MCB Focus remet en perspective l’introduction du Means Test pour la Old Age Pension et l’âge de la retraite sur les modèles australien et danois privilégiés
Glibert Gnany (MCBGroup): “Higher spending on the welfare state system including on pensions, transport, health care and long-term care would lead to additional pressures on the fiscal balance and public debt sustainability.”
A Jour J – 15 de la présentation à l’Assemblée nationale du dernier budget du présent mandat de Lalyans Lepep, le MCB Group, l’une des plus importantes banques commerciales du pays, est venu jeter un pavé dans la mare. La dernière édition de MCBFocus, publiée en fin de semaine, et s’éloignant des sentiers battus de la guerre des chiffres de croissance économique, brosse un tableau complet de la bombe à retardement qu’est le vieillissement de la population, dont les séquelles se font déjà sentir. Déjà, la Prime Working Age Cohort, soit la population dans la fourchette d’âge de 20 à 59 ans, a déjà épousé la tendance baissière avec quelque 20 000 perdus au cours des dix prochaines années. Le Chief Strategy Officer du MCB Group, Gilbert Gnany, conscient du caractère extrêmement délicat de la problématique d’une Ageing Population, s’appuie sur des Case Models en Australie et au Danemark pour relancer le débat sur la nécessité de se réconcilier à l’introduction du Means Test pour le paiement de la pension de vieillesse ou encore à l’âge de la retraite. La pertinence du No 76 de MCB Focus, ayant pour titre “Mauritius Inc.: Rising up to the demographic time bomb” se résume aux contraintes et répercussions du vieillissement de la population par rapport aux principaux paramètres économiques, soit que “higher spending on the welfare state system including on pensions, transport, health care and long-term care would lead to additional pressures on the fiscal balance and public debt sustainability”.
Avant d’élaborer sur les différentes options pour pouvoir gérer l’incontournable problème du vieillissement de la population, Gilbert Gnany souligne avec force que “as for the working age population, i.e. those aged 15-64, it will, as per Statistics Mauritius, start to fall as early as 2022 and pursue a downtrend over the coming decades, with its share of the country’s total population dropping by nearly 3 percentage points, relative to 2017, to stand at 68.7% in 2027”. En clair, actuellement, pour chaque Mauricien âgé de 65 ans et plus, il y en a 6,7 faisant partie de la population active, alors que dans 20 ans, cette proportion descendra à 3,2 pour se retrouver à 2,3 dans quarante ans. “Consequently, the dependency ratio is forecast to undergo a significant rise from its estimated level of 408 in 2017 to reach 465,5 in 2017 and 631 in 2057”.
Deux facteurs principaux expliquent ce mouvement démographique avec de graves conséquences sur le plan économique agissant comme un frein sur la croissance et un fardeau d’envergure sur les dépenses publiques au titre du volet social et médical. Le premier concerne le taux de fertilité, dont un appel timide de l’Hôtel du gouvernement pour des familles plus nombreuses. Le taux de fertilité de 1,4 par Mauricienne, chiffre pour 2017, est considéré comme extrêmement bas comparativement aux 2,2 d’il y a 35 ans, soit une génération de cela.
Aucun signe d’amélioration n’est entrevu à ce tableau avec le taux toujours inférieur au Current Replacement Rate de 2,1 enfants par femme, de même qu’un Net Reproduction Rate nominal pour les années à venir. MCB Focus concède que “families are now investing more significantly in their children’s education, and opting to raise fewer better educated children instead of having a larger number of children”.
La nette amélioration au titre de l’espérance de vie contribue de manière significative au phénomène de l’Ageing Population. En moyenne, le Mauricien vit jusqu’à l’âge de 74,8 contre 60,2 ans il y a 50 ans. La Mauricienne vit encore plus longtemps, soit en moyenne jusqu’à 78,1 ans, alors “on current trends, and reflecting further inroads in access to quality health services, overall life expectancy in Mauritius would rise further in the decades ahead”.
La préoccupation découlant de ce tableau démographique, avec le déclin anticipé de la population active par rapport à la Growing Cohort of Seniors, porte sur le potentiel de croissance économique ou encore le “long-term potential growth rate”. Le MCBGroup craint que “the challenges emanating from the double whammy of shrinking and rapidly ageing population that Mauritius is about to face over the coming decades matter a great deal. This situation would, ceteris paribus, trigger a decline in labour force, while exerting pressures on nationwide economic activity levels and our competitiveness on foreign markets. At the same time, rising pension and other age-related expenditures could per se weigh on our fiscal balance”.
