Elle a été séduite en rencontrant quelqu’un qui partage son art et activité : danse et organisation d’événements. Elle a également été touchée par l’histoire personnelle de ce dernier. Mais elle ne pouvait pas s’imaginer que l’amour lui aurait coûté cher. L’homme, âgé de 47 ans, déjà marié à une étrangère âgée de 70 ans, lui a soutiré plus de Rs 700 000 pendant leur relation. Une dette qu’elle doit rembourser seule. Victime d’un contrôle excessif sur ses décisions financières, mais également victime de violence psychologique et de harcèlement moral, cette habitante de Flic-en-Flac a porté plainte au poste de police de Grand-Baie.
Serait-elle une énième victime d’arnaque aux sentiments ? Dupée par G.B, un danseur professionnel et organisateur d’événements habitant Grand-Baie, Carine a laissé derrière elle plus de Rs 700 000. Cet homme, déjà marié depuis 19 ans à une ressortissante anglaise de plus de vingt ans son aîné, et père de quatre enfants de femmes différentes, aurait soutiré d’énormes sommes d’argent à cette femme âgée de 41 ans, lors de leur relation qui a duré plus d’un an. Après avoir été victime de nombreux abus et de harcèlement moral, cette habitante de Flic-en-Flac s’est finalement décidée à déposer plainte au poste de police de Grand-Baie.
Quelques mois après sa rencontre avec G.B, Carine apprend que ce dernier était en fait un homme marié. Déjà victime de chantage affectif et d’une relation toxique basée sur le mensonge, elle décide alors de mettre fin à cette relation avec cet homme. Et c’est là que tout dégénérera. C’est également par la suite qu’elle prendra conscience des sommes d’argent perdues. Son avocat, Me Mahen Saulick, nous a déclaré : « Tout a commencé lorsque ma cliente apprend que l’homme était en fait un homme marié. Il s’est rendu chez elle à plusieurs reprises en dépit du fait que ma cliente a décidé de rompre cette relation. Le 28 novembre dernier, il est venu chez elle et a voulu entrer. Dans sa furie, il devient violent, comme le 30 octobre, où il a même enfoncé une porte afin de pénétrer chez elle. Ma cliente a subi des violences psychologiques et morales. Elle a fait une déclaration au poste de police de Grand-Baie contre ce monsieur. L’homme a l’habitude d’intimider ma cliente ».
Contactée par Week-End, celle qui porte le nom de Carine nous fait son récit. Manipulation, isolement et perte de contact avec sa famille, rupture avec ses amis, contrôle de son argent, chantage affectif, mensonges… Pendant plus d’un an, Carine a été victime d’abus émotionnel. Lorsqu’elle rencontre G.B. il y a plus d’un an, celui-ci confiait qu’il traversait une période difficile de sa vie, ne pouvant pas subvenir aux besoins de sa fille âgée de quatre ans et n’ayant pas d’emploi. Ayant été touchée par son histoire, et de nature empathique, elle lui a consacré de son temps afin de l’encourager vers une guérison psychique. Elle affirme que G.B. était même prêt à mettre fin à ses jours lors de leur rencontre.
Peu de temps après, il dévoile ses sentiments pour elle. Mais Carine n’est pas intéressée à entreprendre une relation amoureuse avec lui. Étant profondément ancrée dans la foi et de par ses valeurs chrétiennes, elle ne peut envisager de se mettre en couple avec une personne ayant un vécu comme le sien : père de quatre enfants conçus avec quatre femmes différentes tout en étant marié à une ressortissante anglaise, domiciliée sur l’île. Sans jugement de sa part sur son histoire de vie, elle lui rappelle qu’elle est présente pour lui afin de l’aider à passer un cap difficile de sa vie uniquement. Carine occupait à cette période un emploi lui apportant un revenu important. G.B. aurait-il vu en celle issue d’une famille plutôt aisée une proie facile à manipuler ? D’ailleurs, il aurait même laissé échapper plus tard à ses amis : « J’ai gagné le jackpot, son père a du fric ».
Ce dernier lui confie les drames qu’il a vécus et identifie Carine comme étant la seule personne pouvant le sauver. Avec les mois qui passent, il devient de plus en plus envahissant et apprend à cerner Carine. Il décèle en elle une personnalité fragile. Carine a un petit cercle d’amis très restreint et vit avec ses parents. Cette habitante de Flic-en-Flac fait aussi face à des défis comme celui de maintenir son emploi qui est menacé par l’engagement de concurrents qui souhaitent occuper son poste. Elle doit être de plus en plus productive dans son travail et fait en même temps face aux multiples sollicitations de GB. Les mois passent et elle finit par accepter d’entamer une relation amoureuse avec ce dernier. Celui-ci lui apporte à son tour un soutien dans les défis qu’elle rencontre, notamment en la couvrant de compliments devant, selon lui, lui faire reprendre confiance en elle.
Plus tard, il encourage Carine à quitter la maison de ses parents et d’emménager dans la région où lui-même réside, c’est-à-dire à Grand-Baie. Mais l’homme devient vite accaparant et a une emprise totale sur la vie de celle-ci et ses relations. « J’ai tenté de rompre avec lui à quatre reprises et à chaque fois il me faisait du chantage affectif en menaçant qu’il se suiciderait si je mettais fin à notre relation. Je me sentais prisonnière dans une relation toxique et isolée de ma famille et de mes amis. Je me sentais prise dans un chantage affectif auquel je ne pouvais m’en sortir. J’étais déprimée et confuse », nous raconte-t-elle.
