L’influence de la France dans l’océan Indien

L’actualité à Maurice sera dominée cette semaine par la visite officielle du président de la République française, Emmanuel Macron, prévue vendredi et samedi prochains. Ce sera la première visite officielle d’un chef d’État français à Maurice depuis celle de François Mitterrand en 1990. Il est vrai que le pays a déjà accueilli à plusieurs reprises des personnalités comme Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, mais il s’agissait principalement de visites privées.
Cette visite intervient alors que la situation économique, commerciale et politique internationale est en pleine ébullition et que l’AGOA est fragilisée par les mesures annoncées par le président des États-Unis, Donald Trump, qui a imposé un seuil de 10% de taxe douanière sur les produits importés. Cette situation précède la décision que prendra l’administration américaine à la fin de la pause de 90 jours concernant l’imposition de nouveaux tarifs douaniers, qui pourraient atteindre 40% sur les produits exportés par Maurice vers les États-Unis.
Dans de telles circonstances, les relations avec les partenaires traditionnels comme l’Inde, la Grande-Bretagne, la France et l’Union européenne prennent toute leur importance.
Le président français vient à Maurice à plusieurs titres. En premier lieu, en tant que chef d’État d’un pays avec lequel Maurice entretient un partenariat privilégié sur les plans économique, politique, culturel et social. La France est un pays d’origine pour une partie de la population mauricienne. Elle constitue le premier marché touristique de Maurice et est également la principale pourvoyeuse d’investissements directs étrangers. Plus de 10 000 Français vivent à Maurice, qui compte également plusieurs écoles françaises très prisées par les Mauriciens.
Il sera aussi à Maurice en sa qualité de voisin. Il se trouve que la France est le plus proche voisin de Maurice à travers l’île de La Réunion présentée comme l’île sœur. Le président Macron procédera également à l’ouverture de la commission mixte Maurice-Réunion, qui s’est réunie à plusieurs reprises et dont les activités portent non seulement sur les relations commerciales, mais surtout sur le développement durable. La France est également un partenaire de Maurice au sein de la Commission de l’océan Indien, dont le sommet est prévu à Madagascar le 24 avril. Ce sera l’occasion de passer en revue toute la stratégie en matière de développement et de coopération régionale. Il sera aussi question de thématiques comme le climat, l’économie circulaire, et la gouvernance des océans, en amont de la conférence des Nations unies sur les océans qui se tiendra à Nice en juin prochain. Le président français ne manquera pas de mobiliser les États insulaires de l’Indianocéanie pour l’UNOC, d’autant que ce rendez-vous intervient dix ans après la COP 21, qui avait débouché sur une déclaration française. La sécurité maritime, avec deux centres régionaux de fusion d’informations maritimes à Madagascar et de coordination des opérations en mer aux Seychelles, sera également abordée. On s’attend à ce que le président Macron insiste pour l’intégration de Mayotte dans la Commission de l’océan Indien, une question en discussion depuis plusieurs mois mais qui n’a pas encore fait consensus. Ce sera également l’occasion pour Maurice de faire avancer le projet de l’économie bleue, qui pourrait être un pilier économique majeur pour le pays.
En bref, la visite de Macron sera l’occasion de donner une visibilité internationale non seulement à la Commission de l’océan Indien, mais également à l’État océan et à la plateforme d’investissement vers l’Afrique qu’est la République de Maurice.
À Maurice, les débats relatifs au National Agency For Drug Control Bill, présenté au Parlement cette semaine par le Premier ministre Navin Ramgoolam, retiendront l’attention. Pour ce dernier, ce texte de loi n’est pas uniquement une mesure législative, mais un engagement national et collectif dans le combat contre les trafiquants de stupéfiants. C’est une façon de montrer la détermination inébranlable du gouvernement à lutter contre ce fléau qui cause des dégâts considérables à de nombreuses familles mauriciennes.
Alors que les Mauriciens de foi chrétienne s’apprêtent à célébrer la fête de Pâques demain, nous leur souhaitons Joyeuses Pâques !

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Jean Marc Poché

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