Baisse dans l’épargne nationale
Le vieillissement de la population est aussi synonyme de baisse dans l’épargne nationale, car il est un fait éprouvé que “younger households borrow against their future income, middle-aged households save for servicing debts and retirement, and old-aged household dissave”. Gilbert Gnany s’appuie sur les conclusions d’une étude du Fonds monétaire international consacrée à Singapour, avec chaque point d’augmentation de la population du troisième âge se reflétant par une baisse de 4 points du Private Saving Rate.
Ainsi, à Maurice, cet indicateur socioéconomique qui était de 25% il y a quelques années, est tombé sous la barre fatidique de 10 % à la fin de l’année dernière. Les analyses du FMI sous les Article IV Consultations 2019 soutiennent que “private savings in Mauritius is estimated to be 3 % below potential”. Dans un autre ordre d’idées, le vieillissement de la population verra également une réduction dans le nombre de contribuables fichés à la Mauritius Revenue Authority, de même qu’une baisse dans les recettes générées par l’imposition de taxes indirectes.
L’ampleur des répercussions du vieillissement de la population sur la productivité est également évaluée, la croissance moyenne de ce facteur étant de 2,4% pour la période 2008 à 2018, soit la moitié de la performance pour la période allant de 1994 à 2000. La conclusion est sans appel, car “on the basis of empirical findings, the anticipated ageing of the country’s population could contribute to a worsening of our productivity metrics, and thus, constitute an increasingly influential source of concern for the competitiveness of Mauritius across foreign markets moving forward”.
Les pressions de l’Ageing Population sur les finances publiques ne doivent nullement être occultées. Les effets se font sentir sur le front des dépenses ainsi qu’au tableau des revenus, notamment que “as the average age of the population rises, public spending on pensions, health care and long-term care will increase further while, at the same time, the shrinking working population will pull down the tax collection base and lower social security contributions”.
Avant d’amorcer le chapitre consacré aux mesures à être adoptées en vue de désamorcer la bombe à retardement du vieillissement de la population, le Chief Strategy Officer, qui fait l’objet systématiquement de critiques de la part de l’Hôtel du gouvernement à chaque numéro de MCB Focus, fait preuve de prudence. “Overall, although the projections are subject to a set of assumptions, they aim to be thought-provoking and provide a holistic view of the impact of future fiscal pressures stemming from population ageing, towards forming a basis for a more detailed and comprehensive appraisal of the long-term sustainability of the country’s public finances”, note-t-il en préambule au chapitre de la Basic Retirement Pension.Le nombre de bénéficiaires de la pension de vieillesse, qui est de 221 561 à la fin d’avril, selon les statistiques du ministère de la Sécurité sociale, devrait se rapprocher de la barre des 288 000 dans moins de 10 ans, pour ensuite être propulsé au-delà des 300 000, soit 325 000 dans 20 ans. Le Pensioner Support Ratio, soit le nombre de Mauriciens faisant partie de la population active par rapport à ceux du troisième âge, qui est de 4 actuellement, devrait passer à 2,7%, au cours des dix prochaines, pour se retrouver à seulement 1,5 dans 40 ans.
Urgence pour le gouvernement
Au cas où une éventuelle promesse électorale est formulée en vue d’aligner la pension de vieillesse au même niveau que le National Minimum Wage, même “in a phased manner”, les dépenses publiques pour assurer la Basic Retirement Pension représenteront 6,4% du PIB dans dix ans contre 4% actuellement. “This will trigger a significant worsening of the fiscal deficit as a share of GDP from current figures within 10 years”, prévoit le Chief Strategy Officer du MCBGroup.
Avec le scénario conservateur, une progression du montant de la pension de 2,5% au-dessus du taux d’inflation dans les années à venir, la pression sur les dépenses publiques est considérée comme étant insupportable. “In fact, by 2027, and under the assumptions spelt out in this scenario, total amount of BRP spending would have increased over twofold, which would, ceteris paribus, lead to a significant deterioration in the overall fiscal balance. Of note, a more worrying outcome could be observed in case the country grows at rates below 4%, with BRP spending potentially ranging between 6.5% – 8.4% in 2057 as per assumptions made in respect of average annual growth in GDP”, ajoute MCB Focus.
