Pénurie et Cherté des Médicaments : Les années passent mais la galère des malades n’en finit toujours pas !

C’est toujours la galère pour se procurer à juste prix son médicament. Selon des estimations, une centaine de produits pharmaceutiques manquent encore sur les étagères des pharmacies en ville comme à la campagne. Et ces produits indisponibles à la vente concernent une dizaine de spécialités médicales. Parmi, des produits pour le traitement de troubles gynécologiques, cardiaques ou encore des médicaments contre le diabète ou l’hypertension.

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Les années et les gouvernements passent, mais la pénurie et la cherté des médicaments perdurent ! Un phénomène qui remonte aussi loin que depuis le temps du premier confinement en pleine pandémie de Covid-19. Dans les pays d’origine, notamment, en Europe et en Asie, toutes les étapes de production des médicaments avaient, alors, été complètement chamboulées.

Comme pour corser la situation, le système global de distribution des produits pharmaceutiques avait tout autant été perturbé. Avec, pour conséquence directe, une montée en flèche des tarifs de fret aérien et maritime. Alors que déjà, devenant de plus en plus difficiles à trouver, les prix des principes actifs et autres excipients qui entrent dans la production des médicaments avaient pris l’ascenseur.

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C’est ainsi qu’à Maurice, les prix des produits pharmaceutiques, dont ceux d’utilité courante pour le traitement de maladies rependues telles le diabète, l’hypertension ou les maladies cardiaques, prenaient l’ascenseur ou, pire encore, disparaissaient des étagères des pharmacies. Dans certains cas, ces hausses de prix atteignaient jusqu’à 60% de leur coût d’avant Covid.

Si bien que suivant les vives protestations des malades consommateurs de médicaments, la Competition Commission lançait une étude minutieuse du lucratif marché des médicaments évalué à quelque Rs 5 milliards annuellement. C’est ainsi qu’en mai 2023, un nouveau mode de calcul de la marge maximale de profits autorisée sur les médicaments était adopté.

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Il s’agissait alors de l’adoption du fameux Regressive Maximum Mark-Up que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande à ses États membres d’adopter dans le but déclaré de « rendre les produits pharmaceutiques plus accessibles au plus grand nombre de malades ». Mais pourquoi alors les prix au détail des médicaments — quand ils sont disponibles en pharmacies — demeurent encore malgré tout très chers ?
Suttyhudeo Tengur de l’Association Pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (APEC) accuse à ce propos les pharmaciens de faire preuve « d’opacité » par rapport à la structure des prix qu’ils paient à l’importation. Selon lui, les importateurs doivent rendre publics les coûts d’origine à l’importation, les coûts du fret et ceux de la prime d’assurances.

Des pharmaciens qui ne font pas partie du groupe restreint des grosses sociétés importatrices de médicaments qui ont l’exclusivité de la représentation des produits de marque des grands laboratoires suggèrent ainsi à travers l’importation parallèle une forme de libéralisation de l’importation des médicaments. Ce qui, selon eux, à travers la logique de la concurrence, ferait baisser les prix des médicaments à l’avantage des malades consommateurs.

Une suggestion qui, pour séduisante qu’elle puisse paraître, n’est pas sans risque. L’importation parallèle pose en effet, par exemple, le problème de la traçabilité du produit en cas d’incident avec un médicament. Sans parler des risques tout autant réels d’arrivée sur le marché de médicaments contrefaits ou de faux médicaments…

S’il est lui aussi pour le principe de « briser les monopoles », M. Tengur suggère plutôt que ce soit l’État à travers, par exemple, la State Trading Corporation (STC) ou un nouvel organisme public qui s’embarque dans l’importation de médicaments. « Cela pourrait se faire sur une base de gouvernement à gouvernement », d’après lui. L’animateur de l’APEC rappelle comment, par exemple, durant la crise Covid, l’entrée de la STC dans le commerce de l’huile de cuisson a vite permis de stabiliser les prix.

Il cite en exemple des pays européens gros producteurs de médicaments de qualité tels la France, l’Allemagne ou le Portugal ou encore l’Afrique du Sud avec lesquels le gouvernement mauricien devrait négocier des accords « government to government » pour l’achat à meilleurs prix de produits pharmaceutiques de premier choix. « Pour cela, faut-il encore que nos ambassadeurs et leurs personnels cessent une fois pour toutes de faire comme s’ils étaient en vacances et commencent sérieusement à travailler pour le bien du pays ! » lance-t-il.

Pour M. Tengur, il ne suffit pas que le ministre du Commerce et de la Protection des Consommateurs se contente d’annoncer l’imposition d’une marge maximale de profits sur des produits parapharmaceutiques comme les shampooings, les savonnettes ou les crèmes solaires. « Les malades consommateurs de médicaments méritent bien plus que ça ! » fait valoir l’animateur de l’APEC.

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