– Percy Yip Tong : « Kat zenerasion pe lager kont la drog : nou’nn fel ! »
– Rama Valayden : « Les avocats du pénal et des policiers de l’ADSU réclament la dépénalisation du gandia »
Le Kolektif 420 invite les Mauriciens à une marche à Rose-Hill, ce samedi, de 11h à 15h. Elle aura pour point de départ la rue Edward VII et convergera vers le Plaza. Le thème en sera la dépénalisation et la légalisation du gandia, en réponse à la tendance dangereuse et en hausse de jeunes qui prennent des drogues synthétiques – les simik.
« Il est grand temps de repenser notre politique en matière de War on Drugs. Il nous faut concéder que nous avons échoué et que nous devons partir sur de nouvelles bases. Et l’une des avenues qui s’ouvre, c’est par le biais de la dépénalisation et la légalisation, éventuelle, du gandia. Alors, disons stop à l’hypocrisie générale ! » Tel est l’appel du Kolektif 420.
Wesley Sarah, président de l’organisation, était entouré de plusieurs éléments de la société civile, nommément les ONG PILS, CUT et Claim, et personnalités connues, Rama Valayden, Percy Yip Tong, l, Neena Ramdenee, et Ally Lazer.
« Voilà quatre générations militant contre la drogue, et en faveur de la dépénalisation/légalisation du gandia à Maurice. Mais, hélas, nous devons constater que jusqu’ici, concernant le combat contre les drogues, autant que le plaidoyer pour la légalisation du gandia, les efforts ont échoué. Nounn fel ! », a résumé Percy Yip Tong.
« Nou pa pe dir legalize pou mett nissa ! »
Tour à tour, les différents intervenants ont pointé du doigt « l’énorme problème causé par une majorité de nos jeunes qui deviennent des zombies à cause des drogues chimiques ». Sans compter les ravages que font déjà le brown sugar, la cocaïne et la MDMA. À diverses reprises, Percy Yip Tong autant que Neena Ramdenee ont souligné l’importance de structures et de règles entourant l’avènement de la dépénalisation du gandia. « Il faudra, entre autres, un dosage prescrit selon l’âge et l’individu, des réglementations quant aux endroits de vente, la quantité qui peut être achetée, entre autres. Nou pa pe dir nek legaliz gandia pou mett nissa ! Il y a des préoccupations très sérieuses avec les dégâts que causent les drogues synthétiques, surtout sur nos jeunes, dans les écoles et les collèges. Mais tout cela doit avoir pour point de départ une volonté politique de dépénaliser totalement et légaliser éventuellement », affirment-ils.
Pour sa part, Rama Valayden a déclaré qu’il rencontre régulièrement des policiers de l’ADSU et des confrères du barreau. « Une chose est sûre : ces policiers autant que les avocats du pénal sont tous unanimes : il faut dépénaliser le gandia. » Selon Rama Valayden, souvent, il entend de la bouche des politiciens qu’il faut attendre que the time is right. « Eh bien, dans le cas présent, plus nous attendrons, plus il y aura des dégâts. Il est très important de ne pas perdre de temps. Du temps perdu, ce sont des vies gâchées. Si nou pa azir la, se enn zenerasyon ki nou pe flush. »
« Inn ler pou sanzman ! »
Il renchérit : « Le gandia est une plante qui est prisée et utilisée dans différentes cultures. Il y en a qui le mélangent dans du lait avec de la vanille et de la cannelle, comme Percy l’a dit. Il y a d’autres qui en fument pour des raisons religieuses, comme les rastas. Nous réclamons le respect de toutes ces cultures, moyennant des contrôles et des règlements. Et que cesse l’hypocrisie autour de la question, une fois pour toutes ! Inn ler pou sanzman ! »
Intervenant, Ally Lazer a déclaré que beaucoup de personnes sont choquées par son engagement aux côtés du Kolektif 420. « Laissez-moi vous dire que ma motivation, c’est parce qu’à mes yeux, les drogues chimiques sont… des armes de destruction massive ! Si nou pa fer nanye, la, nou’nn perdi ve dir. Tous ces jeunes sont condamnés. Nous avons le devoir de les aider. Pendant longtemps, en effet, j’ai été personnellement opposé à l’usage du gandia. »
Neena Ramdenee a soutenu que « ce produit est un moindre mal, comparé aux synthétiques et aux drogues dures ». Elle a aussi évoqué l’exemple du projet mondial Planet Youth, mis au point par un psychologue américain « et qui a donné des résultats probants sur plusieurs tableaux par sa mise en application dans une trentaine de pays, dont le Chili, l’Ouganda, la Nouvelle-Calédonie ».
Azariah Topize (fils de Kaya) :
« La vente des drogues, c’est du Big Money »
« Vendre du gandia, du brown sugar, cela rapporte… gros, très gros, même ! Big biznes sa. En légalisant le gandia, imaginez combien de marchands vont perdre leur argent… Nous parlons là de gros, très gros sous ! » déclare Azariah Topize, jeune artiste.
Percy Yip Tong, qui a été le premier producteur de Kaya et l’a encouragé à devenir la référence nationale qu’il est aujourd’hui, n’a pas manqué de souligner qu’avec la culture de gandia, le pays pourra générer Rs 9 milliards par an, au minimum. « C’est le prix qui a été mentionné pour Diego Garcia, n’est-ce pas ? Abe alalila, ala kas-la kot kapav gagne pou nou aste Diego ek regagn nou lil. »
Il a évoqué également les circonstances de l’arrestation de Kaya en février 1999, suivant sa participation à un concert organisé par le Mouvement républicain de Rama Valayden, et la mort de l’artiste, détenu à Alcatraz, arrêté pour avoir admis fumer un joint. Ses derniers mots étaient : « Legalize it ! »
Azariah Topize n’est autre que le fils de feu Kaya, Joseph Réginald Topize, pour l’État Civil. « Il faut parfois un mal pour un bien. De nos jours, nous voyons nos jeunes devenir esclaves des drogues chimiques à tous les coins de rue ! C’est terrible et chagrinant. Seki intelizan konpran et kone kiete ganja… Cette marche, ce samedi 26, c’est à nous de prendre en main notre avenir. Pa atann lezot pou fer kiksoz pou nou. Nous croyons fermement que la légalisation du gandia aidera à réduire le nombre de jeunes qui se tournent vers les drogues chimiques », dit-il.
« Arrêtez de vous moquer des toxicomanes sur les réseaux sociaux »
Plusieurs des intervenants n’ont pas manqué de lancer un cri du coeur : « Ces jeunes que nus voyons, à longueur de journée comme des momies ou d’autres dans des états avancés de délire, ce sont des êtres humains qui pourraient être nos fils, frères, cousins, amis… Alors, de grâce, arrêtez de vous moquer d’eux sur les réseaux sociaux, en postant des commentaires ironiques, méchants et sardoniques ! » plaide Percy Yip Tong.
De son côté, Ally Lazer avance que ces jeunes victimes ont des parents. « Mazinn soufrans zot bann mama, papa ! Vinn ede plito ki moke ! »