D’autre part, le Chief Strategy Officer du MCBGroup fait état de l’urgence pour le gouvernement de “conduct active, regular and transparent consultations with economic and social stakeholders, to lay down a comprehensive package of programmes that would be implemented in a phased manner”, dans le but d’assurer la viabilité du Basic Retirement Pension Framework, le gouvernement est à appeler à oser à revoir le Social Welfare Programme et à adopter “a well-crafted means-testing system”.
Le modèle de Means Test actuellement en vigueur en Australie fait partie du Set Menu concocté par le MCBGroup. “The age pension in Australia has been a means-tested payment, against both income (starting from AUD 2,700 per month – Rs 66 400) and asset (AUD 137,000 – AUD 237,000 per person), with eligibility for the pension based on age (67 years) and residency (at least 10 years)”, fait ressortir Gilbert Gnany.
Pour l’âge de la retraite, le MCBGroup se penche du côté du Danemark pour proposer un “adjustment mechanism for linking retirement age to life expectancy, backed by the establishment of proper safety net for those who might not be healthy enough to work longer”. En complément, l’option d’Enhanced Benefits en faveur de ceux qui retardent l’heure du départ à la retraite, comme c’est le cas au Canada depuis les années 1960 et des rabais sur les barèmes d’impôts des employés repoussant la collecte de leurs pensions sont évoqués pour rendre plus attirante la reforme de la pension de vieillesse.
Toute une gamme de séries de mesures sont aussi soumises à réflexion dans cette tentative d’endiguer des problèmes liés à l’Ageing Population, dont une National Skills Strategy, ciblant les Low-Skilled and Elder Adults à la portugaise, un National Programme on Ageing Workers pour encourager ceux dans la fourchette d’âge de 45 à 64 ans à rester à leurs postes, comme la Finlande le fait depuis 2002 une plus importante participation féminine dans le monde du travail avec des Flexible Working Arrangement Policies, aussi bien que des More Favourable Tax and Legal Systems en faveur des femmes et surtout promouvoir le concept d’Equal Pay for Equal Work à la manière des pays scandinaves et un Sklled Workers Migration Programme, allant dans le sens d’une plus grande ouverture, dont des “ambitious targets in respect of the proportion of foreign talents in the labour force”.
Dans la conjoncture, marquée par les préparatifs du budget avec un oeil sur les prochaines échéances électorales, aussi bien pour la partielle à Piton/Rivière-du-Rempart (No 7) que pour les générales, le MCBGroup soutient en conclusion que “overall, the onus for Mauritius Inc. is to operationalise policies that will enable the economy to resolutely rise up to the ageing population challenge, alongside endorsing actions and assistance programmes that will protect incomes of the most vulnerable sections of the population and contribute to the sustainable progress and prosperity of all Mauritians”.
Méprise —Palmar Ltd de Thierry Lagesse et non de Thierry Koenig
L’édition de Week-End de dimanche dernier a attribué par erreur le groupe Palmar Ltd à Thierry Koenig au lieu de Thierry Lagesse. Dès dimanche matin, un rectificatif a été posté sur le site Web du groupe Le Mauricien à cet effet. Il était plus qu’évident que Me Thierry Koenig, Senior Attorney, qui est d’ailleurs le conseil légal des administrateurs pour la fermeture des unités du groupe Palmar Ltd de Thierry Lagesse, ne pouvait être concerné par la teneur de l’articulet de dimanche dernier.
Week-End présente ses excuses à tous ceux concernés pour cette regrettable méprise.
Grand Argentier d’un jour — Gerald Lincoln jonglera avec étatisation et privatisation
Amédée Darga imposera aux banques le Debt Swapping into Equity pour le sauvetage du textile
Richard Arlove mettra en place un Mandatory Social Action Programme pour les adolescents au moins une heure par semaine
Cette démarche s’apparente à un programme ayant pour thème “Grand argentier d’un jour”. Ainsi, dans le cadre des consultations prébudgétaires, une dizaine de capitaines de l’industrie et d’hommes d’affaires de différents domaines, dont Gerald Lincoln, Country Managing Partner d’E&Y, Amédée Darga, de Straconsult, Richard Arlove, Regional Chief Executive Officer d’Abax & Ocorian, ont soumi des propositions pour que l’économie sorte des sentiers battus. Si certains, comme Afsar Ebrahim de BDO, ont préféré être plus terre-à-terre avec des préoccupations de nature fiscale, d’autres ont osé, en se revêtant du Gown de l’avocat du diable, provoquer la réflexion.
