Les cas de vol et les tentatives de cambriolage ont atteint des seuils intolérables à Flic-en-Flac où pas un jour ne passe sans qu’un délit ne soit commis, instillant la peur et un sentiment d’insécurité parmi les riverains. Les quartiers les plus impactés sont forcément les plus huppés , à l’instar de la résidence Saint-Jacques et du morcellement Chazal.
Des actes qui ont non seulement pris de l’ampleur mais qui sont teintés de violence car il ne s’agit plus seulement de vols de biens ou de violation de domicile. De plus en plus de personnes âgées se font délester en pleine rue sous la menace de cutters. La police aurait changé son fusil d’épaule face à la fronde des habitants. De concert avec des membres de la Neighbourhood Watch, les patrouilles ont été sérieusement renforcées dans les secteurs identifiés comme sensibles.
L’année 2022 n’a pas démarré sous les meilleurs auspices pour Ridwaan qui a posé ses cartons dans son tout nouveau logement à la résidence Saint-Jacques à Flic-en-Flac, en février. Ce jeune entrepreneur ne s’attendait pas à recevoir la visite de cambrioleurs quelques jours plus tard : « C’était le 4 mars vers 14h30, à en croire les caméras de surveillance de mon voisin. Hélas, je n’avais toujours pas installé d’antivol ou de système d’alarme. Deux individus ont cassé la serrure de ma fenêtre, avant de pénétrer à l’intérieur pour voler des ustensiles de cuisine, des parfums de luxe, des vêtements et à manger. Heureusement que je n’avais pas encore acheté des choses de valeur.»
À la lumière des témoignages des voisins, les deux malfrats n’en seraient pas à leur coup d’essai. « Ils se contentent de dérober ce qu’ils trouvent. Des sacs à main, vêtements, bijoux, etc. Ce sont des individus en provenance d’un quartier de Bambous », souligne un habitant qui regrette que « l’élucidation de ces délits demeure très faible. »
Le nombre d’effractions ne cesse d’augmenter dans le village. Difficile de définir une heure précise à laquelle les délits sont perpétrés. Rien que pour ce début du mois de mars, une dizaine de maisons, sises à la résidence Saint-Jacques et au morcellement Chazal, ont été visées par des malfaiteurs passés maîtres dans l’art des méthodes de repérage. Certains profitent de fenêtres laissées ouvertes au rez-de-chaussée, alors que d’autres sont capables d’escalader un mur, monter sur une voiture ou une poubelle pour pénétrer par effraction aux étages sans se soucier de la présence des caméras. Un couple résidant à l’avenue des Mouettes au morcellement Chazal en a fait l’amère expérience le 23 février : « C’était vers 2h du matin. Un voleur arborant une cagoule a escaladé le mur et a tenté d’ouvrir la porte de la terrasse, avant de se retrouver face à face avec mon époux. Pris de panique, il a déguerpi. On a appelé la police qui a prétendu que le malfrat a été aperçu près de la plage publique. Il a fallu qu’on attende le matin pour que la CID de Flic-en-Flac vienne faire un état des lieux et consulter les caméras de surveillance », souligne l’épouse.
Cinq cambrioleurs à l’hôtel Seastar
Le fléau ne se cantonne pas à la résidence Saint-Jacques et au morcellement Chazal. La fleur au fusil, un individu mal intentionné a tenté de pénétrer l’appartement d’un habitant de l’avenue des Pélicans, la semaine dernière. Bien mal lui en a pris puisque le voleur s’est retrouvé nez à nez avec un gros chien qui lui a fait prendre ses jambes à son cou.
Le propriétaire des lieux n’a eu d’autre choix que de renforcer son système d’alarme en se procurant un dispositif de détecteur de mouvement, doté d’un capteur infrarouge, qu’il a installé dans sa cour. À l’avenue des Manguiers, un individu a été mis en déroute par une victime qui l’avait surpis à l’intérieur de son logement, en train de fouiller son réfrigérateur : « Monn ziss less mo la port ouver pou gagn inpe l’air . Incroyable ! »
Plus surprenant, l’hôtel Seastar, situé à l’avenue des Nénuphars, a reçu la visite de cinq cambrioleurs le mois dernier. Dans un communiqué publié sur Facebook, l’établissement souligne que « one guy tried to force the entrance door of the hotel and there were four more guys waiting outside. Informed, the police said they will send the CID. Already 10 days now, they are still coming…”
Aussi, les cambrioleurs ne manquent pas d’imagination pour commettre leurs forfaits. L’objectif est d’accéder à votre domicile en usant d’un faux prétexte. Le modus operandi est souvent le même : des individus vont sonner à la porte de personnes âgées en se faisant passer pour des agents de l’État/employés du CEB ou de la CWA, afin de leur dérober des biens de valeur. Pas plus tard que le mois dernier, un retraité résident à l’avenue des Bretons est tombé dans le panneau en pensant recevoir la visite de contracteurs de la CWA. Pendant qu’une de ces personnes demandait à l’habitant de descendre de son appartement pour signer des documents, ses complices sont montés et en profité pour dérober son porte-monnaie. Dans l’impossibilité d’accéder au domicile à cambrioler du fait de leur taille, les voleurs trouvent souvent de jeunes complices en les associant à leur sale besogne.
« Ainsi, dès lors que vous êtes absent de la maison et que vous avez eu le malheur de ne pas avoir de bons anti vols, ils font infiltrer un enfant par une fenêtre. La suite du scénario est simple. L’enfant accède aux autres portes et les ouvrir facilement. Ça s’est passé en deux occasions dans le morcellement l’année dernière », soutient un riverain.
En butte aux attaques de jeunes malfrats
Et comme si ça ne suffisait pas, les habitants du village sont, désormais, en butte aux attaques de jeunes malfrats errant dans les rues désertes. En décembre, des habitants affirment avoir pourchassé un homme qui voulait dérober le téléphone d’une piétonne alors qu’une autre dame a eu moins de chance, le mois dernier, après s’être fait arracher sa chaîne alors qu’elle se rendait à un arrêt d’autobus.
La hausse exponentielle des cas de cambriolage et d’effractions fait régner un sentiment de colère et une psychose générale parmi les riverains au point où certains reconnaissent avoir participé à des patrouilles nocturnes sans l’aide de la police pour renforcer la sécurité dans leur quartier.
Bien qu’ils aient créé un groupe WhatsApp pour les aider dans leur tâche, les mesures de surveillance de quartier, du type Neighbourhood Watch, ont une efficacité limitée pour prévenir les cambriolages résidentiels. Toujours est-il que la police, qui semblait ne pas faire grand cas des préoccupations des riverains, tente désormais de rectifier le tir : « Il était nécessaire d’élaborer une nouvelle approche de lutte contre les vols dans les habitations.
Celle-ci doit être vue comme une approche globale réunissant l’ensemble des riverains.
Mettons au crédit de la police d’avoir pris les taureaux par les cornes depuis un mois en étant régulière dans ses rondes. Pourvu que ça dure », dit un membre de la Neighbourhood Watch.