Exportation – MEXA : « Nous sommes face à une crise sans précédent »

–       La baisse des exportations pourrait varier entre Rs 16 milliards et Rs 20 milliards

- Publicité -

–       Effet immédiat : les commandes chutent de 25%

 

- Publicité -

Le ciel s’assombrit pour les exportateurs mauriciens après l’annonce par les États-Unis de nouveaux droits de douane punitifs. Une surtaxe de 40 % sera appliquée sur toutes les importations mauriciennes à destination du marché américain, menaçant une part importante des exportations du pays.

« Mauritius will witness a significant hit to its US exports, falling by US$ 181 million », peut-on lire dans une étude publiée par International Economics Consulting Ltd. Bien que les États-Unis aient déclaré une suspension de 90 jours de l’application des droits de douane, depuis l’annonce des nouveaux tarifs par Washington, c’est la douche froide pour les producteurs locaux, les commandes en provenance des États-Unis ont chuté de 25 %, explique Lilowtee Rajmun-Joosery, Chief Eexcutive Officer de la MEXA.

- Advertisement -

Signe de la gravité de la situation : « le rapport évoque une baisse de USD 181 millions, ce qui équivaut à une chute de quelque 76 % de nos exportations vers les États-Unis. À la MEXA, nous sommes d’accord avec ces chiffres – mais nous pensons que la réalité pourrait être encore plus dramatique. ​Nous sommes face à une crise sans précédent et nous pensons que les exportations pourraient chuter de Rs 16 milliards à Rs 20 milliards », prévient la MEXA.

Cette forte baisse anticipée par la MEXA s’explique par le fait que les exportateurs ne sont pas seulement confrontés à la hausse des tarifs, ils font également face à une perte de compétitivité par rapport à d’autres pays, notamment des producteurs en Asie. « Nos concurrents, même après la période de grâce de 90 jours, continueront à bénéficier de tarifs plus avantageux. Les clients veulent de la certitude, et c’est pour cela qu’ils ont déjà commencé à transférer leurs commandes ailleurs, et que nous avons observé une baisse de 25% des commandes », dit la CEO de MEXA.

D’autre part, la crainte est que la Chine, principal concurrent manufacturier, risque également de réorienter ses exportations vers l’Europe ou l’Afrique du Sud, des marchés importants pour les producteurs mauriciens. Et avec des coûts de production plus élevés, Maurice pourrait être reléguée en queue de peloton.

La situation dans le secteur des exportations se corse davantage avec l’arrêt du Wage Assistance Scheme, qui avait permis à de nombreuses entreprises de survivre face à l’augmentation massive des coûts salariaux initiée par l’ancien gouvernement. « L’année dernière, nous avons connu une hausse des salaires d’environ 40 % avec la révision du salaire minimum, etc. Nous n’aurions pas pu absorber ce choc sans le Wage Support. Mais ce soutien a pris fin en décembre, et aujourd’hui, nous risquons de voir nos coûts de production exploser de 30 % supplémentaires »,  tire la sonnette d’alarme la CEO de la MEXA, au cas où le Wage Support ne serait pas renouvelé.

La MEXA lance donc un appel pressant au gouvernement pour la reconduction du Wage Support Scheme et la relance des négociations commerciales avec les États-Unis. « Si le gouvernement enlève le Wage Support, ce sera la catastrophe. Nous sommes déjà face à une crise de commandes, et nos coûts vont encore grimper », poursuit Lilowtee Rajmun-Joosery.

Par ailleurs, la fin imminente de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), prévue pour le 30 septembre, ne fait qu’ajouter à l’urgence. « Nous devons trouver un accord bilatéral avec les États-Unis pour préserver notre accès préférentiel au marché américain et faire baisser le tarif réciproque de 40 % à 10 %. Certains pays comme le Kenya ont déjà entamé des négociations. Nous devons agir vite », insiste-t-elle.

Pour la MEXA, les solutions existent, mais elles nécessitent une action politique rapide et décisive. « Si nous pouvons obtenir le Wage Support, maintenir certains plans d’aide existants et réussir nos négociations avec les États-Unis, alors oui, nous pouvons nous en sortir. Mais sans cela, nous irons droit dans le mur. L’heure est grave, et le temps presse », dit Lilowtee Rajmun-Joosery, mettant en garde contre le fait que le secteur des exportations joue sa survie.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques