Private Notice Question : Lesjongard en porte à faux avec les deux décès de l’hôpital de Cancer

  • La Speaker au Leader de l’opposition : « It’s a medical issue, not a political issue »

La Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition, Joe Lesjongard, adressée, hier matin, au ministre de la Santé et du Bien-être, Anil Bachoo, était axée sur le décès de deux patients survenus le 9 mars à l’hôpital Victoria, Candos, et le 11 à l’hôpital SAJ, à Flacq, respectivement. Et ce, après qu’ils ont tous deux subi des interventions chirurgicales au New Cancer Hospital. Il a demandé au ministre si une enquête a été initiée et, dans l’affirmative, d’indiquer les conclusions dans chaque cas. Comme une flèche du Parthe, la Speaker de l’Assemblée nationale, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, devait placer le leader de l’opposition dans une position inconfortable sur ce dossier en soulignant que « it’s a medical issue, not a political issue ! »

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Le ministre – après avoir exprimé sa sympathie aux familles endeuillées – a expliqué que les deux patients avaient été référés au Centre national de cancérologie. Il a affirmé être en présence du dossier médical complet des deux patients, ajoutant toutefois qu’il s’agit là de renseignements confidentiels ne pouvant donc pas être divulgués sans l’approbation par écrit des parents de ceux-ci.
Anil Bachoo a informé l’Assemblée nationale que, dans les deux décès en question, des enquêtes préliminaires ont été menées et qu’il n’y aurait aucune preuve de négligence médicale. Néanmoins, s’est-il appesanti, le nouveau comité de négligence médicale examinera les deux cas en vue d’établir si tel est le cas ou non en définitive.

Anil Bachoo a expliqué qu’à sa prise de fonctions en sa qualité de ministre, il avait été noté que 30 cas non résolus de négligence médicale présumée nécessitaient une attention immédiate. 15 cas ont déjà été traités et les deux en particulier soulevés par le leader de l’opposition seront étudiés en temps et lieu. Il a annoncé que les procédures pour l’étude des doléances ont été revues quant au temps même que prenaient les enquêteurs pour mener leur enquête.  Un nouveau Medical Negligence Committee, présidé par Mme Veerapen, Senior Adviser ministère, a été établi.

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Chaque cas de négligence médicale alléguée sera étudié par une équipe instituée par le Regional Health Director d’un autre hôpital pour se pencher sur le problème, et un rapport devrait être soumis dans les 48 heures au Medical Negligence Committee.
Cette instance aura le pouvoir de convoquer tous les officiers concernés, et le plaignant aura à fournir des explications supplémentaires. Le Medical Negligence Committee soumettra son rapport au Senior Secretary du ministère – accompagné de ses recommandations pour de nouvelles mesures dans un délai d’un mois à compter de la réception du rapport préliminaire. Des mesures appropriées conformes aux règlements CFP seront prises au besoin.

Par ailleurs, les directeurs régionaux de la Santé présideront des réunions hebdomadaires sur la mortalité afin d’examiner tous les décès signalés dans les hôpitaux, de déterminer les causes évitables et de remédier aux lacunes dans les soins. Des rapports mensuels seront soumis au directeur des services de santé pour un suivi, et des vérifications cliniques seront mises en place afin de repérer les erreurs en vue de réduire la négligence médicale.
Le ministre Baichoo a indiqué que le New Cancer Hospital dispose de quatre salles d’intervention chirurgicale, mais qu’aucune planification des ressources humaines n’a été effectuée par l’ancien régime avant son entrée en opération en vue de solliciter les services d’un seul chirurgien oncologique.

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Par conséquent, le ministère de la Santé s’est assuré la collaboration d’équipes étrangères, en particulier de l’Inde, pour pratiquer des opérations chirurgicales de cas complexes de cancer. Il n’a pas manqué d’affirmer que le New Cancer Hospital a été inauguré le 8 mai de l’année dernière mais que des équipements étaient encore enfermés dans des pièces.

Après un constat de visu de la situation, Anil Bachoo a dit avoir donné des instructions pour que tous les équipements soient installés et que les interventions chirurgicales soient effectuées correctement. À ce jour, il y a eu 62 opérations concernant le cancer. Au 7 février dernier, 12 interventions avaient été réalisées par des chirurgiens étrangers, et 50 par des équipes locales. « Malheureusement, il y a eu deux décès », a-t-il compati.
D’autre part, le ministre a avancé que le cancer du pancréas a malheureusement un taux de mortalité élevé. La survie moyenne est souvent de 6 à 12 mois, ou moins, sans traitement. La réponse à la chimiothérapie et à la radiothérapie est limitée par rapport à d’autres cancers. Le taux de survie global est inférieur à 10 %. Pour cholangiocarcinome, une autre forme de cancer, la survie moyenne est de 6 à 12 mois. Selon la réponse à la chimiothérapie, le taux de survie est inférieur à 5 %.

Le ministre a finalement remercié l’équipe médicale du New National Cancer Hospital – qui comprend également des chirurgiens indiens qui sont intervenus malgré tous les risques encourus dans des cas complexes.

Lesjongard : Puis-je demander au ministre de confirmer si l’ICU (Intensive Care Unit) est opérationnelle au National Cancer Hospital ou si les patients, après avoir subi des interventions chirurgicales, doivent être transférés dans d’autres hôpitaux pour le suivi post-opératoire ?

Bachoo : It’s a fact. Nous n’avons pas d’unité de soins intensifs à l’heure actuelle au nouvel hôpital de cancérologie. Cela aurait dû être aménagé avant même d’ouvrir l’hôpital. Rien n’a été fait.
Par ailleurs, des centaines de personnes et des centaines de patients font la queue pour recevoir de tels traitements. Et il est impossible pour un gouvernement d’envoyer tous ces patients atteints de cancer en Inde pour des traitements. C’est la raison pour laquelle nous avons commencé de pratique ces interventions chirurgicales, en gardant à l’esprit qu’au SAJ Hospital à Flacq, nous avons une unité de soins intensifs moderne et complexe où les patients sont envoyés, ainsi qu’à l’hôpital Victoria. C’est un fait.
Tout le monde devrait comprendre que l’hôpital avait été inauguré en fanfare. Mais en fait, il n’y avait rien, pas le moindre spécialiste ou équipement qui avait été mis à contribution. C’est grâce au nouveau gouvernement, au Premier ministre et au Deputy Prime Minister que l’hôpital est opérationnel aujourd’hui.

Lesjongard : Est-il d’accord que cette procédure est non seulement problématique, voire mais qu’elle est dangereuse avec des conséquences catastrophiques ?

Bachoo : Madame la Présidente, il y a eu 62 opérations chirurgicales oncologiques; malheureusement, comme je vous l’ai dit, il y a eu deux décès. Qu’aurait dû faire le gouvernement ? Nous n’avons pas d’unité de soins intensifs au New Cancer Hospital. Dans les mois à venir, nous aurons une unité de soins intensifs moderne au sein de cet hôpital. Il n’y avait pas d’autre choix que de démarrer les interventions chirurgicales. Je ne peux laisser des patients mourir sans recevoir des soins.

Le leader de l’opposition a insisté, souhaitant connaître la raison pour laquelle le patient TS a été transporté à l’hôpital de Flacq, qui est à 45 minutes de l’hôpital cancérologique et l’exposer ainsi, avance-t-il, à des complications mortelles. Alors que Joe Lesjongard mettait l’accent sur l’absence d’une ICU au New Cancer Hospital, Anil Bachoo a rétorqué que l’ancien gouvernement avait laissé une ardoise de Rs 2,2 milliards sur le plan de la santé. « Comment pouvez-vous vous attendre à un démarrage du jour au lendemain avec une nouvelle unité de soins intensifs ? », s’est-il interrogé dans ce contexte.

À d’autres questions du leader de l’opposition, le ministre de la Santé lui a demandé de ne pas se lancer dans des accusations gratuites contre les médecins étrangers qui ont accepté de venir en aide à Maurice. Ces derniers, indique Anil Bachoo, n’ont réclamé que leurs frais de voyage et de logement lors de leur passage à Maurice. « Nous devons être reconnaissants envers les chirurgiens qui sont venus de la Grande Péninsule et être redevables », avance le ministre.

À une interpellation supplémentaire du leader de l’opposition quant à si le ministre comptait déposer certains documents justificatifs de ses dires à l’Assemblée nationale, le ministre a répondu qu’il allait consulter le State Law Office à ce sujet.
Dans le sillage d’autres questions successives, Anil Bachoo a expliqué qu’il n’a rien contre les médecins qui viennent volontairement, pour la plupart, accomplir des opérations chirurgicales à Maurice et qu’il ne faut pas les dissuader de venir dans l’île.

Pour sa part, le leader de l’opposition a demandé l’institution d’une commission d’enquête, présidée par une personne indépendante pour examiner le cas des deux décès. Le ministre de la Santé, lui, a trouvé étrange qu’une question en particulier ait été posée alors que l’ancien gouvernement avait refusé de le faire pour des cas encore plus graves. Anil Bachoo a indiqué qu’il dispose d’un rapport intérimaire et que le comité responsable de négligence médicale se penchera sur la question.

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