Agression sexuelle sur mineurs sourds et muets : le procès d’Ibrahim Sorefan reprend le 6 septembre

L’orthophoniste Ibrahim Sorefan, poursuivi en 2022 sous 13 accusations pour abus sexuels sur de jeunes enfants sourds et muets, s’est présenté à la Children’s Court, où son procès a débuté mercredi dernier. L’accusé, qui s’était caché derrière un masque sanitaire et gardé la tête baissée tout au long de la séance pour éviter les regards, n’a pas été entendu. Après l’ouverture de la séance et la présentation de matériel et autres pièces à conviction, son avocat, Me Raouf Gulbul, a remis en question la manière dont ces éléments ont été pris en charge par les enquêteurs à l’époque. Il a également évoqué le non-respect des procédures. Trois des mineurs accusant Ibrahim Sorefan d’agression sexuelle, et qui devaient témoigner à huis clos, n’ont pu le faire. Deux autres victimes n’ont pu être présentes, car elles participaient aux épreuves du Primary School Achievement Certificate. Le procès d’Ibrahim Sorefan, qui est en liberté conditionnelle depuis 20 mois, reprendra le 6 septembre.

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Les trois victimes de ce scandale à caractère pédophile, qui se serait produit dans les locaux de l’école des sourds à Beau-Bassin, ont été placées dans une salle à l’écart de l’accusé. Leur témoignage, traduit par une spécialiste en langue des signes, aurait été retransmis sur un écran dans la salle d’audience. Deux des trois mineurs, aujourd’hui adolescents, étaient accompagnés par leurs mères. L’un des adolescents est devenu orphelin il y a quelque temps. Quant à Ibrahim Sorefan, 26 ans, si ses parents n’étaient pas présents en cour, il est venu accompagné de sa grand-mère et de ses proches. En liberté conditionnelle depuis 20 mois, la cour lui a interdit tout contact avec des mineurs et l’accès à Internet, sans monitoring, ces deux conditions pouvant être détournées.

Vu la gravité des accusations portées contre lui, Ibrahim Sorefan ne peut se déplacer sans que la police ne soit informée par un système de localisation. Ibrahim Sorefan, qui devait fournir une caution de Rs 35 000 et une reconnaissance de dettes de Rs 250 000, n’a pas le droit de quitter le pays.

Une première

Le scandale à caractère pédophile aggravé qui lui est imputé est la première affaire du genre jugée à la Children’s Court. Ce drame, dénoncé par de nombreux enfants de l’école ayant employé Ibrahim Sorefan sans suivre les procédures mises en place par les autorités, a remis en question le système de recrutement du personnel dans les écoles spécialisées.

La maman du jeune V., 14 ans, un des mineurs ayant accusé l’orthophoniste Ibrahim Sorefan d’agression sexuelle, est rentrée chez elle en colère ce mercredi-là. « C’est de la tristesse, un mélange d’émotions, tout ce qui est arrivé à mon enfant qui a surgi et s’est transformé en colère », confie-t-elle. Cette dernière et son fils sont rentrés, dit-elle, de la Children’s Court après une demi-journée stressante et éprouvante pour l’adolescent. « Mon fils n’a pas pu témoigner. Aucun enfant d’ailleurs », dit la mère. Même si les trois victimes de l’accusé présentes à la Children’s Court mercredi dernier sont muettes, elles se seraient exprimées en langue des signes au moment de leur audition. Une interprète mandatée par la cour était à leurs côtés pour traduire leur témoignage. Et s’exprimer pour une victime en quête de justice fait partie du long cheminement de sa reconstruction.

« Il doit être puni »

La maman de V. dit ne pas être découragée. Elle sait que les affaires présentées devant la justice prennent du temps. Et c’est avec la même détermination qu’elle reprendra, avec V., le chemin de la Children’s Court le 6 prochain. « Qu’importe la sentence dont cet homme va écoper, il y a avant tout la justice divine qui l’a déjà condamné. Il doit être puni », confie-t-elle. La veille de la comparution d’Ibrahim Sorefan, elle a discuté avec son fils. Même si quelque temps auparavant V. et les autres victimes avaient participé à une journée de détente dans le cadre de leur préparation, se présenter en cour demeure une épreuve psychologique. « Pendant notre discussion, mon fils m’a expliqué qu’il voulait aller à la cour. Li dir mwa ki seki sa dimounn-la finn fer li pa bon. Li explik mwa ki li pou dir tou seki finn arive », confie la maman du jeune garçon. D’ailleurs, les adolescents ont fait d’autres révélations (hors de l’audition) bouleversantes à l’encontre de l’orthophoniste mercredi dernier.

Depuis que les accusations d’abus sexuels contre Ibrahim Sorefan ont éclaté en 2022, V. n’a pas changé d’école. « Étant donné son handicap, je n’ai pas d’autre choix que de le laisser poursuivre sa scolarité à l’école des sourds. Ce n’est pas évident de se dire que son enfant doit continuer sa scolarité là où il a été traumatisé », explique sa mère. Selon cette dernière, la scolarité de l’adolescent a été grandement perturbée après son agression. « Son niveau a régressé. Il a développé des problèmes de concentration. Li pa finn kapav sanz klas », ajoute-t-elle. Elle précise que les séquelles de l’agression qu’aurait subie son fils ne s’arrêtent pas là. « Il vit dans une bulle ! Il ne va plus à ses cours de karaté. Il ne quitte plus un sweat à capuche. Dès que ça ne va pas, qu’il est embêté par quelque chose, il se couvre la tête avec la capuche. Kan li sorti lekol, si mo trouv so latet kouver mo fini kone ena enn problem. Li ti fer samem kan sa problem-la ti arive », confie encore la mère de V.

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