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Gestion des finances publiques – Le cauchemar : Maurice vit désormais à crédit

  À la page 38 du rapport de l’Audit : « In 2020/21, borrowings ranked first as a source of GM revenue
and constituted some 47% of total revenue »

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La Banque mondiale : « Even pre-Covid, public debt was on the rise… Extra-budgetary expenditure mostly supported investment projects, like the Metro Express and (Côte d’Or) sports complex »

En une seule année, au 30 juin dernier, la gestion Padayachy s’est appuyée sur des emprunts de
Rs 135,3 milliards, sans compter les Rs 55 milliards de la Banque de Maurice

Indépendamment des sempiternelles critiques contre le gaspillage caractérisé des fonds publics et les écarts abusifs des dispositions sous les Emergency Procurements, le rapport de l’Audit pour l’exercice financier au 30 juin dernier se présente sous forme de carton rouge à la gestion des finances publiques. Ainsi, une situation cauchemardesque prévaut dans le pays en dépit de l’opération Tou Korek Lakaz Mama version Padayachy avec son million de touristes pour 2022 pour asseoir une croissance robuste. L’économie de Maurice vit désormais à crédit.

Les chiffres compilés au titre des Revenue of the Consolidated Fund trahissent le fait indéniable au sujet de la high dependence of governement on borrowings to finance its expenditure, tout en administrant un camouflet des plus cinglants au Grand Argentier à l’effet que « projected reduction of debt to GDP in financial year 2020/21 was not achieved. » Cette remarque du Directeur de l’Audit, Sunil Charanjivsingh Roomooah, devra trouver écho auprès de la prochaine mission du Fonds monétaire international (FMI) attendue vers la fin de ce mois pour des Article IV Consultations. Mais, déjà, dans le document Mauritius — Systematic Country Diagnosis Upade de janvier dernier, la Banque mondiale a situé le contexte de l’endettement à l’effet que Maurice ne devrait pas trouver en la pandémie du Covid-19 un prétexte pour justifier le poids écrasant de la dette publique avec des risques potentiels pour la croissance de l’économie. Des chiffres qui devraient donner du tournis sont qu’en une seule année financière au 30 juin dernier, la gestion des affaires sous le ministre Padayachy s’est articulée sur des emprunts de Rs 135,3 milliards, et cela sans compter la générosité de la Banque de Maurice avec les Rs 55 milliards. En 2018-19, l’item d’emprunt ne représentait qu’un montant de Rs 27,8 milliards.

Analysant la performance du ministre des Finances sur le plan de l’économie, le rapport de l’Audit n’a pu s’empêcher de relever une première des plus inquiétantes au vu de ce qui se passe au Sri Lanka depuis le début de cette année. Quelle est la plus importante source de revenus publics ? Jusqu’ici, l’on aurait déclaré sans hésitation les impôts. Cela aurait été vrai pour l’année financière 2018-19 avec des recettes fiscales directes et indirectes de Rs 98,3 milliards, soit 72,2% des revenus publics. Le recours aux emprunts pour boucher les trous du budget était de Rs 27,8 milliards, soit 20,4%, dans le panier du Consolidated Fund.

Mais en l’espace de deux exercices financiers, le tableau des revenus de l’État a changé de manière drastique. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement les ménages, qu’ils soient au bas de l’échelle ou ceux de la classe moyenne, qui vivent à crédit. Le gouvernement est le plus endetté de tous. Le rapport de l’Audit en fait foi, notamment à la page 38, qui se présente sous la forme d’un Indictment contre les Top Chefs déclarés de Lakwizinn de l’Hôtel du Gouvernement.

« In financial year 2020/21, borrowings ranked first as a source of Government revenue and constituted some 47 per cent of total revenue », souligne le Directeur de l’Audit. Pour boucler le budget du dernier exercice financier en date, le ministre Padayachy a contracté des emprunts pour un montant de Rs 135,3 milliards, et cela sans compte le tripotage dans la caisse de la Banque de Maurice avec ce qui est présenté comme une one-off contribution de Rs 55 milliards.

Cette dette publique additionnelle de Rs 135,3 milliards en une année se répartit comme suit :

l Rs 108,9 milliards sous forme de Government Securities, montant levé sur le marché local par les soins de la Banque centrale pour le compte du ministère des Finances

l Rs 68,8 milliards de contributions financées par la SIC Development Company Ltd et

l Rs 26,3 milliards de dette étangère, dont Rs 14 milliards de l’Agence française de développement, Rs 11 milliards de la Japan International Cooperation Agency (JICA) et des Import Invoice Financing Faciltiies de Rs 500 millions en date du 2 juillet 2020 auprès de la Standard Chartered Bank de Singapour à un taux d’intérêt de 1,09% par an et remboursable en juillet prochain.