Gerald Lincoln a voulu prendre les taureaux par les cornes au sujet de la gestion des corps parapublics avec pour postulat que “business should be run by the private sector, not government”. Toutefois, il fera exception pour le cas de la compagnie aérienne nationale Air Mauritius qui est actuellement en plein processus de recapitalisation et qui, dans ce sens, tiendra une assemblée générale d’actionnaires le 10 juin.
“We have seen the limits of our national Carrier – lost between the need for a listed company with lots of minority shareholders to make profits, and the strategic purpose of having an airline that caters for national interests on loss-making routes (e.g. Rodrigues), on the imperative to bring tourists to our hotels at an affordable price. They are not compatible”, relève le Country Managing Partner.
La solution proposée pour Air Mauritius comprend un Delisting sur la Bourse de Maurice, le rachat des actions détenues par les petits porteurs, le gouvernement gérant la compagnie aérienne en tant que “strategic enabler” pour l’industrie du tourisme. Des subsides sur le prix du carburant devraient même être envisagés en cas de flambée.
Par contre, pour le secteur des assurances avec SICOM et la National Insurance Company, Gerald Lincoln se demande : “Is it strategic for government to own an insurance company, in a sector that has high-performing competitors already ?” Même son de cloche pour le secteur bancaire, surtout quand on sait que la firme Ernst & Young agit en tant qu’External Auditor de la State Bank of Mauritius dans la Risky Exposure de plus de Rs 3 milliards.
Gerald Lincoln ne voit aucun inconvénient dans l’introduction à la Bourse de Mauritius Telecom “freeing up time and resources, also reducing public debt via those financial operations”. Il va encore plus loin et propose la privatisation de la Central Water Authority, du Central Electricity Board, de la Mauritius Housing Company, de la National Housing Development Company et de la Waste Water Management Authority.
Amédée Darga, Managing Director de Straconsult ABDS, met l’accent sur le secteur du textile. Pour venir en aide aux Highly Indebted Export Oriented Textile Companies, il prévoit d’imposer aux banques commerciales une opération de Debt Swapping into Equity de 30% du montant des emprunts, aussi bien que de convertir des Shareholders Loans on Equity.
“The most valuable asset of our country”
Parmi les autres pistes budgétaires abordées par le patron de Straconsult, l’on note la création de Private Equity Funds pour encadrer des Emerging Manufacturing Enterprises avec le concours de l’Economic Development Board (EDB), des Incentives pour encourager les petits planteurs ayant abandonné leurs champs de cannes pour s’engager dans la high value agriculture and agro-industrial production aussi qu’un Gem Trading Platform, opérant au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport en collaboration avec la State Investment Corporation à hauteur de 40%.
Le CEO d’ABAX & Ocorian privilégie le développement du capital humain, “the most valuable asset of our country”. Il se dit en faveur d’une Human Capital Development Strategy bien définie car il est temps de tout revoir pour les dix prochaines années, avec notamment une refonte du système d’éducation aussi bien qu’une “revision of the tertiary education sector to cater for the actual needs of employers”.
Richard Arlove se penche davantage sur l’épanouissement des adolescents et prône un programme de “mandatory social actions” pour des adolescents de 13 à 18 ans. A raison d’une heure par semaine ou d’une semaine pendant les vacances, ces adolescents devraient s’engager dans des “actions that would yield social benefits. This would foster values such as caring for others, patriotism, discipline, team work community life”.
Anthony Leung Shing, de PwC, s’insurge contre le fait que “Mauritius adopts a universal approach to the provision of State benefits as opposed to a targeted approach based on eligibility criteria”. Il propose des Targeted Programmes pour la pension de vieillesse, les études universitaires ou encore le gaz ménager. Il réclame une plus grande transparence par rapport à la gestion de la dette publique, représentant 64,8% du PIB à la fin de mars dernier.
Pour sa part, Afsar Ebrahim, Deputy Group Managing Partner de BDO, met l’accent sur la fiscalité avec une série de propositions, dont la réduction de l’Income Tax de 15% à 5% et l’abolition de toutes les allocations. La formule Ebrahim vise aussi à éliminer les Tax Returns annuelles, car les 5% d’impôts seront déduits à la source dans le PAYE, de même que des déductions sur les intérêts à la banque,
l’abolition de l’Income Tax sur les PME avec en contrepartie une charge de 5% sur le chiffre d’affaires, la réduction des impôts sur les Exports Services des taux de change en vue de favoriser les entités générant des devises comme le sucre, le textile, les hôtels et les services et révision à la hausse de la Land Transfer Tax.