échelons.

Le dirigeant de Linion Pep Morisien est des plus catégoriques. « J’ai remis une clé USB contenant des enregistrements vidéos de torture à la police depuis décembre 2020. C’était après une rencontre avec l’ancien commissaire de police, Khemraj Servansingh. C’était à l’occasion d’une séance de travail aux Casernes centrales en présence des hommes de loi des Avengers. Ces derniers voulaient évoquer plusieurs sujets dont le meurtre du chef agent du Mouvement Socialiste Mauricien (MSM) au No 8, Soopramanien Kistnen », indique-t-il d’entrée de jeu.

L’homme de loi a tenu à apporter une précision. « Je n’ai pas remis cette clé USB aux mains de l’ex-CP Servansingh. Ce dernier m’a demandé de la remettre à l’inspecteur Shiva Coothen », ajoute-t-il. Deux jours après cette rencontre, Rama Valayden avait fait le nécessaire pour la remise de cette clé USB au terme des directives de l’ancien commissaire de police. Le Central CID avait démarré une enquête. Le 14 janvier 2021, deux officiers du CCID avaient rencontré Me Valayden à son étude en vue d’obtenir plus de détails et des compléments d’informations au sujet de la provenance de cette clé USB, Exhibit de premier plan, dénonçant des cas de torture de suspects entre les mains de la police.

Lors de son audition d’hier et comme ce fut le cas le 14 janvier 2021, Rama Valayden n’a pas dérogé à un principe: pas questiion de dévoiler l’identité de la source de ces enregistrements vidéo. Les enquêteurs du Central CID voulaient confronter l’homme de loi au fait que cette source aurait pu être un proche d’un des policiers de la Criminal Investigation Division (CID) de Terre-Rouge actuellement en détention. Mais c’était peine perdue.

Les reccoupements d’informations effectués par Week-End auprès des sources concordantes indiquent qu’en l’absence d’informations au sujet de la provevance des enregistrements, la police avait démarré une enquête au début de 2021, compte tenu du fait que l’identité de la victime, Christopher Pierre Louis, avait pu être confirmée sur les images vidéo en question.

Une déposition formelle fut consignée de l’habitant de cité Ste-Claire à ce sujet avec les responsables de l’enquête arrivant à la conclusion que ces scènes dénigrantes d’abus de droits de l’homme ne comporteraient aucune caractéristique illégale.
« Pourtant, j’avais dit au commissaire de police de l’époque, Khemraj Servansingh, que ces enregistrements étaient very disturbing. Il avait bien demandé au CCID d’initier une enquête », ajoute Rama Valayden à la sortie du QG du Central CID hier.
Ne pouvant dissimuler sa déception, le politicien de Linion Pep Morisien s’insurge que « zot fer semblan fer lanket. Zot ti pran enn statement avek Christopher Pierre Louis kuma dir inn dir li ki li pe fer sinema. Ek zot pa truv narnye ek zot aret lanket. »

Ainsi, lors du déplacement d’hier, Rama Valayden a mis à la disposition du Central CID les mêmes détails qu’à la fin de 2020 et au début de janver 2021 pour les besoins de cette nouvelle enquête au sujet de ces allégations de torture. Il ajoute aussi avoir fourni des renseignements sur des cas de vols commis parla police dans des propriétés IRS, mais il n’a rien entendu à ce sujet. Tout comme quelques cas de décès suspects.

À ce stade, Rama Valayden s’est gardé d’entrer en détails sur le cas du meurtre de Kaya Kistnen. « Je compte revenir à la charge sur cette affaire lors d’une prochaine rencontre que je compte solliciter avec le commissaire de police au moment approprié », laisse-t-il entendre.

Profitant de l’occasion, l’homme de loi a rappelé qu’il avait aussi évoqué des cas de torture à la prison, dont celui de Cael Permes retrouvé mort dans un bain de sang dans une cellule à la prison de haute sécurité de Phœnix au début de mai 2020, suite à un transfert de la Prison Centrale de Beau-Bassin.

Rama Valayden a lancé un appel au Premier ministre en vue d’amender la loi, afin que les victimes de torture policière puissent saisir la justice pour réclamer réparation après le délai statutaire de deux ans. Pour conclure, il ajoute avec force que ni l’équipe des Avengers ni Linion Pep Morisien ne sont contre la police. « Nous sommes pour le droit humain. Nous dénonçons une minorité dans la force policière qui prend la loi entre ses mains, pensant bénéficier d’un soutien politique », s’appesantit-il.

Cette série de dénonciations de cas de torture et d’actes de brutalité de la police fait suite à la décision de Bruneau Laurette de diffuser les premiers enregistrements compromettants sur sa page Facebook le précédent samedi, en faisant réagir les Casernes centrales.
D’ailleurs, il est parvenu à convaincre une des victimes, Christopher Pierre Louis, 31 ans, à se rendre au CCID une nouvelle fois. Ce qui a débouché sur l’arrestation de l’inspecteur Hurryduth Derochoonee (49 ans), le sergent Poonith Reedoye (38 ans) et le constable Keertiwansing Gokhool (40 ans), tous du poste de police de Terre-Rouge. Ils ont été provisoirement inculpés du délit de « torture by public official » devant le tribunal de Pamplemousses. Ils demeurent en détention préventive jusqu’à mardi
À ce stade, le CCID ne confirme pas si l’ex-CP Servansingh ou l’inspecteur Coothen seront appelés à donner leurs versions dans le cadre de cette nouvelle enquête à haute tension devant affecter différents postes de police.

Ainsi, après la Criminal Investigation Division (CID) de Terre-Rouge, la Central CID cible des membres de l’Anti-Robbery Squad et de la CID de Mahébourg. Des enregistrements vidéo où apparaissent des officiers de police de ces postes sont actuellement en circulation sur les réseaux sociaux.

Et en plus, un des protagonistes, Deepak Jeeool, 49 ans, a logé une plainte officielle contre eux vendredi. Cet habitant de Plaine-Magnien avance que cette équipe de la CID de Mahébourg l’avait arrêté en 2019 pour une affaire de vol et l’avait emmené à l’étage du poste de police de Blue-Bay pour l’agresser physiquement.

Le quadragénaire figure sur une des vidéos où un policier marche de force sur ses pieds alors qu’il est menotté. Il dit connaître certains officiers, dont l’un qui vend des pains fourrés, en sus de son emploi de policier. Il a aussi fait comprendre que des policiers lui ont administré des chocs électriques au taser pendant 8 heures d’affilée, de 18h à 2h du matin, lors de son arrestation.

De leur côté, des membres de l’Anti-Robbery Squad (ARS), soit une douzaine au total, sont en action de manière abusive contre des suspects sur au moins trois autres enregistrements. le premier concerne un suspect portant un casque intégral obligé de mimer un motocycliste en guise de punition. Le deuxième est celui d’un homme menotté au bord des larmes dans un véhicule contraint d’entonner l’hymne national. Et le dernier dans un poste de police au Sud avec la lumière éteinte avec des policiers engagés dans une drôle de danse entourant un suspect pour ensuite placer de dernier, un homme de forte corpulence, sur une table ou encore une scène où un détenu est forcé à répéter un chant religieux tamoul, soulevant l’indignation de la communauté.

Néanmoins, la controverse des actes de brutalité est parachevée par le fait que le patron de la défunte Ant-Robbery Squad se voit confier une promotion du grade d’inspecteur à celui de chef inspecteur en pleine semaine où les dénonciations font rage…

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