Mais dans quelle foire est-ce que les membres du MSM vont acheter leur toupet ? Celui dont ses dirigeants ont fait preuve cette semaine lors d’une conférence de presse ? Ce parti politique, qui est resté dix ans au pouvoir et qui se proclamait le plus fort et le plus puissant du pays, n’a pas réussi à faire élire un seul de ses 60 candidats — et comptant ceux de ses alliés qui l’ont déjà abandonné — aux dernières élections. Il a fallu l’utilisation d’une clause de la loi électorale qui date de 1968 et qui repose sur une interprétation communale pour permettre à ce parti de repêcher un candidat comme Best Loser. Et comme il n’y avait que deux candidats repêchés, le président du MSM battu s’est retrouvé au poste de leader de l’opposition. Depuis, en usant de cette position, il pose des questions pour essayer de faire croire que la situation économique n’est pas aussi dramatique que les différents rapports publiés depuis les dernières élections. Selon le leader de l’opposition, qui ne compte que deux repêchés, chacun appartenant à un parti différent, la situation financière laissée par le MSM et ses alliées n’est pas aussi désastreuse que l’affirment les membres du nouveau gouvernement et tous les économistes du pays !
Le MSM, dont les membres se sont cachés depuis la défaite électorale cuisante de novembre dernier, semblent vouloir se réveiller, et comme les tangs sont sortis de leur trou pour une conférence de presse au cours de la semaine. On retiendra deux principaux thèmes de cette conférence de presse : le soutien, indéfectible, du MSM à l’ex-Premier ministre — et toujours leader du parti — et à l’ex-ministre des Finances et la dénonciation de la chasse aux sorcières que pratiquerait le nouveau gouvernement. Le soutien « indéfectible » à Jugnauth et Padayachy que les membres de la direction du MSM disent afficher n’est en fin de compte que virtuel, comme une promesse électorale. Car on n’a pas vu beaucoup de ces membres de la direction du MSM, dont le président, manifester physiquement et vocalement leur soutien supposément indéfectible quand Pravind Jugnauth et Renganaden Padayachy ont été conduits au siège de la FCC et ensuite au tribunal, avant des séjours en prison.
Le deuxième thème de la conférence de presse était la dénonciation de la chasse aux sorcières à laquelle se livrerait le nouveau gouvernement à l’encontre des deux plus illustres membres du MSM. Mais il faudrait rappeler à la direction du MSM que si messieurs Jugnauth et Padayachy ont goûté au cachot, c’est pour répondre à des accusations précises. Le premier nommé d’avoir confié à un de ses « amis » — qui a fini par le dénoncer — une valise avec des millions de devises, des montres de collection et des reçus au nom de sa femme à garder discrètement. Le second est accusé d’avoir utilisé son influence de ministre des Finances pour faire avancer et décaisser deux dossiers de prêts de la MIC impliquant des dizaines de millions de roupies.
En ce qui concerne la chasse aux sorcières, il faudrait rappeler à la direction du MSM que c’était un des sports favoris du gouvernement précédent. Que ce soit au niveau du Parlement et sur les réseaux sociaux, sans oublier une police aux ordres qui surveillait et traquait ceux soupçonnés de soutenir l’opposition. Cette police était également chargée d’organiser contre les opposants des opérations de planting de drogue à leurs domiciles ou ceux de leurs parents.
En parlant de chasse aux sorcières, le président du MSM se retrouve dans la position de lamar ki pe mok labou ou de l’hôpital qui se fout de la charité. Il devrait avoir la décence de se taire. Des observateurs se demandent si la conférence de presse n’était pas, en fait, une stratégie préventive, pas pour défendre Jugnauth et Padayachy, mais tous ceux qui au MSM risquent d’avoir, dans un futur très proche, à fréquenter les locaux de la FCC et ceux des tribunaux. Car parmi tous ceux qui entouraient le président pour la conférence de presse se trouvaient des ministres MSM qui auront des comptes à rendre et des explications à donner sur les décisions prises par leurs ministères ou les institutions dépendantes alors qu’ils étaient au pouvoir.
On parle, entre autres, du non-renouvellement des équipements au CEB, des millions envolés à la CWA, des contrats accordés vitesse TGV à la Santé, de ceux visés par le cabinet d’avoué de l’ex-ministre de l’Environnement ou alors des nominations effectuées au ministère de l’Éducation. Et nous ne citons qu’une petite partie de la liste des affaires ministérielles à venir. Oui, c’est logique : ce n’est pas pour défendre Jugnauth et Padayachy que la direction du MSM a tenu la conférence de presse de cette semaine, mais pour préparer le terrain pour se présenter d’avance comme les innocentes victimes de la chasse aux sorcières du nouveau gouvernement.
Le soutien « indéfectible » : du mauvais cinéma, bien dans le style du MSM.
Jean-Claude Antoine
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