Rapport Mo Ibrahim 2024 : L’intégrité démocratique de Maurice prend un sacré coup en Afrique

 Les Seychelles s’installent à la première place du Mo Ibrahim Index African Governance Report avec la note de faire partie des Top 10 Most Improved Countries entre 2014 et 2023

Au cours de ces dix dernières années, Maurice a perdu sa pole-position en matière de good governance au profit des Seychelles. La dernière édition de l’African Governance Index (IIAG) dresse un constat des plus alarmants sur les pratiques de gouvernance à Maurice, pourtant longtemps considérée comme un modèle pour l’Afrique en matière de démocratie et de respect des droits. Ce rapport est catégorique, Maurice est en chute libre en matière de gouvernance, et accuse une baisse de quatre points pour la période allant de 2014 à 2023. Dans cette perspective, Maurice se retrouve dans un groupe peu enviable, comprenant le Botswana, le Burkina Faso et le Sénégal.

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Et ce n’est nullement une surprise de voir les Seychelles détrôner Maurice pour la première place du classement, grâce à des améliorations notables dans plusieurs domaines, notamment les infrastructures, l’égalité hommes-femmes, la santé et l’éducation. Mais pour Maurice, ce rapport relève que « de façon préoccupante, malgré les progrès observés dans plusieurs domaines essentiels, les perceptions des citoyens témoignent d’une insatisfaction croissante ». L’image de Maurice est inquiétante en matière de gouvernance, et cette tendance n’a fait que s’accélérer ces dernières années.

De sérieux reculs ont été relevés dans des domaines clés, notamment la perception de l’intégrité démocratique et la protection des droits. En tête des indicateurs les plus dégradés, le pays enregistre une chute dramatique dans la perception de la protection contre la discrimination, avec un score de seulement 44,4 en 2023, soit une perte de 44,5 points depuis 2014. Ce recul illustre aussi une détérioration inquiétante du climat d’égalité, pointant des insuffisances dans les politiques visant à assurer la protection des droits fondamentaux pour tous.

La perception de l’intégrité électorale est également en crise, avec un score de 41,1 en 2023, enregistrant une baisse de 46,9 points. Cette défaillance vis-à-vis de l’intégrité des processus démocratiques pourrait, à terme, affecter la stabilité politique et la participation citoyenne, essentielle à toute démocratie. Le recul est particulièrement marqué dans les domaines liés à la sécurité et à l’État de Droit, soit les fondements même de la démocratie et des droits citoyens.

Depuis 2014, la performance de Maurice dans la catégorie Security & Rule of Law n’ont cessé de s’éroder. Cette baisse de confiance se double d’une chute de 50,3 points dans la perception de la liberté et de l’équité des élections, se retrouvant qu’avec un score actuel de 49,7.

De plus, la perception publique des services de santé et de l’éducation se dégrade, avec une baisse de 29,9 points pour la santé et 20,3 points pour l’éducation. Cela suggère des attentes non comblées malgré des investissements, ce qui pourrait entraver la satisfaction des citoyens. Les indicateurs de participation, de droits et d’inclusion, autrefois des points forts de la démocratie à Maurice, ont enregistré un déclin important.

En effet, le rapport fait état d’une chute de 4,5 points dans la sous-catégorie « Participation », indiquant un recul inquiétant dans la capacité des citoyens à participer aux décisions politiques et à bénéficier de droits inclusifs.

La liberté d’expression, autrefois perçue comme un pilier de la démocratie à Maurice, est aussi en déclin. Mo Ibrahim Foundation précise que la gouvernance mauricienne a décliné dans toutes les catégories du rapport, mais que les reculs les plus notables concernent la sécurité, la sûreté, les droits et la transparence.

Un autre point noir concerne l’accès aux dossiers financiers sur l’exploitation des ressources naturelles. Ce manque total de transparence pourrait nourrir la suspicion et miner la confiance dans la gestion des ressources nationales.

En contrepartie, le rapport Mo Ibrahim identifie des améliorations, dont la digitalisation, avec des scores en hausse pour l’accès à internet et aux ordinateurs avec 88,7 points, soit +33,3), l’utilisation accrue de la bande passante avec la totalité de 100,0 points, (+ 80,3) et la sécurité internet. Ces avancées contribuent à renforcer l’inclusion numérique et la sécurité en ligne, des éléments cruciaux pour soutenir un développement économique et social durable.

Cette équation est dramatiquement mise à mal avec l’affaire Missie Moutass Leaks avec son train de révélations portant atteinte à l’intégrité du poste constitutionnel de commissaire de police…

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