Le Guide - Législatives 2024

Sous le signe de Grate Kot Kapav -La BoM et la STC, Sitting Ducks du FMI pour le rendez-vous d’avril

La Banque de Maurice et la State Trading Corporation (STC) se présentent comme des economic sitting ducks pour la prochaine mission du Fonds monétaire international (FMI). Alors que lors du lancement de l’Industrial Finance Corporation of Mauritius (ICFM), jeudi, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, se faisait un point d’honneur de prévoir un taux de croissance de 6,9% pour cette année, des analyses préliminaires du FMI mettent en garde contre des risques de naufrage susceptibles d’affecter ces deux institutions majeures. Ces avertissements à peine voilés s’adressent à la Banque de Maurice, qui avait essuyé un sérieux revers lors des précédentes Article IV Consultations de 2021, avec littéralement une injonction en vue de se faire recapitaliser dans les meilleurs délais, et maintenant la State Trading Corporation (STC), qui s’était retrouvée en de graves difficultés financières avant même l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

- Publicité -

Depuis cette semaine, le balance sheet politico-financier de la STC a connu une nette détérioration, avec des menaces redoublées de flambée de prix non seulement à la pompe pour les produits pétroliers, mais également de la bonbonne de gaz ménager, de la farine pour la cuisson du pain et du farata, ou encore du lait. Confirmant la stratégie financière qui s’est imposée de force à l’Hôtel du Gouvernement, à savoir « Grate Kot Kapav » (GKK), les indications disséminées à ce stade par le FMI confirment que « revenue collection underperformed in the first half of the fiscal year », conséquences conjuguées de la fermeture des frontières et lower-than expected tourist arrivals, alors que les dépenses publiques se maintiennent.

Avec le prochain round des Article IV Consultations sur l’économie par la mission du FMI annoncé du 20 avril au 4 mai, soit à un mois de la présentation du budget 2022-23, tout semble indiquer que la Banque de Maurice reste en ligne de mire des critiques. En effet, en des termes diplomatiques choisis, les quasi-fiscal operations menées par la Banque de Maurice à travers la Mauritius Investment Corporation Limited (MICL), avec une injection de Rs 25 milliards, représentant 5,1% du Produit intérieur Brut (PIB) au sein d’Airport Holdings Ltd au début de décembre de l’année dernière, font l’objet de sévères critiques de la part de la mission du FMI.

Ces Rs 25 milliards, puisées du Covid-19 War Chest de la Banque de Maurice avec comme paravent la Mauritius Investment Corporation Limited, ont permis d’absorber le coût de la sortie sous administration d’Air Mauritius Limited, soit Rs 12 milliards environ, suite aux engagements pris lors de la watershed meeting des créanciers. Le reste des Rs 13 milliards a été utilisé pour solder des emprunts contractés par le gouvernement auprès du National Pension Fund et du National Savings Fund, démantelés avec la Contribuition Sociale Généralisée (CSG) du ministre des Finances, et aussi pour assurer le remboursement d’autres dettes publiques.

La conséquence directe de ces manœuvres en titre de la gestion des finances publiques se résume à une opération de window-dressing, avec la dette pubique réduite de l’ordre de 6,7% du PIB entre la fin de juin et celle de décembre de l’année dernière. Toutefois, le FMI, sans jamais utiliser l’expression cosmetic approach to debt management, ne partage nullement la tactique adoptée au ministère des Finances pour essayer de faire transmettre le message que « the debt issue is being taken care of » et que l’engagement pris dans le dernier discours du budget sera honoré.

Un document confidentiel définissant les grandes lignes de la road map menant au rendez-vous d’avril/mai avec une In-Person Article IV Mission met les points sur les « i » de manière catégorique. « New quasi-fiscal operations by the Bank of Mauritius-Owned Mauritius Investment Corporation helped reduce the stock of public debt by December 2021 but risk to downplay the need to prepare plans with credible measures for fiscal consolidation », peut-on lire dans cet Office Memorandum du FMI.

Poursuivant son analyse à ce chapitre, la mission du FMI, qui met l’accent sur le fait que les pressions sur la dette publique devront se maintenir dans les mois à venir, maintient que l’Hôtel du Gouvernement n’aura d’autre choix que se rappeler de « the importance of preparing plans with credible measures for fiscal consolidation to stabilize debt gradually in the medium term ». En passant, le FMI rappelle que les recommandations du précédent IMF Country Report 21/139 sur Maurice de juin 2021 auraient eu très peu d’échos jusqu’ici au ministère des Finances ou encore à la Bank of Mauritius Tower.