G.B. exerce une activité indépendante dans l’événementiel et Carine étant qualifiée pour le management et la communication, G.B. la sollicite énormément. Surtout financièrement. La quadragénaire avait depuis quelques années monté une équipe de spectacle comprenant des musiciens et avait également quelques partenariats de danse pour se représenter dans des restaurants ou pour des occasions particulières. Il s’agissait d’un service de prestation qu’elle avait eu beaucoup de plaisir à créer. Connue pour ses talents de chanteuse et de danseuse, elle va également cesser cette activité.
GB, étant issu de l’événementiel, lui demande de participer à ses propres prestations en lui proposant d’être sa partenaire de danse pour une initiation de danse à Grand-Baie et pour le spectacle d’une école de danse. Il réussit avec des propos persuasifs à utiliser Carine à ses propres fins personnelles. La jeune femme est dépassée par toutes ses interventions qu’elle accepte d’entreprendre gratuitement pour lui. De plus, elle explique ne pas oser lui refuser ses sollicitations. Elle tente de se convaincre elle-même que son implication dans les projets de son compagnon peut lui apporter de l’expérience encadrée par un professionnel. C’est en tout cas, dit-elle, de cette manière que G.B. lui présente les choses pour justifier ses sollicitations.
L’homme lui demande même de financer entièrement un festival qui a eu lieu le 13 août 2023 à l’amphithéâtre de Mahébourg. Il avait organisé cet événement à l’aide du soutien de Carine, qui a donné de son temps et finalement qui lui a également prêté la somme de Rs 500 000, tout cela, précise-t-elle, sous la pression. « Il m’a expliqué que l’investisseur avait rencontré des difficultés et qu’il ne pourrait pas financer l’événement. Je me sentais mise au pied du mur, car il m’avait déjà demandé d’importantes sommes d’argent en m’assurant qu’il allait me rembourser aussitôt que le sponsor lui verserait l’argent. J’étais dans l’obligation de considérer cette demande en connaissant tous les efforts que les membres des équipes d’organisations ont déployés et en m’étant moi-même surinvestie. Je me sentais prise au piège. Il m’explique que je suis la seule à pouvoir sauver le festival et affirme que l’événement serait une totale réussite. Il m’explique que c’est un investissement sûr et qu’il pourrait de suite me rendre l’argent de son prêt par la somme totale de bénéfice qu’il récolterait. Au fait, il m’a dit de mettre des sous dans le concert, car il a d’énormes dettes, notamment auprès de personnes dangereuses », raconte-t-elle.
Dans l’empressement de la succession des choses à faire avant l’événement, elle finit par prêter l’argent demandé par G.B. sans faire reconnaître devant un homme de loi la reconnaissance de cette dette. Mais elle sera anéantie lorsqu’elle se rend compte que l’événement était un flop total et qu’elle ne pourrait pas rembourser dans l’immédiat le prêt qu’elle avait fait pour G.B. auprès de sa banque. Une cousine de Carine témoigne : « Elle a été victime d’une escroquerie montée par cet homme contre sa personne. J’observe qu’il a pris le temps de l’isoler en la manipulant par toutes sortes de chantages affectifs. Notamment en la menaçant qu’il se suiciderait si elle mettait fin à leur relation. Il a fait en sorte de garder un contrôle sur sa vie et ses prises de décisions afin qu’elle soit incapable de lui refuser une demande au moment opportun. »
Dans l’empressement des malencontreux événements qui se succèdent, Carine perd dans la foulée son travail. N’ayant pas pu répondre aux exigences du poste occupé, menacé par une concurrence rude, Carine accuse un nouvel échec. « Je vis tous ses changements dans l’angoisse et l’anxiété, je peine à prendre du recul et observe alors être totalement à la merci de G.B. Je suis totalement démoralisée et m’en remets à lui pour qu’il me soutienne, à son tour, dans la période difficile que je traverse. Mais il en profite pour me solliciter de plus en plus à le soutenir dans ses engagements dans l’événementiel en prétextant que de cette manière il pourra plus rapidement me rembourser son argent dû. Il m’emprunte régulièrement de l’argent pour des usages de la vie courante en plus de la lourde dette qu’il a déjà envers moi.
Plus les semaines passent et plus il affirme avoir besoin d’argent. J’ai donc pioché dans mon épargne faisant ainsi des virements parfois compris entre Rs 30 000 et Rs 50 000, et cela pendant quelques mois, pour en arriver à un montant de plus de Rs 700 000, incluant la somme de Rs 500 000 utilisée pour sponsoriser le festival. Tout l’argent que j’ai accepté de prêter à G.B. ne m’a jamais été remboursé. J’étais désespérée, je ne trouvais pas d’issue à ma situation. Il me demande de plus en plus à lui emprunter mon véhicule, au point où je ne suis plus propriétaire de mon bien. Lorsque je lui explique que j’ai besoin de ma voiture, il trouve une excuse pour garder le véhicule en prétextant un impératif lié à un travail. De plus, il ne possède pas de permis de conduire.
J’ai tenté encore une fois de le quitter, mais il mobilise à nouveau les menaces habituelles, à savoir qu’il se suicidera si je le quitte. Il devient de plus en plus agressif dans sa manière de me parler. Il a constaté que je commençais à prendre mes distances envers sa personne et il multiplie ses visites improvisées à mon domicile. Le masque est tombé, j’ai découvert qu’il est connu des services de police, qu’il est impliqué dans d’autres histoires d’arnaque et d’usurpations d’identité », se confie-t-elle.
Nous avons essayé de contacter G.B., mais il est resté injoignable.