Dérives autocratiques : l’étau se resserre avec les vannes du réseau SAFE grandes ouvertes

Data Capture sur 27 des 41 Links à la Baie-du-Jacotet Landing Station et Sherry Singh affirmant que « li pou gagn tou saki pase (en termes de données personnelles et confidentielles) à ce moman-la »

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   Lakwizinn du PMO en état d’alerte pour contrer le coup de massue de la note en 15 points du 12 juillet de l’ex-CTO de MT Girish Guddoy, sur la séquence des 14 et 15 avril dernier avec la mission de M. Moustas

   De nouvelles têtes, menées par Me Maxime Sauzier, SC, la carte passe-partout de l’Hôtel du GM, s’installent à la Telecom Tower

L’acte III de l’Illegal Third Party Access à la SAFE Landing Station de Baie-du-Jacotet a vu l’entrée en scène d’un témoin privilégié de l’épisode des 14 et 15 avril dernier se déroulant au sein de la Telecom Tower. En effet, l’ancien Chief Technical Officer de Mauritius Telecom Officer, Girish Guddoy, qui avait accompagné la délégation de techniciens venus de l’Inde pour les besoins de ce sniffing survey, donné initialement comme acquis à la cause défendue par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, est venu remettre les pendules à l’heure. Et cela en deux temps. D’abord, avec un email en date du 12 juillet récapitulant principalement les séquences dans la Restricted Zone de Baie-du-Jacotet de 12h59 à 18h52 ce vendredi 15 avril et adressé à l’Acting Chief Executive Officer de Mauritius Telecom, le Français Michel Degland. Et ensuite en soumettant sa démission de la société parapublique le mardi 19 juillet, soit juste après la conclusion des échanges à l’Assemblée nationale sur la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Ce move en deux temps de Girish Guddoy, à qui l’on prête l’intention de jurer un affidavit, est venu contredire une note succincte de huit phrases-paragraphes en date du 2 juillet et portant sa signature attestant que le survey du 15 avril avait pris fin vers 19h15 « without any sniffing or other equipment being installed thereat ».

À ce stade, avec l’étau se resserrant sur les contradictions flagrantes au sujet des vannes du réseau SAFE de Baie-du-Jacotet grandes ouvertes, le fait marquant demeure le silence radio que ce soit du côté de la Telecom Tower ou encore de l’Hôtel du gouvernement, avec le Premier ministre se contentant de répéter ad nauseam son mantra « atann ou pou gete ». Devant cette avalanche de détails et de documents remettant en question la line of defence s’évertuant de banaliser cet acte illégal et portant de graves préjudices aux utilisateurs d’internet à Maurice et dans le monde sous les dispositions de l’ICTA Act en matière de protection des données confidentielles, l’état-major du MSM a préféré envoyer en première ligne deux seconds couteaux, en l’occurrence les ministres Hurreeram et Balgobin, pour assurer l’intendance au Sun Trust (voir texte plus loin).

Sauf que celui qui a été muté du poste de Senior Adviser au Prime Minister’s Office aux fonctions de Chief Executive Officer d’Airports Holdings Ltd, pour ne pas le nommer Ken Arian, a été vu quittant le QG du MSM hier matin juste avant le début du point de presse. Du côté du Treasury Building, les Top Chefs de Lakwizinn en présence des Top Guns constitutionnels tentaient d’offrir une parade face à la contre-offensive politique avec la démission du Premier ministre comme principale demande.

Toutefois, dans la conjoncture, cette exigence de départ de l’Hôtel du gouvernement pour cause de haute trahison n’émane pas seulement des partis politiques. Transparency Mauritius, qui bénéficie du patronage des entités du secteur privé, est également montée en première ligne très tôt hier matin. Transparency Mauritius maintient que « Pravind Jugnauth doit, au mieux, se retirer le temps d’une enquête indépendante ou, alors, soumettre sa démission » (voir texte plus loin).

Éléments explosifs

Pour contrer cette vague qui devrait gagner en intensité au vue de la mobilisation annoncée sur l’échiquier politique, Lakwizinn du PMO croit pouvoir compter sur un coup de pouce de l’Inde. Ainsi, des sources autorisées avancent que des tractations pourraient être engagées en vue d’amener New Delhi, en particulier la mission de M. Moustas, à sortir de sa coquille pour affirmer qu’aucune opération de data capture sur le réseau de transmission de données informatiques de SAFE, transitant à Maurice, n’a été réalisée. Les membres de la délégation indienne sont K. Radhakrisha, Team Leader, aussi connu comme M. Moustas, Deepak James et O. P. Maurya.

