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Alexandra Henrion-Caude, généticienne : « Covid-19 : fin de partie, reprenons nos esprits ! »

La directrice du SimplissimA Research Institute, le Pr Alexandra Henrion-Caude, suit la crise de la Covid-19 de près depuis ses débuts, particulièrement l’évolution des recherches publiées et diffusées dans les milieux médicaux et scientifiques. Si elle nous offre un éclairage original du bilan global de ce confinement, elle explique aussi ici, avec clarté et simplicité, toutes les formes de la maladie et pourquoi elle considère risquée une stratégie vaccinale étendue contre le nouveau coronavirus. Elle espère un réveil collectif sur une compréhension des gestes hygiéniques de base, et rappelle aux leaders comme à chacun l’importance fondamentale de prendre conscience de notre capital santé et des mesures de prévention.

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Nous sortons petit à petit du confinement depuis le 15 mai et le couvre-feu devrait être levé la semaine prochaine. La fin du confinement sonne-t-elle la fin de la partie ? Quel bilan tirez-vous de cette expérience inédite à l’échelle mondiale ?

Fin du confinement : “game over” ! Au final, les territoires de l’océan Indien, comme une large partie de l’hémisphère Sud, auront été protégés par rapport à l’hémisphère Nord, d’où le fait qu’il y a eu si peu de morts dans notre région. Zéro mort aux Seychelles… un à La Réunion, deux à Madagascar, dix à Maurice, le double à Mayotte. Cela veut-il dire que nous avons eu très peu de cas de Covid-19 en fait ? Il y a tout lieu de penser que nous aurons eu en fait beaucoup de cas, surtout à Maurice, par le pic de tourisme au tout début de l’épidémie, mais qui seraient passés totalement inaperçus, ici comme ailleurs, car sans symptôme ou avec des symptômes très légers, qui sont désagréables bien sûr, mais qui ne sont pas graves du tout. Comme ce sont des symptômes très banals, il est très difficile de connaître le nombre exact d’entre nous qui a déjà attrapé la Covid-19. En France, selon mon collègue Laurent Toubiana, de l’Inserm, il s’agirait de 20% de la population. À force de poser des questions autour de moi, je ne serais pas étonnée qu’à Maurice comme en France et en Italie, le virus ait circulé dès décembre 2019, mais à « bas bruit », sans se faire remarquer, et que nous sommes nombreux à l’avoir eu.

Aujourd’hui, l’urgence est de sortir du confinement, car nous commençons à en voir les séquelles sur notre santé : physiquement (facilement 5 kg de plus), psychiquement (crises de panique) et spirituellement (sentiments d’abandon et de peur). Le confinement a eu et aura de lourdes conséquences économiques. Il obscurcit l’avenir des enfants, des adolescents et des jeunes, qui ont cessé d’aller à l’école, et qui voient leurs chances d’emploi diminuer. Question bilan ? Ni médaille, ni pierre, mais beaucoup de tristesse, et aucune leçon sur ce qu’il aurait fallu faire ou ne pas faire, car nous avons tous été surpris par des flux d’informations contraires, mais aussi car notre seule chance de nous relever est de nous mettre aujourd’hui « ENSAM POU REKONSTRIR ENN BON KAPITAL SANTE».

Plusieurs scientifiques sont d’avis que la pandémie touche à sa fin, même s’il y a encore de nombreux cas au Brésil et aux États-Unis…

Oui, c’est la fin de la partie, même si l’épidémie arrivée plus tard dans certains pays y sévira encore (Brésil, Inde, Russie, Canada, pays africains…) ! Des experts indépendants et reconnus en épidémiologie et en virologie (Jean-Dominique Michel, en Suisse, Yitzhak Ben-Israël, en Israël, Jean-François Toussaint, en France, ou Dolores Cahill, en Irlande…) portent un constat similaire : 1) La pandémie est finie. 2) Les chiffres du bilan des morts de la Covid-19 sont sensiblement les mêmes avec ou sans confinement. 3) La courbe en cloche des épidémies, tout comme l’existence de traitements, et l’âge des morts de la Covid-19 ne justifient pas le développement d’une politique vaccinale.

Hélas, les laboratoires pharmaceutiques sont déjà lancés dans une course au vaccin : ils ont beaucoup investi, supprimant des étapes habituelles d’évaluation pour aller plus vite, et réclameront donc un retour sur leur investissement massif. Or, une stratégie de vaccination large est très risquée face à une maladie, dont 80 à 90% des personnes ont été atteintes sans s’en rendre compte.

Alors pourquoi entend-on çà et là des mesures pour la suite ? Il est possible qu’il y ait de nouveaux cas cet hiver dans l’hémisphère Sud, voire dans 2 ou 3 ans. Sauf que maintenant nous connaissons la faible létalité de ce virus et nous connaissons les prises en charge et traitements qui ont marché dans les pays qui ont le mieux géré la crise : Allemagne, Israël, Corée du Sud. Il faut donc regarder ce virus dans sa réalité, avec son âge médian des décès de plus de 80 ans en Europe, et des patients décédés qui présentaient presque tous une autre maladie qui les rendaient vulnérables.

Dans votre interview sur Thana TV, vous avez déclaré que vous n’aviez jamais vu une si mauvaise qualité des publications scientifiques depuis que vous exercez…

Dès le départ, les informations sont arrivées avec un à deux mois de retard sur l’épidémie. De fausses données et de faux chiffres ont aussi été communiqués. Les informations transmises par le site référé par l’OMS, le CDC, étaient biaisées et partielles, avec une liste de symptômes si incomplète qu’elle en est dangereuse. Au début de la crise, les uns et les autres découvrent un déluge d’informations sur Wuhan, mégalopole plutôt méconnue, qui compte pourtant 11 millions d’habitants. J’ai alors été interviewée sur votre site, et je disais de ne pas paniquer et de rester en alerte. J’ai rappelé l’importance de se laver souvent les mains et de porter le masque pour les gens qui se sentent malades. Je redirais aujourd’hui tout ce que j’avais dit alors. Tout comme à l’Economic Development Board (EDB), où en tant que directrice, j’avais alerté dès 2018 en proposant une réflexion d’anticipation (« Are we ready for Disease X ? »), car je voulais aider Maurice à se préparer à l’arrivée d’une épidémie.

La gestion mondiale de cette pandémie a été très largement inspirée par la Chine et ses experts, qui sont venus au chevet de l’Italie, bien qu’ayant encore de très nombreux cas à gérer chez eux. D’où la mise en œuvre de mesures autoritaires inédites dans ces pays. Scientifiquement, il n’existait aucune étude sérieuse qui puisse justifier la moindre stratégie de confinement d’une population a priori saine. Politiquement, l’application de cette mesure totalitaire reste inédite dans de si nombreux pays démocratiques, et très peu d’entre eux ont pu résister au chant de la sirène… La Suède est l’un d’eux, mais elle est encore en pleine épidémie, et j’attendrais encore un peu avant d’analyser. En revanche, voisine de l’Italie, la Suisse est entrée très tardivement en confinement, et pourtant a connu un taux de mortalité très bas, associé à un haut niveau de propagation, car ce virus est très contagieux. Par la suite, des tests génétiques peu chers et non fiables ont aussi été envoyés par la Chine, dont de nombreux pays en ont fait les frais en perdant du temps pour le diagnostic mais en dépensant beaucoup d’argent. L’Angleterre en a notamment demandé le remboursement complet.

La Covid-19 est difficile à identifier pour le patient ordinaire, car ses symptômes ressemblent à beaucoup à ceux du rhume, de la grippe ou d’allergies. Pouvez-vous nous les détailler ?

Il faut beaucoup communiquer sur la maladie. On a parlé essentiellement de toux et de fièvre, qui surviennent en fait à un stade avancé. Mais comme la Covid-19 est asymptomatique pour une grande majorité, on devrait plutôt lister tous les symptômes. Connaître les premiers symptômes et les symptômes modérés est très important pour avoir une conduite responsable et éviter la contagion de personnes âgées à risque. Avec le bénéfice du doute, je vais porter un masque, parce que je me sens fatiguée, que j’ai l’impression d’avoir un peu de fièvre… Mais dès que les conditions le permettent, je dois l’enlever et le mettre au soleil, pour éviter de m’exposer à une concentration anormale de mes propres virus et bactéries, conséquences d’une mauvaise aération de la bouche, qui elle aussi est mauvaise pour la santé. L’expérience sur des professionnels de santé montre bien que l’usage d’un masque en tissu augmente le risque infectieux à cause de l’humidité et de la mauvaise filtration de l’air.

Cela montre bien que la logique avec laquelle les mesures collectives sont appliquées à tous est au moins aussi importante que les mesures elles-mêmes. S’il faut un bénéfice à cette pandémie, ce serait que chacun prenne conscience qu’il est le premier responsable de sa santé et que son comportement lui donne une responsabilité vis-à-vis des autres. Ça montre à quel point chacun compte dans la société. Chacun a le pouvoir de nuire ou d’être responsable par la connaissance et l’application de gestes élémentaires, à des moments importuns, comme de bien se laver les mains… Quand ? Dès que j’arrive quelque part. Avant chaque repas. Et après chaque passage aux toilettes.

Ce qui est important donc, c’est de reconnaître les signes communs de la Covid-19 : une fatigue anormale, des maux de gorge et maux de tête, les signes propres à n’importe quel rhume ou grippe (éternuements), le conduit auditif qui gratte, l’œil rouge qui pleure, ou des douleurs musculaires au cou, au dos, au thorax qui peuvent être terribles, la perte du goût ou d’odorat (totale ou partielle), mais aussi des diarrhées ou des vomissements. Et puis il y a des signes au niveau de la peau très variables, par exemple avec des décolorations et gonflements des doigts de pieds, des formes d’urticaires, de rashs, avec ou sans vésicules… Dès que l’on repère ces signes, il faut protéger ceux autour de nous qui pourraient être à risque (masque et distanciation), et consulter avec cet article en poche pour informer les médecins qui, eux aussi, à cause du site CDC et d’autres, ont été très mal informés, comme nous tous.

Quels sont les traitements qui vous ont le plus convaincue ?

Il y a une trithérapie qui marche bien, d’autant mieux qu’elle est donnée tôt dans la maladie. Elle est faite d’un antibiotique de la famille des macrolides, de zinc, pour booster le système immunitaire, et d’un antiviral antipaludéen, sur lequel j’ai plus de réserves depuis le début. SimplissimA, l’institut de recherche que j’ai créé à Maurice, a aussi identifié un traitement à base de plantes.

En général, on prescrit les antibiotiques contre les bactéries, mais cet antibiotique lutte bien contre les virus. Les médecins ou les chercheurs, qui comme moi ont travaillé sur les maladies respiratoires sévères, connaissaient son efficacité. L’antiviral comme l’hydroxychloroquine peut poser problème aux patients qui ont des maladies cardiaques. L’artemisia, qu’on appelle aussi armoise, a été promue par SimplissimA par la publication de « Yanou a le palu » au Cameroun. Elle a été proposée aussi à Madagascar pour ses pouvoirs antiviraux et antipaludéens, et présente donc un intérêt dans la lutte contre la Covid. À Maurice, j’ai le désir d’unir nos forces pour tester la brède mouroum en essai clinique et d’autres antiviraux, qui sont utilisés dans la médecine traditionnelle mauricienne.

L’Artemisia a été victime du lobbying des grands laboratoires pharmaceutiques, qui protégeaient leur immense marché dans la prévention contre le paludisme… 

Oui, des livres et des films ont été réalisés sur cette série d’intrigues sur fonds d’intérêts militaire et pharmaceutique, de « malaria business », comme il va y en avoir sur le scandale de cette crise Covid-19…

Quels sont les effets du confinement, voire du « déconfinement », sur la santé ?

En France, les gens ont pris en moyenne 2,5 kg, ce qui n’est pas dramatique pour une personne en bonne santé, mais qui peut être létal pour une personne obèse ! Aujourd’hui, la gravité s’est déplacée et se joue plus à ce niveau qu’au niveau de la Covid. Si les gens ne tirent pas aujourd’hui les leçons qui doivent être tirées de cette expérience, ils s’exposent effectivement à de grands risques. S’ils n’étaient pas de grands sportifs, ils se sont arrêtés de bouger net ! En plus, beaucoup de gens ont mal mangé pendant le confinement, et nous avons tous vu les files d’attente reprendre devant les enseignes de fast-food, à Maurice comme ailleurs. On sait notamment que les gens n’ont plus été chez le médecin pendant le confinement.

En Angleterre, le NHS a comptabilisé être passé de 30 000 à 5 000 diagnostics de cancer sur un mois à la même période. La crainte porte sur ceux des 25 000 qui n’auront pas pu être diagnostiqués à temps. Mais un autre danger pèse sur le « privilège » offert par la condition Covid-19 pour un lit d’hôpital, par rapport à une suspicion d’une autre maladie.  Cela s’est vu dans de nombreux pays. Encore une fois, cela montre l’importance non seulement d’être à l’écoute de son corps, mais aussi d’éviter les mesures collectives qui surprivilégient une pathologie. Outre les problèmes de poids, je connais des gens qui ont peur de sortir maintenant. Le confinement amène des désordres psychologiques de différentes natures. Le propre de l’homme est d’être un animal social.

J’aimerais insister scientifiquement sur la nécessité vitale qu’est la rencontre de l’autre. La diversité de nos interactions est une richesse qui contribue positivement à notre bonne santé. L’autre m’enrichit de son lot de bactéries et de virus : on appelle cela le microbiote et on commence à découvrir son importance. Nous sommes composés de plus de bactéries que de cellules humaines, et chacun de nous porte facilement un lot de 100 000 virus, le tout cohabitant dans un équilibre qui nous permet d’être en bonne santé. Ainsi, le petit bébé humain est enrichi du bouillon de microbes qu’il rencontre en passant de l’utérus très protégé de sa mère à l’air, via le bassin, pour arriver dans les mains d’une personne qui n’est pas forcément de sa famille, car il a besoin de toutes ces interactions. Il est donc urgent de nous éloigner de peurs irrationnelles qui appauvrissent notre système immunitaire et nous mettent collectivement en danger.

Que devrait faire un gouvernement pour se prémunir à l’avance contre ce genre d’épidémie ?

Ma réponse est sans hésiter que chaque État doit avoir le souci de maintenir sa population en bonne santé. Cela passe par une multitude de mesures qui peuvent se résumer en une seule : informer et éduquer sur les règles élémentaires d’hygiène, de santé et d’alimentation, par exemple en incitant très concrètement à faire du sport, à diminuer la quantité de sucre dans les sodas… On peut croire que ce sont des généralités, mais c’est un vrai défi que de mettre la population d’un pays en bon état physique, psychique et spirituel, car cela passe aussi par des conseils élémentaires dans l’alimentation, par la lutte sanitaire contre la drogue, par le fait que chacun ait un emploi, par la liberté de culte, etc. La Suède a un système très intéressant qui fait que la mère qui accouche d’un premier enfant reçoit un petit guide de santé. Donc, par exemple, quand l’enfant a de la fièvre, elle apprend qu’elle doit le faire boire, lui mettre des compresses sur le front pour éviter qu’il ait des convulsions et aérer sa chambre, au lieu de lui donner direct un Panadol. On oublie que la fièvre est une réponse nécessaire au système immunitaire qui permet de se protéger contre la maladie. Si je cache la fièvre dès qu’elle arrive, je ne l’aide pas à faire son nettoyage naturel.

SimplissimA est prête à aider le gouvernement pour proposer ces petits guides qui éduquent sur ces questions élémentaires de santé. Et puis, quand il y a une nouvelle vague épidémique, on encourage les gens à prendre des vitamines C et D, et du zinc pour qu’ils soient au top pour y répondre. Ma grand-mère faisait des exercices d’assouplissement tous les matins à 103 ans ! On aérait la literie tous les jours et on la mettait au soleil pour éliminer les acariens. Depuis plusieurs générations, il y a eu une interruption de toute la chaîne de transmission de ces pratiques de bon sens, dont beaucoup étaient justifiées.

Quels sont les risques d’une nouvelle pandémie à l’avenir ? 

De façon vraisemblable par rapport au passé, le plus grand risque reste celui de la grippe. Même si l’épidémie d’ebola nous a appris qu’il faut penser qu’une deuxième vague est toujours possible, la nature de la Covid-19 et de sa létalité devraient suffire à éloigner la panique qui s’est emparée de la plupart d’entre nous. Pour moi, la solution « sustainable » réside dans une stratégie de prévention à chaque hiver en stimulant le système immunitaire des personnes âgées et des personnes à risque, comme je viens de le dire, mais aussi à partir des bonnes tisanes mauriciennes connues de nos grands-mères. Je n’ai aucun doute qu’en déployant une telle stratégie, bien moins coûteuse que les vaccins, de nombreuses vies seront sauvées, et le capital santé de nos populations s’en trouvera fortement renforcé face à une nouvelle « disease X » ? To be continued

ENCADRE

Des tests fiables

Alexandra Henrion-Caude est dans le domaine de la génétique une experte en ARN, sur lequel elle a d’ailleurs déposé deux brevets. Depuis le début de la crise, elle a suivi tous les kits de tests PCR (avec des cotons tiges dans le nez). Grâce à son réseau en tant que “Eisenhower Fellow”, elle a eu accès à des analyses de nombreux pays en temps réel et à des kits plus fiables, plus rapides et moins coûteux que les autres, et se trouve donc en mesure de conseiller tous ceux qui souhaitent passer ou faire passer des tests de détection de la Covid-19.

L’institut de recherche SimplissimA qu’elle a créé à Maurice en 2016 s’est associé avec le laboratoire LIBA pour le développement de ce test. Notre interlocutrice estime à ce propos qu’il serait intéressant de proposer aux entreprises qui le souhaitent des tests fiables pour leurs employés, avec des procédures respectant le secret médical. Par civisme, les personnes positives seraient invitées à se mettre en retrait pendant 15 jours. Parmi les différentes propositions à base de plantes, SimplissimA a étudié et sélectionné des traitements sur la base scientifique de leur mécanisme d’action. Alexandra Caude se tient aussi à la disposition des autorités mauriciennes pour partager une analyse génétique approfondie de la nature de ce virus.

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