Le bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) a organisé un séminaire sur le thème A better approach to ending impunity for Trafficking in persons. C’était l’occasion pour le DPP, Me Rashid Ahmine, et l’ambassadeur des États-Unis à Maurice, Henry Jardine, d’aborder un sujet aussi délicat et transcendant les frontières.
Le DPP a déclaré que cette conférence bénéficiait du soutien du gouvernement. « Je le dis car cela témoigne de la volonté politique du gouvernement de lutter contre la traite des personnes à Maurice. La population mauricienne est composée de différentes communautés. Nous sommes une population diversifiée. D’ailleurs, nous avons récemment appris ce qui s’est passé au Cachemire et nous sommes très préoccupés par cette situation. Nous avons donc beaucoup de chance qu’à Maurice, avec une telle diversité, des communautés vivent en paix comme une seule nation. Et lorsque nous pensons à nos ancêtres, ils viennent tous de l’étranger. Certains d’entre eux sont venus à Maurice pour un avenir meilleur pour eux-mêmes ou leurs enfants, d’autres ont malheureusement été contraints de venir à Maurice », fait-il comprendre.
« Malheureusement, nous connaissons aujourd’hui une autre forme d’esclavage, l’esclavage moderne, qui prend la forme de la traite des êtres humains. Nous parlons de main-d’œuvre et de travail abusif. J’ai l’impression qu’à Maurice, cette infraction, la traite des êtres humains, est encore mal connue de la population », a-t-il fait valoir. Il est important, selon lui, de sensibiliser la population à ce danger, « qui va s’accroître avec le nombre d’étrangers employés Maurice. »
Le DPP a poursuivi en disant : « aujourd’hui encore, les gens sont malheureusement victimes de la traite des êtres humains. Ces personnes souffrent encore comme nos ancêtres. Rien que cette année, la police a ouvert des enquêtes sur des cas de traite humaine. Les victimes sont contraintes de travailler dans des conditions inhumaines. Tout cela est dû à la vulnérabilité de ces personnes. L’année dernière, le Département d’État américain a signalé à Maurice plusieurs problèmes, notamment des services de protection limités pour les victimes. »
Me Ahmine a indiqué que son bureau n’a engagé aucune poursuite pour des cas liés à la traite des humains. « Je tiens à préciser que le bureau du DPP est at the receiving end. En effet, nous prenons connaissance de cas qui font l’objet d’enquêtes depuis des années. Des mesures ont d’ailleurs été prises pour remédier à ce problème », laisse-t-il entendre.
Une Task Force sur la traite des êtres humains a été mise sur pied. D’autres affaires seront bientôt portées devant la justice. « La meilleure façon de poursuivre les trafiquants d’êtres humains en justice est d’impliquer les procureurs dès le début de l’enquête. Un Fast Track est opérationnel pour les étrangers victimes de la traite humaine afin qu’ils ne soient pas contraints de rester à Maurice. Cela ne signifie pas que tout va bien. Le taux de condamnation reste faible pour les trafiquants. Cette tendance n’est pas propre à Maurice. L’unité de police chargée de la lutte contre la traite des êtres humains a besoin de davantage de ressources pour opérer », concède-t-il.
Henry Jardine a déclaré, de son côté, que « Human trafficking fuels crime, corruption, and violence, distorts our economies and harms our workers ». Il maintient que « it violates the fundamental right of all people to be free. It is also a transnational crime that hides other transnational crimes, such as money laundering, drug trafficking, Illegal Unreported, and Unregulated (IUU) fishing. Around the globe, an estimated 27 million people are exploited for labor, services, and commercial sex. The United States support the coordination of anti-trafficking efforts that protects these marginalized and vulnerable individuals who are forced into the modern-day equivalent of slavery. Each year, we partner with foreign governments, international organizations, federal agencies, civil society, the private sector, and survivors of human trafficking to develop and implement effective strategies to combat human trafficking. »
L’ambassade des États-Unis continuera à travailler en étroite collaboration avec le bureau du DPP en ce qui concerne la formation. « Over the years, we have provided training and resources to Mauritian law enforcement officers in the MPF and the DPP’s Office, including two recent training workshops led by FBI Special Agent Leah Tanner who provided over 40 Mauritian investigators with useful techniques to conduct more effective TIP interviews techniques. We continue to work with the DPP as a close partner on developing future training for prosecutors and investigators », a-t-il indiqué.
Chaque année, selon Henry Jardine, un Human Trafficking in Person Report est préparé pour noter le classement des pays dans ce domaine. « Each year, the United States government engages with foreign governments and civil society to prepare its annual Trafficking in Person Report as mandated by the U.S. Congress. The TIP Report is the U.S. government’s principal diplomatic and diagnostic tool to guide engagement with foreign governments on human trafficking. It is also the world’s most comprehensive resource of governmental anti-trafficking efforts and reflects the U.S. government’s commitment to global leadership on this key human rights and law enforcement issue. The report assesses by tier ranking each country’s ability to meet the minimum standards for the elimination of trafficking and provides country-specific action plans and recommendations such as increasing law enforcement efforts and implementing victim-centered protection policies and services », déclare-t-il.
Pour sa part, le Dr Jean-Pierre Gauci, Senior Research Fellow in Public International Law, a déclaré qu’il y a eu quelques cas de trafic humain qui ont été identifiés à Maurice. « Il y aura certainement d’autres cas qui vont être identifiés. C’est une question que le bureau du DPP prend au sérieux d’après des obligations internationales », ajoute-t-il.