Mais déjà, les dégâts s’accumulent avec la déclaration sans équivoque en fin de semaine de l’ancien CEO de MT au sujet des trois tentatives sur le réseau le vendredi 15 avril et la troisième intervenant avec succès sur 21 des 47 Links à la station de Baie-du-Jacotet résultant en « a two-minute data capture on each of those links ». En langage décodé, Sherry Singh s’est appesanti en termes de data capture pour confirmer que « li pou gagn tou (données et transcations informatiques) saki pe passe a sa moman-la ».

À l’Hôtel du gouvernement, l’on concède que la position de l’ancien Chief Technical Officer de MT, qui n’a aucun « political axe to grind », contrairement à Sherry Singh, un ancien du clan Jugnauth, est un os dur à digérer.

Quarante-huit heures après la publication de la lettre de démission, l’une des rares remarques faites par le Premier ministre concerne l’allusion au terme “values”, soit le même utilisé par Sherry Singh dans une tentative d’amalgame à la thèse de complot.

Par contre, les prochaines révélations de Girish Guddoy, que ce soit en termes de la teneur de son affidavit, dont tout le monde parle sans en avoir lu la moindre phrase, ou lors de sa prochaine audition under warning au QG du Central CID, comportent des éléments explosifs visant à relancer la controverse au sujet des dessous de l’opération de marchandage et de camouflage politiques initiée au lendemain du vendredi 1er juillet dans les officines du Treasury Building.

En deux occasions et publiquement, Pravind Jugnauth a essuyé en plein visage et sans broncher le terme fabrication par rapport à la correspondance du 12 avril 2022. D’abord lors des échanges sur la Private Notice Question du leader de l’oppostion, mardi, et de la bouche de Sherry Singh dans la soirée de vendredi.

La note signée de Girish Guddoy du 2 juillet, adressée au Chairman d’alors du board de Mauritius Telecom, Nayen Kumar Ballah, publiée dans l’édition du Mauricien de lundi dernier aura pour effet d’accélérer l’étape de la démission, le principal concerné sachant très bien qu’il n’allait pas être en mesure de tenir la pression, qui inévitablement devait aller s’accentuant. D’ailleurs, l’ancien Chief Technical Officer reconnaît cette éventualité dans sa lettre de démission du 19 où il souligne que « the right thing for me, for my cosncience and for the country, I could not continue like this ».

Pressions

En fait, que s’est-il passé entre le 2 juillet et le 19 juillet ? Le 12 juillet est intervenue la correspondance “Dear Michel” en 15 points portant « an account of events related to the survey conducted at the Baie-du-Jacotet Cable Landing Station ». Les points 12 et 13 de cette communication transmise subséquemment à l’ancien auboard de Mauritius Telecom se déclinent comme suit :

« On site, the Indian Team was given access to equipment for the survey.

« The survey was carried out using their tools whereby they connected to several internet links that we have on the SAFE cable and they did a two-minute data capture on each of those links ».

Avec ces premiers détails tombant dans le domaine public et l’édition du Mauricien du mardi 19 faisant état déjà de la data capture, ita missa est (la messe était dite) pour Lakwizinn. Enfonçant le clou, Le Mauricien de mercredi révélait des pressions exercées sur Girish Guddoy par un Top Gun occupant un poste constitutionnel au sein de la fonction publique. D’ailleurs, lors de son intervention sur la plateforme audiovisuelle du groupe Défi en fin de semaine, Sherry Sing a tenu à mettre en garde le commissaire de police, Anil Kumar Dip.

Avec l’ancien Chief Technical Officer désigné comme le prochain invité de marque du Deputy Commissioner of Police contractuel et en charge du Central CID, Heman Jangi, aucun doute que des shockwaves sont à prévoir quant aux ajustements, allant dans le sens des dérives autocratiques au Treasury Building, depuis le début de juillet. Un premier détail concerne le fait que la note du 2 juillet a été rédigée en pas moins de quatre versions sous la supervision des conseils légaux faisant partie de la garde rapprochée du Premier ministre.