Recapitalisation de la BoM

Des recoupements d’informations effectués par Week-End auprès des sources concordantes indiquent que le FMI devrait revenir de nouveau avec force lors des consultations en avril et mai prochains sur l’urgence d’une recapitalisation de la Banque de Maurice après l’épisode des Rs 60 milliards de dividendes au gouvernement en anticipation. L’injection des Rs 25 milliards au sein d’Airports of Mauritius Ltd en décembre dernier est considérée comme étant à l’encontre de ce qu’avait préconisé la mission menée par Cemile Sancak l’année dernièe.

Au paragraphe 26 de la page 12 du Mauritius Country Report de 2021, mention est faite que « the mission recommended that the Bank of Mauritius refrains fom quasi-fiscal operations » et d’autant plus que la proposition de recapitalisation a été repoussée tout simplement d’un revers de la main. Il ne fait aucun doute que les échanges du côté de la Banque centrale pourraient s’avérer chauds lors des prochaines Artivcle IV Consultations. Répondant à des interpellations du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, à l’Assemblée nationale, le ministre des Finances n’a pas bougé d’un iota de sa prise de position en faveur des relations de gestion financière incestueuses entre la Banque de Maurice et la MIC.

Dans la conjoncture, le FMI ne se garde pas pour souligner que « there is an increasing risk on the Bank of Mauritius’s ability to steer interest rates in the context of economic recovery, elevated inflationary pressures and limited Bank of Mauritius capitalisation. » Toujours à ce même chapitre, le FMI note qu’avec ces contraintes majeures, « both the limited Bank of Mauritius capitalisation and the (exhaustion) of the Special Reserve Fund (suite au transfert des Rs 60 milliards, représentant 14% du PIB) may become a factor delaying the due tightening of the monetary policy stance. »

Cette impasse sur le plan de la politique monétaire est susceptible de déboucher sur un un-anchoring of inflation expectations. Pour cette année, les prévisions initiales portent sur une poussée du taux d’inflation à 6%. Et c’était avant le début des hostilités entre la Russie et l’Ukraine. Mais déjà au début de février, des appréhensions étaient entretenues quant à la nette détérioration de la situation financière de la State Trading Corporation avec l’option que cette dernière se joigne irrémédiablement à la Banque de Maurice en tant que sitting ducks des article iv consultations.

Explosion des prix

Initialement, le FMI avait tiré la sonnette d’alarme en avançant que « staff advises the authorities to also consider the potential pressure on current spending from rising fuel and food prices. These are currently subsidzed off-budget by the State Trading Corporation and extrabudgetary funds but could weigh on the budget if prices keep rising. »

Avec la guerre déclarée en Ukraine, la préoccupation de l’explosion des prix des produits de première nécessité s’est imposée à Lakwizinn du Prime Minister’s Office, qui a cru nécessaire d’initier des consultations au niveau d’une cellule de crise présidée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et comprenant d’autres membres du gouvernement, pour tenter d’élaborer une sortie de crise.

Certes, une révision à la hausse des prix des produits pétroliers, allant jusqu’à Rs 60 le litre d’essence, est donnée comme une certitude tant les finances de la STC sont à sec. Le feu vert de la réunion du Petroleum Pricing Committee ne devra être que la fin des opérations de déchargement d’une cargaison d’un tanker actuellement en rade de Port-Louis. Après la majoration du prx du litre d’essence de 10% le 29 décembre, toute nouvelle révision à la hausse fera encore mal au porte-monnaie du consommateur avec des répercussions en cascade.

Par contre, avec l’invasion en Ukraine, les prix d’une autre série de commodités essentielles, comme le gaz ménager, la farine et le lait, majoritairement sous le contrôle de la STC, organisme qui bénéficie jusqu’ici un traitement de faveur de la part de la Banque centrale en matière de taux de change du dollar américain, pourraient prendre l’ascenseur. Par contre, il y a ausi la politique de dépréciation accélérée de la roupie, avec le dollar américain titillant la barre des Rs 45, l’euro à hauteur de Rs 50 et la livre à Rs 60, qui pèse extrêmement lourd au tableau d’affichage des prix au détail.

La posture adoptée par la Banque centrale sur le marché de change fait aussi l’objet de critiques de la part du FMI. À ce jour, une enveloppe de l’ordre de Rs 60 milliards, soit 1,5 milliard de dollars, a été consacrée à cet effet. La conclusion tirée est que « the interventions strategy has aimed at market clearing rather than volality smoothing, limiting the adjustment of the nominal exchange rate. »

En tout cas, avec la volatilité dans les différents secteurs, d’ici au 20 avril, date de l’arrivée de la mission du FMI, les données sur le plan économique auront changé, avec davantage de visibilité en termes de manque à gagner à la revenue collection and buoyancy of the Mauritius economy…

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -