L’Analytical Report en date de mars 2019 de Statistics Mauritius sur le household budget survey 2017 remet en perspective le train de vie des ménages à Maurice. L’une des principales caractéristiques de ce rapport officiel est qu’il jette un éclairage sur le phénomène de l’endettement des ménages, dont l’emprise du zéro-dépôt, avec un taux moyen de remboursement de dettes de l’ordre de 16% des revenus mensuels.
Le vivre à crédit s’est installé dans les mœurs des ménages. Il y a encore le fait que la facture pour la nourriture émarge 43% des dépenses des familles au bas de l’échelle, alors que pour les familles aisées, la note au supermarché ne constitue que 19% des revenus.
D’un point de vue général, l’average household disposable income est de Rs 36 803, en progression de 10,4% comparativement à 2012. Les statistiques indiquent que les dépenses de consommation sont de l’ordre de Rs 28 667, avec une moyenne de Rs 7 524 par mois pour le remboursement des dettes, alors qu’en 2012, ce budget particulier était de Rs 6 830, soit une progression de 10,3%.
Lors du household budget survey, 40,3% des ménages faisant partie de l’échantillonnage étaient endettés pour diverses raisons. L’une des principales concerne le remboursement du prêt-logement, soit à hauteur de 57,1%, qui représente une légère baisse comparativement à 2012. “Among all income groups, the most common debt item is housing. However, the proportion of households with such debt increased from 34% among households in the lowest quintile to 69,7% among households in the highest quintile”, indique le rapport. Par contre, le phénomène de zéro-dépôt ou de leasing gagne du terrain chez les familles. Le pourcentage de ménages ayant à effectuer des remboursements mensuels suite à l’achat de voiture progresse de 13,4% en 2012 à16,4% en 2017.
Et à Statistics Mauritius de confirmer ce recours à des facilités de crédits en ajoutant que “similarly, a larger proportion of households were indebted for audiovisual equipment (from 9,9% to 12,1%), household appliances (from 17,5% to 22,9%) and furniture (from 14,3% to 14,9%)”. Plus loin, les auteurs de cette analyse relèvent le fait que “it is to be noted that the monthly debt repayment on audiovisual and household appliances increased by 21,5% and 20,9% respectively during the period 2012 to 2017. The proportion of households indebted on those two items alone were on the increase”.
Le problème de l’endettement est plus accentué dans les ménages se trouvant au haut de l’échelon socio-économique. Au bas de l’échelle, le pourcentage de ménages endettés est de 16%, avec “the proportion of indebted households in the highest income quintile more than four times than households in the lowest quintile.” Dans les ménages aisés, le taux d’endettement grimpe à 63%, avec des remboursements moyens de Rs 14 074 par mois.
Une autre conclusion du dernier household budget survey est que le degré de l’endettement varie dépendant des types de ménages. Ainsi, un couple avec des enfants sur deux (51%) est endetté contre un couple sans enfant sur quatre (26,9%). “Single member households were less likely to be indebted (10,9%). Level of indebtedness on motor vehicle and education was more pronounced among households in the higher quintile”, fait ressortir Statistics Mauritius.
D’autre part, la moyenne des dépenses de consommation a augmenté de 20,9%, soit à Rs 28 667 en 2017 contre Rs 23 708 en 2012. Toutefois, Statistics Mauritius révise à la baisse ce chiffre, soit 9,8%, en tenant en ligne de compte divers paramètres socio-économiques. Les principales dépenses se déclinent comme suit:
Aliments et boissons non-alcoolisées : Rs 7 135 (24,9%)
Cigarettes et boisons alcoolisées : Rs 3 338 (11,6%)
Loyer, électricité et eau : Rs 3 172 (11,1%)
Transport : Rs 4 152 (14,5%).
Parmi les autres items de dépenses des ménages variant entre Rs 1 000 et Rs 1 500 par mois, relevons les communications, la santé, l’éducation, les vêtements et même les restaurants.
Par ailleurs, l’analyse de Statistics Mauritius révèle que “between 2012 and 2017, households across all income quintiles experienced increases in average monthly household consumption expenditure with the highest increase (25%) observed in the third quintile and the lowest (16,1%) in the fifth one”. Le pourcentage de dépenses sur les items alimentaires est de 43% pour ceux au bas de l’échelle, pour descendre à 19% dans le groupe des ménages aisés.
Un autre détail révélateur est que les ménages dans les régions urbaines consacrent Rs 27 115 à la consommation de biens et services, soit 12,9% de plus que ceux des régions rurales (Rs 24 019). Par contre, les familles des régions rurales dépensent davantage que celles des villes à l’item de food and non-alcoholic beverages, soit respectivement 29,7% et 26,3%.
En conclusion, la dernière édition du household budget survey confirme le changement dans le paysage du commerce au détail avec une grosse majorité de ménages (91%) préférant faire ses emplettes dans les grandes surfaces commerciales et autres hypermarkets, condamnant le petit détail du coin de la rue à une mort lente…