Girish Guddoy ne manquera pas de verser dans le dossier d’interrogatoire des précisions sur le déroulement des multiples convocations et pressions exercées au Treasury Building pour tenter de market the deal that there was no sniffing at Baie-du-Jacotet landing Station le vendredi 15 avril. En tout cas, le tournant amorcé dans ce jeu d’échecs, avec Sherry Singh déterminé à mettre Pravind Jugnauth échec et mat, s’annonce riche en rebondissements, avec le nouveau conseil d’administration mené par Me Maxime Sauzier, Senior Counsel, le passe-partout de l’Hôtel du gouvernement, ayant du fil à retordre pour stabiliser la Telecom Tower…

 

La Sniffing and Third Party Saga, cette semaine

Lundi 18 Juillet

Un rapport des plus succincts signé du Chief Technical officer sur la visite de six heures effectuée, le vendredi 15 avril dernier, en compagnie de l’équipe de spécialistes de l’Inde, à la Safe Landing Station de Baie du Jacotet est rendu public. En date du 2 juillet et signé par le CTO Girish Guddoy et adressé au Chairman du Conseil d’administration de MT et Secretary To Cabinet, Nayen Koomar Ballah, ce courrier explique que « no sniffing or other equipment had been installed ». 

Mardi 19 Juillet

La demande du leader de l’opposition dans sa PNQ pour la mise sur pied d’un Select Committee parlementaire pour faire la lumière sur le Third Party Access Saga est rejetée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui ne s’en remet qu’à sa police. Xavier Duval brandit des copies de correspondances adressées à l’ancien CEO de MT où il n’est aucune part question de “survey”.

Un nouveau Chief Executive Officer, Kapil Reesaul, a été choisi pour remplacer Sherry Singh à Telecom Tower. Il sera en poste au mois d’août en provenance du Canada.

Mercredi 20 juillet

Le CTO de MT, Girish Guddoy, soumet sa démission « to stand by my values and do the right thing for me, for my conscience and for my country ». Cette démission de ce représentant de MT qui a accompagné l’équipe de l’Inde à Baie du Jacotet le 15 avril, accrédite la thèse de Data Capture évoquée lors de la PNQ par XLD pour la signature de son rapport du 2 juillet, le lendemain des dénonciations du CEO de MT, Sherry Singh.

Le Chairman de MT, Nayen Koomar Ballah, soumet sa démission. Les autres directeurs mauriciens sur le Board, Ramesh Bheekhoo, Koosiram Conhye, Dheeren Dabee et le Financial Secretary Dev Manraj ont aussi démissionné sur requête du PMO, laissant seuls à bord les directeurs représentant les intérêts de France Telecom.

Jeudi 21 juillet

Me Maxime Sauzier, Senior Counsel, émissaire du gouvernement au Champ-de-Mars pour déloger les présidents Giraud et administrateur Ramnarain du MTC, est désigné pour la présidence de MT par voie de résolution, au lieu d’un vote lors d’une assemblée des actionnaires. Les autres directeurs ainsi nommés sont Neermal Saddul, Alain Ah-Sue, Kritananda Reddy et Anandsing Acharuz.

Lors d’une visite liée au logement social dans la région de Coromandel, le PM dit que « Les directeurs démissionnaires de MT ne sont pas à blâmer ».

Vendredi 22 juillet

Sur la plateforme audiovisuelle de Teleplus du Defi-groupe, le damning report de l’ex-CTO Girish Guddoy est remis au CEO par interim de MT, Michel Legland. Il confirme que les membres de l’équipe indienne se sont connectés à plusieurs liens Internet reliés au câble SAFE et ils ont fait une capture de données de deux minutes sur chacun de ces liens.

Une vidéo montrant l’équipe indienne arrivant sur les lieux et repartant six heures plus tard permet aussi d’identifier M. Moustache qui n’est pas le Security Adviser du pays, le controversé Kumaresan ILANGO . Sherry Singh présent sur le plateau brandit, quant à lui, le registry du courrier de MT pour montrer que la correspondance du 12 avril émanant du PMO au sujet du Survey n’est jamais parvenu au MT Tower. Soit elle n’a pas été transmise à Telecom Tower, soit elle est une fabrication.

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