La comparaison de l’évolution des sources of government revenue au cours de ces trois dernières années financièrtes jette un éclairage sur l’impasse, quasiment sans issue, des finances publiques :

l recettes fiscales : au 30 juin dernier, cet item, qui représentait 72,2% avec un montant de Rs 98,3 milliards, a régressé à 29,8%, soit Rs 86 milliards, alors que l’Audit concède que « receipts from taxes had traditionally been considered to be the major source of Government Revenue » ;

l dette publique : toujours au 30 juin 2019, quasiment à la veille des dernières élections générales au 30 juin dernier, le montant des borrowings pour le financement du budget a augmenté de cinq fois, passant de Rs 27,8 milliards (20,4% ) à Rs 135,3 milliards (47%).

Pourtant, ce recours à des emprunts publics n’aura pas été suffisant. Il faudra ajouter les Rs 55 milliards, 19% des revenus publics, en provenance de la Banque de Maurice. Sans cette générosité déplacée de la BoM Tower, la Government House aura déclaré banqueroute ou été placée sous administration.

Toutefois, le bottomline, avec un déficit budgétaire de Rs 8,2 milliards, pourrait pousser les Top Chefs à dresser la comparaison avec les Rs 11 milliards de 2018-19. Tout compte fait, au 30 juin dernier, les revenus du gouvernement auront augmenté de Rs 110,2 milliards, passant de Rs 189,5 milliards à la fin de juin 2020 à Rs 297,3 milliards au 30 juin 2021.

L’Audit ne rate pas de souligner que «this was mainly attributed to a one-off contribution of Rs 55 billons from the Bank of Mauritius.» Le gouvernement pourra également compter sur les milliards, bientôt une moyenne de dix annuellement, générés par la Contribution Sociale Généralisée (CSG) de Renganaden Padayachy, contestée par Business Mauritius en Cour suprême. En 2020-21, la CSG a permis pour la première fois de renflouer le Consolidated Fund de Rs 6 milliards pour atténuer la baisse des recettes fiscales.

“Debt trap”

En parallèle à cette analyse globale de la détérioration du niveau de la dette publique, le rapport de l’Audit dresse un tableau chiffré des différents aspects de cette debt trap qui guette l’économie de Maurice, tout en citant des extraits d’une analyse de la Banque mondiale à l’effet que « if the the Public Sector Debt to GDP Ratio of a country exceeds 77 per cent for an extended period, it slows economic growth. » Pour les deux derniers exercices financiers en date, cet indicateur a augmenté de 70,4% à 79,2%.

Les principales caractéristiques de la dette publique au 30 juin dernier se déclinent comme suit :

l Public Sector Debt : Rs 419, 4 milliards, soit une moyenne de Rs 400 000 par tête d’habitant, contre Rs 290,1 milliards au 30 juin 2017, ou encore constituant un montant supérieur de l’ordre de Rs 28,5 milliards sur les prévisions initiales de Rs 390,9 milliards

l dette étrangère : progression de 71% d’une année à l’autre pour s’afficher à Rs 110,8 milliards à la fin de juin dernier, contre Rs 64,7 milliards en 2020

l le ratio de la dette par rapport au PIB avait atteint 96,2% au 30 juin dernier, la Banque mondiale parle de 101% (voir texte plus loin)

l dette locale de l’ordre de Rs 307,6 milliards, dont Rs 82 milliards arrivant à maturité au 30 juin prochain avec le rapport de l’Audit réitérant le fait que « over the past five financial years, the issue of financial instruments by Government has exceeded redemption, thus increasing the level of indebtedness » et également rappelant que le gouvernement, qui sera élu après les prochaines élections générales à la fin du mandat de ce présent en 2024, devra procéder au remboursement de Rs 126,5 milliards en l’espace de deux ans, dont Rs 100 milliards au 30 juin 2027

l Debt Servicing : Rs 110,4 milliards, Rs 93 milliards de dette locale, contre Rs 36,6 milliards au 30 juin 2020. Cette somme de Rs 110,4 milliards représente 37,1% des dépenses publiques en une année.

Force est de constater au titre du remboursement de la dette publique que le rapport de l’Audit concède que « the increase on Government Debt Servicing figure form Rs 36,6 billion in 2019/20 to Rs 110,4 billion in 2020.21 was largely de to a change in Treasury accounting policy, which now requires the redemption of Treasury Bills, Treasury Certificates and Treasury Notes to be accounted as from year 2020/21. » 

De l’autre côté du tableau financier, soit les dépenses, une augmentation de Rs 107,7 milliards, 57% de plus, pour se retrouver juste sous la barre des RS 300 milliards, est enregistrée en raison d’un montant additionnel de Rs 5,3 milliards au budget du ministère de la Sécurité sociale

Rs 31,6 milliards de plus pour le vote of centrally managed initiatives, dont Rs 4,6 milliards à la State Trading Corporation pour régler la compensation Betamax, Rs 11,9 milliards en guise de ballon d’oxygène à la National Property Fund Ltd, malgré la promesse solennelle archi répétée que « no public fund will be used to bail out BAI » et Rs 2, 3 milliards pour assurer le Writing Off des dettes de certains corps paraétatiques et Rs 73,8 milliards de plus pour le debt servicing.

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