– « À Maurice, le consommateur est complètement perdant ! »
« C’est de la folie ! » C’est ainsi que le secrétaire général de la Consumers’ Eye Association (CEA), Claude Canabady, qualifie les prix des produits de consommation en cette fin d’année. Le défenseur des consommateurs ne voit pas la tendance inflationniste s’améliorer. Il cite l’exemple de certains produits comme le Corned Beef et l’essence dont les prix sont pratiquement comparables à Maurice si ce n’est moins alors que l’écart entre ces pays et Maurice en termes de salaire est immense. « Une boîte de Corned Beef coûtait Rs 80 en 2018 et maintenant elle est à Rs 164, soit une hausse de 100% ! Le Corned Beef est devenu un produit de luxe », s’offusque-t-il, observant qu’à Maurice, le consommateur mauricien est « complètement perdant ! »
« C’est incroyable la manière dont les prix des produits de consommation prennent l’ascenseur. Il n’y a rien qui n’a pas augmenté ! » s’insurge Claude Canabady. Il cite l’exemple d’une boîte de Corned Beef qui coûtait, dit-il, Rs 80 en 2018 et qui est maintenant vendue à Rs 164, soit une augmentation de 100%. Il ne passe pas outre le phénomène de Shrinkflation, c’est-à-dire lorsque le volume ou la taille de l’article est réduit alors que le prix demeure le même. « À Maurice, le consommateur n’est jamais gagnant. Il est complètement perdant. Au supermarché, il ne peut qu’avoir un quart peut-être de ce qu’il avait auparavant. »
La tendance au niveau des prix de produits de consommation cette année ne s’est pas améliorée, d’après les observations du secrétaire de la CEA. Bien au contraire. « Après le Covid-19, on a tout mis sur le dos du fret. Toutefois, lorsque le fret a baissé, les prix, eux, n’ont pas été revus à la baisse dans les supermarchés. On prétend qu’il y a d’autres problèmes. Les prix restent soit pareils, soit augmentent de nouveau. Je ne vois pas comment les choses s’amélioreront l’année prochaine », s’inquiète-t-il.
Même si la boîte de Corned Beef baisse, se demande Claude Canabady, « par combien peut-elle baisser ? Rs 10 ? Rs 15 ? » Et de poursuivre : « Ce sera toujours 80-90% d’augmentation. Le Corned Beef est devenu un produit de luxe ! » Autre exemple qu’il cite : la boîte de Pilchard qui, indique-t-il, a augmenté de plus de 50%.
Faisons la comparaison avec l’Angleterre par exemple. Une boîte de Corned Beef se vend à £ 3,10, soit environ Rs 160. Même si c’était le même prix qu’à Maurice, le prix aurait été bien plus fort chez nous compte tenu de la différence salariale entre l’Angleterre et Maurice. Il faut tenir compte du salaire de du pauvre Mauricien », plaide-t-il.
Autre chose à prendre en considération dans cette baisse du pouvoir d’achat et qui donne du fil à retordre au consommateur, d’après Claude Canabady est le prix de l’essence qui coûte Rs 69/L à Maurice. « En Australie, l’essence est à USD2/L, soit moins de Rs 69. Là encore, si l’on tient compte de la différence entre les salaires dans les deux pays. »
Cette tendance risque de se détériorer d’après les analyses de la CEA car en dehors des supermarchés, il y a d’autres produits qui prennent l’ascenseur comme les légumes qui ont commencé à augmenter à nouveau. « Il y a toujours le même problème avec les légumes : trop de soleil, pas assez de soleil, trop de pluie, pas assez de pluie. De plus, à chaque fête où les légumes sont en grande demande, les prix augmentent. »
Ce qui l’amène à dire qu’à moins d’un contrôle plus rigoureux et peut-être plus de taxations sur les produits de luxe, on ne pourra mettre un frein à cette tendance haussière. « La CEA a pendant ces quatre dernières années milité en faveur d’une taxe progressive. Même si ce n’est pas suffisant, c’est un pas dans la bonne direction. Si on veut vraiment aider les consommateurs, particulièrement ceux au bas de l’échelle, il n’y a pas d’autre moyen que de changer la donne. »
Le secrétaire de la CEA se range de l’avis des syndicalistes qui comptent revendiquer une somme de Rs 1 500 comme compensation salariale. « Il n’y a pas d’autre solution même si malheureusement cela aura un nouvel impact sur les prix. Les supermarchés diront qu’ils doivent augmenter le salaire de leurs employés et doivent augmenter les prix… C’est un cercle vicieux. »
En guise de conseils aux consommateurs en cette fin d’année, Claude Canabady conseille spécialement à ceux au bas de l’échelle de dresser au préalable une liste de produits avant d’aller faire leurs achats tout en notant les priorités. « N’ayez pas sur vous un excès d’argent car vous serez tentés de les dépenser. Bien sûr, on aura à acheter des cadeaux. Il y aura plein de promotions pour tenter le consommateur. Faites une liste, achetez l’essentiel. Après, vous pourrez considérer les autres produits. Beaucoup de personnes n’ont plus d’argent le 15 du mois car elles ont tout dépensé. »
Claude Canabady s’interroge sur la pratique des prix promotionnels à Maurice. « Je n’ai jamais compris comment les prix promotionnels sont déterminés à Maurice. On attend toujours une nouvelle Consumer Protection Act. Je ne vise personne en particulier mais comment parvient-on aux prix promo ? Quel a été le prix avant la promo et combien de temps le prix initial a-t-il été pratiqué ? Par exemple, le prix initial d’un produit est à Rs 10 et le prix promo à Rs 8. Combien de temps le produit a-t-il coûté Rs 10 et combien de temps Rs 8 ? À Maurice, il n’y a pas de loi qui régit cela. En Europe, en revanche, si vous affichez un prix promo, il faut que le prix ait été supérieur pendant tant de jours avant. À Maurice, on voit souvent le même prix promo au supermarché. »